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Chez Stéphane Mallarmé, à Vulaines
À partir de 1874, Mallarmé (1842-1898) loua deux pièces au premier étage d’une ancienne auberge de bateliers au lieu-dit l’Isle de Cayenne dans le hameau de Valvins.
Il devait partager les lieux avec d’autres locataires, ce qui ne se faisait sans doute pas sans heurts, ainsi qu’en témoigne une inscription gravée sur le mur des toilettes situées dans le jardin :
« Toi qui soulages ta tripe
Tu peux dans ce gîte obscur
Chanter ou fumer ta pipe
Sans mettre les doigts au mur »
Mallarmé loua ensuite deux pièces supplémentaires puis s’installa définitivement en 1896 et c’est là qu’il mourut en 1898. Sa fille Geneviève, épouse du Dr Bonniot, acheta la maison. En 1985, le département de Seine-et-Marne racheta la maison aux héritiers pour en faire ce musée.
L’adresse qu’en donnait Mallarmé était :
« Monsieur Mallarmé. Le Pervers
À nous fuir par les bois s’acharne,
Ô Poste suis sa trace vers
Valvins, par Avon Seine-et-Marne »
Le jardin est joli et bien entretenu :
Samedi, nous nous étions donc inscrits pour l’animation du jour « jeu de piste ». Comme il n’y avait pas d’autres participants, nous avons fait deux équipes : Marie et Guy, Tom et moi. Marie et Guy ont terminé bien avant nous mais nous, nous avons tout lu, fait tous les jeux proposés dans les salles même s’ils ne faisaient pas partie de notre jeu de piste, et Tom a grimpé aux arbres, sur les pierres, sur les troncs…
Notre première épreuve consistait à aller chercher le livret de jeu caché dans le jardin cultivé autrefois par Mallarmé et sa fille Geneviève (maintenant c’est Grégory qui s’en occupe). Mallarmé disait « Tous les matins je me promène avec le sécateur et fais leur toilette avant la mienne ».
Mais notre enveloppe était cachée non parmi les fleurs, ni sous les pommiers, ni près du pressoir (là se trouvait l’enveloppe de Marie), mais dans le potager, que Tom a reconnu, tout au fond du jardin, grâce aux tuteurs des tomates. Elle était là sous les artichauts. Le livret nous demandait d’aller dans la première pièce du musée.
« Je me trouve dans la pièce. Les femmes m’agitent pour se rafraîchir quand il fait chaud. Qui suis-je ? ». Facile ! Sur cet éventail appartenant à Geneviève, Mallarmé avait écrit un poème dont voici une strophe :
O (Ô) rêveuse, pour que je plonge
Au pur délice sans chemin,
Sache, par un subtil mensonge,
Garder mon aile dans la (ta ?) main »
Tom a reconstitué le puzzle de l’éventail.
On nous avait demandé de bien regarder tous les objets dans la salle, nous avons regardé la tenue de professeur de Mallarmé, la maquette de son canot mais nous n’avons pas lu le nom du bateau : « la yole à jamais littéraire ». Une question nous a été demandée plus tard dans le jeu, il fallait dire le nom du bateau. Tom a dû remonter dans la salle pour le lire.
Dans la chambre de Mesdames Mallarmé, il y avait un lit, une robe telle qu’on en portait à l’époque, un tableau de Paule Gobillard, fille de la sœur de Berthe Morisot et donc cousine de Julie Manet, fille d’Eugène Manet et Berthe Morisot et nièce d’Edouard Manet.
Dans la salle à manger, une devinette : « Je suis petite et fleurie. On dit que je suis toujours en retard pourtant je sonne toujours à l’heure. Qui suis-je ? ». La magnifique pendule de Saxe trône sur la cheminée. Mallarmé disait, à propos d’elle : « Cette pendule de Saxe, qui retarde et sonne treize heures parmi ses fleurs et ses dieux, à qui a-t-elle été ? Pense qu’elle est venue de Saxe par les longues diligences autrefois ».
Une autre devinette, à propos d’un pot à tabac en porcelaine sur la table ronde, évoquait les soirées littéraires de Mallarmé qui recevait dans son appartement parisien de la rue de Rome ses amis Manet, Nadar, Ravel, Huysmans, Verlaine, Paul Claudel, Debussy, Gide, Oscar… La table a été rapportée de Paris après la mort de Mallarmé.
Nous passons ensuite dans le cabinet japonais où trône ce « cabinet » japonais, meuble à secrets. Mallarmé a demandé que les textes qui s’y trouvaient soient détruits après sa mort.
Dans la pièce grise, une étagère renfermait des livres en anglais (Poe, Stevenson qui a vécu dans la région, à Barbizon), ce qui nous a permis de trouver la profession de Mallarmé : prof d’anglais. C’est Mallarmé lui-même qui a peint l’étagère et son lit. Il a également verni sa yole.
Sur le palier, se trouve une sculpture offerte par Gauguin (Mallarmé l’avait aidé à financer son voyage à Tahiti) en hommage à « l’après-midi d’un faune », poème de Mallarmé dont Debussy s’inspira. Mallarmé surnommait la sculpture « la bûche ». À cet endroit, se cachait une autre enveloppe qui nous demandait d’aller à l’ endroit « …. planté jadis par les mains d’une enfant, j’ai vu défiler tant d’années. C’est à l’abri de mon feuillage que se déroulaient les repas durant les longues journées d’été devant là ».
Avant d’y aller, nous avons regardé les cartes postales à l’accueil : le mot à découvrir était « châle », celui que Mallarmé portait sur la photographie prise par Nadar.
L’enveloppe sous le marronnier nous disait : « Tous les soirs, chaussé de sabots en bois, une lanterne à la main, Mallarmé longeait le chemin à droite qui conduisait chez ses amis, les Natanson pour partager un repas avec Misia. Ils habitaient La Grangette. Cherche en face. ». Thadée Natanson était directeur de « la revue blanche » et sa femme Misia était considérée comme l’une des plus belles femmes de Paris.
Nous trouvons donc une nouvelle enveloppe, cachée derrière une voiture et on nous demande de trouver une bouteille cachée dans un arbre. Le message évoque le pont de Valvins, construit en 1845, bombardé en 1870, 1940, 1944. Celui que nous voyons maintenant existe depuis 1977.
On nous demande de retourner vers la Grangette, et d’aller jusqu’au poteau électrique 7709810. C’est loin mais nous y arrivons, trouvons une autre enveloppe qui contient une photo de train de bateaux (le trafic était important sur la Seine à cette époque).
Nous retournons vers le musée, il nous reste quelques questions, nous trouvons la phrase mystère et recevons en cadeau un poème de Mallarmé : « le bachot privé d’avirons ». (1892)
– Mallarmé in Lettre à Paul Nadar
Le bachot privé d’avirons
Dort au pieu qui le cadenasse –
Sur l’onde nous ne nous mirons
Encore pour lever la nasseLe fleuve sans autres émois
Que l’aube bleue avec paresse
Coule de Valvins à Samois
Frigidement sous la caresseCe brusque mouvement pareil
A secouer de quelque épaule
La charge obscure du sommeil
Que tout seul essaierait un sauleEst Paul Nadar debout et vert
Jetant l’épervier grand ouvertBelle journée !
Nous nous sommes inscrits pour un jeu de rôle en août « Meurtre au musée ». Pour l’instant nous ne sommes que 4, il faut être 8 !
Lors de notre visite fin mars, le jardin avait un autre aspect :
le site du musée : clic !
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Commentaires
Encore un bien beau lieu de visite à retenir... Merci Monique ( moi aussi je vais la toilette du jardin avant la mienne, le sécateur à la main ! j'en viens !)
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Vous êtes de chouettes grand-parents, apprendre en s'amusant, rien de mieux ...
Bisous bisous - grand soleil et chaleur ce matin, déjà 24°