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Par bluesy le 26 Avril 2023 à 16:29
L’église est ouverte tous les jours du 15 mars au 1 janvier de 9 h à 19 h (17 h en basse saison)
En 1982, sous sept couches de badigeon, on découvrit 200 m² de peintures murales dans l’église. Une minute de notaire de 1743 indique que les ouvriers Guérin et Périgot, mandatés par le curé Berger, ont recouvert les murs d’un badigeon à la colle.
Les peintures murales ont été restaurées de 1984 à 1996 par Hisao Takahashi, spécialiste des fresques romanes.
Au Moyen-âge, l’église était rattachée à un monastère construit au début VIII è siècle pour accueillir les pèlerins irlandais se rendant à Rome. Il ne reste pas grand-chose de ce monastère.
L’église daterait du XI è siècle, la partie la plus ancienne étant la nef. Le narthex à claire-voie a été ajouté au XIII è siècle, le chœur et les chapelles au XV è. C’est dans le narthex que se tenaient les réunions de village et où on distribuait les aumônes (les « michottes », petites miches de pain).
Les peintures murales datent de plusieurs époques : romanes au mur nord, au revers de façade et une partie du mur sud, gothiques au mur sud.
le mur nord :
Sur le mur nord, les peintures ont été réalisées vers 1150. Certains traits noirs ont disparu (peut-être mis à la fin sur de l’enduit sec donc moins résistants), les couleurs (ocre, rouge foncé, bleu, noir) sont parfois estompées et certaines parties sont dégradées.
Les spécialistes pensent que ces peintures ont été réalisées « a fresco » (on parle alors de fresques). Trois enduits à la chaux sont déposés sur le mur et on applique les pigments mélangés à du lait de chaux sur la dernière couche encore humide. Les peintures sont plus résistantes que quand elles sont posées sur enduit sec (elles sont protégées par le carbonate de calcium qui provient de réarrangement de la chaux hydroxylée avec le gaz carbonique de l’air, cette réaction chimique se fait sur des dizaines d’années voire des siècles), mais plus difficiles à faire car elles n’autorisent pas la correction (au contraire des peintures sur enduit sec). C’est un peu comme l’aquarelle et la peinture à l’huile.
1 – Annonciation, l’ange Gabriel et Marie2 -Visitation. On ne voit que les têtes des deux femmes, Marie et Élisabeth. La scène est cachée par les poutres.
3 – Nativité (Joseph, songeur, à droite). Une lanterne remplace l’étoile.
Joseph :
4 – Annonce aux bergers. Ange à gauche.
5 – Le Christ montre ses plaies dans une mandorle cruciforme. Il est entouré de musiciens et d’anges portant les instruments de la passion (à droite la couronne d’épines et les clous). À gauche Marie avec une auréole, à droite Jean.
la couronne d'épines et les clous :
6 – cadre du XV è siècle qui formait triptyque : à droite la donatrice (peut-être Huguette de Corvol, mariée en 1424 à Perrinet Gressard), à genoux devant la Vierge (?) , à gauche la sainte patronne de la donatrice, avec une palme.
Sur le mur sud, les couches, romane et gothique, se superposent parfois. D’où le dilemme : quelle couche conserver ? Les spécialistes ont choisi de conserver les deux : on a gardé la partie romane de la travée de droite, les autres sont gothiques. Elles se chevauchent donc au numéro 11.
Sur le mur sud, on lit les images de haut en bas et de droite à gauche.
Tout en haut :
une procession :
1 - bande décorative
2 – la procession : de gauche à droite : un notable, une femme qui porte un cierge et un pot. Elle semble surprise, sa bougie s’est peut-être allumée toute seule. On disait que les pèlerins s’approchant à 20 pas de l’église du couvent (brûlée pendant les guerres de religion) voyaient leur cierge s’allumer tout seul : présence de phosphore pour simuler un miracle ? Viennent ensuite un joueur de biniou, un homme avec une pelle, un paysan
Au registre du milieu, de gauche à droite : la Genèse
3 – naissance d’Ève, elle sort du thorax d’Adam
4 – le jardin d’Éden
5 – Ève et le serpent
6 – Adam croque la pomme
7 – Adam et Ève chassés du paradis terrestre
8 – Adam et Ève travaillant
9 – Adam et Ève et leurs deux enfants
10 – l’offrande de Caïn et d’Abel
11 – Meurtre d’Abel
La scène est en partie perdue car elle se chevauche avec le décor roman qu’on a choisi de conserver car en meilleur état que le meurtre d’Abel.
12 – décor roman : trois grands personnages couronnés (des hommes ? Des femmes ? Des rois carolingiens ou capétiens?), ils sont entourés à gauche par des anges thuriféraires (porteurs d’encensoirs) à genous, au milieu par des anges céliféraires (porteurs de cierges) et par droite par deux saints hommes auréolés et portant une torche.
13 : décor roman : dragon ailé, aux grandes oreilles grises et crachant des flammes, chevauché par un homme tenant une masse d’armes.
Pour M. Mourot, cette scène représente la Sainte Trinité : à gauche le Père, au centre Jésus, à droite le Saint-Esprit. L’animal fabuleux représente le Mal.
Pour Sophie-Sarah Gasnier « les peintures murales de Moutiers, Archéologia 308, 02-1995, p 34-41) ce sont les trois rois d’Israël : Saül, David(aboutit au Christ) et Salomon..
Ou encore des références à l’Apocalypse ? Avec la libération de cavaliers maléfiques chevauchant des chevaux à queue de serpent et à tête de lion et crachant du feu, de la fumée et du soufre (verset 17)
au registre inférieur :
14 – début du cycle de Saint Jean : Zacharie et l’ange Gabriel
15 – Élizabeth et Zacharie
16 - Visitation
17 – Naissance de Saint Jean
18 – scène non identifiable
19 – Saint Jean prêchant dans le désert
20 – Baptême du Christ Par aspersion ? Par immersion ?
21 – Dernier prêche de Saint Jean
22 le déluge : à gauche Noé ferme les volets, sa barbe est bien taillée mais il est inquiet. Les eaux montent, les hommes se noient. La colombe revient : à sa fenêtre, Noé a la barbe hirsute mais semble heureux ; ses fils sortent par la porte.
les hommes se noient
la colombe revient. Noë est heureux
Revers de la façade :
Selon Michel Mourot, la scène représente la rencontre du roi Salomon (en manteau somptueux) et de la reine de Saba. Salomon est couronné et reçoit du vin dans une coupe et la reine de Saba verse du miel.
Selon une autre spécialiste, le personnage de gauche serait Jésus qui donne son sang
Le personnage de gauche serait Jésus, représenté sous forme d’un chevalier (le cheval a disparu , le treillis serait l’armure), qui donne son sang (le trait rouge représenterait le sang).Selon Sophie-Sarah Gasnier, cette femme pourrait être une reine représentant l’Église qui recueille le sang du Christ.
Le chœur et les chapelles absidiales conservent des peintures des XVII et XVIII ième siècle.Chapelle nord : trois saints ayant chacun à leurs pieds un donateur
à gauche : Saint Mathurin, la femme à genoux serait Théodora qu’il avait exorcisée
au milieu Saint Edme, archevêque de Canterbury qui avait séjourné dans la région
à droite Saint Fiacre avec un livre et une bêche
mur nord du chœur :
inscription de François Paumier datée de 1597
La lapidation de saint Étienne : Cette scène a été réalisée au début du XVIème siècle. St Étienne reçoit une pierre sur le visage lancée par l’un des bourreaux.Un enfant entre les jambes d’un des deux bourreaux ramasse les pierres dans un panier.
Un moine en arrière-plan sur la gauche prie. Il est horrifié par cet acte.
Dieu tout en haut du dessin semble réprobateurEn dessous, des peintures abîmées : des personnages vêtus de noir, une vierge assise portant un corps (Vierge à l’enfant ou Piéta?), un Christ portant un roseau.
Mur du chevet :
à gauche, Assomption de la Vierge, avec un donateur et le saint patron de ce donateur.
À droite, une Crucifixion avec Marie et saint Jean Marie Madeleine qui embrasse le pied de la croix, un vase de parfum posé devant elle. Son costume est celui de la fin du XVI è.
Au-dessus de la verrière, Sainte Barbe devant sa tour. À droite une femme présente un plat à un homme.
Dans l’église, on peut acheter le livret « Moutiers-en-Puisaye, son histoire, ses peintures murales » de René et Suzanne Pélissier. Je m’en suis beaucoup servie pour écrire cet article.
À côté de l’église, se trouve une fontaine dédiée au moine Raoul Glaber (985-1047 environ). C’était un moine bénédictin de l’abbaye de Cluny qui est également venu au monastère de Moutiers. Il a décrit la France de son époque, qui vivait dans les terreurs de l’an mil. Il raconte notamment qu’il a vu le diable à trois reprises : « Une nuit se dresse devanat moi une sorte de monstre terrible à voir. De petite taille, il avait le cou grêle, le visage maigre, des yeux très noirs, le front rugueux et ridé, les narines pincées, la bouche énorme, les lèvres gonflées, le menton fuyant, une barbe de bouc, des oreilles velues et pointues, les cheveux hérissés et des dents de chien, le crâne aplati, la poitrine gonflée, le dos bossu. » Excès de mysticisme ? Abus du vin (c’était un bon vivant) ? Visions peut-être dues aux fièvres fréquentes car les marécages arrivaient jusqu’aux murs du monastère (ils ont perduré jusqu’au XIX è). Les superstitions étaient importantes dans la région : dame blanche, loups-garous. Colette y fait d’ailleurs allusion « Si tu respires ces vapeurs, un frisson te saisira et toute la nuit tes songes seront fous. »
Le sculpteur Jean-Michel Doix s’est servi de cette description pour construire la statue de la fontaine. La statue a été émaillée selon la technique traditionnelle « au laitier » qui date du XVII è siècle par utilisation des résidus de fonderie romains .
Pour lire les textes de Raoul Glaber : CLIC
À côté de la fontaine, se trouve la souche du vieux chêne de la Liberté planté en 1872 et dont voici l’histoire :
On peut lire :
"En 1872, les rescapés de cette insurrection poyaudine plantèrent à Moutiers un chêne de la Liberté, célébrant l'avènement de la IIIe République. Agé déjà de 20 ans, cet arbre arriva sur la place de la Mairie tiré par 6 boeufs parés et enrubannés. La population en liesse jeta dans le trou des pièces de monnaie, de l'avoine et arrosa les racines de vin et l'on dansa des heures autour du chêne de la Liberté.
Toujours en place, sur la place de la Mairie, le chêne a aujourd'hui 130 ans (année de parution du journal inconnue) et se porte comme un charme. Jugez de ses dimensions : 4 m de pourtour à hauteur d'homme, 8 à 10 m de fût jusqu'aux branches dont la ramure s'étend sur un diamètre d'au moins 25 m. D'une vigueur exceptionnelle sans doute grâce du vin qui l'a abreuvé, ce chêne fait encore la joie des Moustériens chaque 14 juillet où l'on va célébrer la fête autour de son symbole".
2 commentaires -
Par bluesy le 23 Août 2022 à 14:01
Beaucoup de ces créateurs sont des personnes qui ont travaillé très tôt. Il leur a manqué pendant leur enfance le temps de jouer et, devenus adultes, retraités, ils ont trouvé le temps de se "venger" en faisant exploser les couleurs dans leurs œuvres.
Au rez-de-chaussée du musée, dans un long couloir, les œuvres sont exposées sur les murs ou dans des niches. Par ci, par là, on monte quelques marches pour accéder à de petites salles. Il y a deux étages.
Giovanni Podesta a commencé à peindre des acryliques sur toiles puis sur les meubles de sa salle-à-manger. Il était très inspiré par l’art religieux et l’art populaire italien. Il allait aux enterrements avec un manteau et un chapeau bariolés et couverts d’étiquettes colorées.
À noter que quelques-unes de ses figurines sont exposées dans l'escalier du Cyclop de Tinguely à Milly-la-Forêt.
Simone Lecarré-Galimard. Petite fille elle vivait dans un milieu religieux très strict où les jouets étaient interdits et elle était habillée de noir. Beaucoup plus tard, elle commença à créer des collages, des montages avec des objets qu’elle récupérait aux puces ou dans les poubelles, morceaux de poupées, bouchons, cannettes, boutons, ficelles. C’est à ce moment-là qu’elle a pu vivre sa jeunesse.
Michèles Burles
Marie-Rose Lortet. Ses portraits sont tricotés, cousus, brodés de fils de couleur. Au dernier étage, dans le salon noir, se trouve une magnifique sculpture de fils blancs, tout en transparence, empesée à l’au sucrée.
André Robillard. Il eut un début de vie difficile. Placé à l’école annexe de l’hôpital psychiatrique de Fleury-les-Aubrais il y a ensuite travaillé comme ouvrier. Il a créé son premier fusil « pour tuer la misère » puis des spoutniks, des objets spatiaux. Il a actuellement 90 ans.
Antonio Berni (Argentin). Il inventa deux personnages, Juanito Laguna, enfant des bidonvilles qui vit de déchets des décharges publiques, et Ramona Montiel « prostituée au grand cœur ». Sur ce tableau, il mêle la vie des bidonvilles et la société capitaliste symbolisée par le coca cola., Ses assemblages et collages sont faits à partir de la société de consommation.
Jephan de Villiers. À l’âge de 14 ans, il commença à ramasser des feuilles mortes, des brindilles, des écorces pour en faire des personnages fantomatiques et des villages.
Syvette Galmiche réalise de superbes peintures à l’aiguille qu’elle crée au fur et à mesure de l’inspiration. Elle ne dessine pas elle laisse son aiguille aller et venir.
Alain Bourbonnais . Les sculptures exposées dans cette salle sont gigantesques et truculentes. Bourbonnais lui-même. Ce sont des sculptures de fête, de carnaval. La plus grande c'est la reine Célestine dont le ventre s'ouvre pour pouvoir la promener lors de carnavals. Les sculptures sont faites pour bouger. Si on n’a pas de visite guidée, il ne faut pas hésiter à demander à un médiateur de les manipuler devant vous.
Francis Marshall J'ai été très impressionnée par la chambre des poupées ficelées. Né en 1946 dans l'ancienne Seine-et-Oise, Francis Marshall est ensuite allé en Normandie. Il était instituteur.
Il a créé ses personnages avec des bois flottés et surtout avec des ballots de chiffons ficelés. Le personnage principal, c'est Mauricette, petite fille qui n'a pas le droit de parler à table, à l'école .... Les ficelles symbolisent les interdits... l Elle est libre trois fois : mariage, sa première fois, à la plage
Francis Marshall dit : (extrait du numéro 5 de la Fabuloserie qui lui est consacré ) : « Pourquoi Mauricette ? je crois que j'ai eu envie de raconter l'histoire d'une petite fille et pas d'un garçon. La petite fille subit davantage, le petit garçon ça deviendra un petit homme, il aura un certain nombre de privilèges, alors que la petite fille subit vraiment. »
Les poupées sont des collants rembourrés de paille, portent parfois des inscriptions.
Zoologie. Ce con d’Albert il est tout vert. La grosse lulu une fille perdue. Le petit Léon est un cochon.
Bonjour Madame
enfant faisant l'avion à Huancayo au Pérou
La soupe
C'est sombre, c'est noir, ça fait presque peur, mais l'histoire de cette petite Mauricette m'a beaucoup émue.
Ronaldo Eickenberger (argentin). Sa mère était de Bavière, où on aime le baroque. Iul a appris à coudre en regardant la couturière qui venait coudre chez eux.
plaques de camions afghans
Nous montons quelques marches pour arriver dans le grenier, dil est divisé en deux parties : le grenier blanc et le genier noir.
Nous commençons par le grenier blanc.
Pascal Verbena. À partir de bois flottés, il a créé des sculptures avec des tiroirs à secrets un peu partout. La poule pond, les oeufs tombent dans la cachette, le coq chante, le fermier se réveille.
(dans la vidéo ci-dessous, le guide montre le fonctionnement des objets)
Emile Ratier.
Sabotier de métier, il crée des machines, à couper les topinambours, ouvrir des châtaignes. Quand il devient aveugle, il crée des objets à base de matériaux de récupération. Le bruit des mécanismes est important. Les animaux n'ont pas d'yeux, comme lui.
Jano Pesset et Loli. Jano Pesset crée ses assemblages en bois de lierre et de noisetier, teinté ou peint. Saon épouse Loli, d’origine espagnole, crée des broderies qui racontent des histoires.
Paul Amar crée des tableaux à partir de coquillages. Il en consomme beaucoup pour disposer d’un stock important. Certains tableaux s’illument, jouent de la musique, s’animent. Cet aquarium contient 150 poissons en coquillages, coraux, peints au vernis à ongles ou à l’acrylique, accrochés par des fils de fer pour donner l’effet flottant. Il a passé trois ans, soit 4200 h, à créer ce tableau.
le veau d'or adoré
grenier noir
Mario Chichoro. Peintre et sculpteur d’origine portugaise.
Jill Galliena. Son travail tourne autour des poupées, petites ou grandes, seules ou en groupes.
Derrière la poupée : Elle réalise aussi des œuvres qui sont des prières à Sainte Rita, cousues puis lavées de manière à ce que le contenu soit à à jamais incompréhensible.
les autres espaces du musée :
le jardin : CLIC
le manège de Petit Pierre : Clic
une vidéo qui récapitule tous les espaces du musée :
1 commentaire -
Par bluesy le 6 Août 2022 à 18:40
À Saints-en-Puisaye, tout près de Saint-Sauveur-en-Puisaye, nous avons pris une chambre d'hôtes au Vieux Saule.
La chambre Voyage est située au premier étage. Elle n'est pas très grande mais elle donne droit à un grand salon à partager avec une autre chambre et à la petite cuisine (au rez-de-chaussée) où l'on peut pique-niquer. La bibliothèque du salon offre des livres de toutes sortes. J'en ai profité pour lire "L'homme qui marche", de Jiro Taniguchi.
Nous avons pris un très bon repas à la table d'hôtes le vendredi soir.
On peut garer la voiture dans le jardin.
Une adresse à recommander, d'autant que Pierre et Alain sont très accueillants.
salle à manger pour le petit déj
coin cuisine
c'est toujours agréable quand il y a un chat dans la maison
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Par bluesy le 6 Août 2022 à 17:08
Le musée de la Fabuloserie a été créé par Alain Bourbonnais. Ce musée se trouve près de Joigny. L'accueil est très sympathique : ouvert pour les groupes en semaine mais pour tous , l'après-midi en été. Entrée et visite guidée de 2 heures : 8 euros (à partir de 10) ou 10 €. Si vous voulez vous restaurer avant, je vous recommande "Chez Lucie", là aussi accueil sympa, service rapide, repas de base pour 14,50 euros : entrée, plat, fromage (+4€) , dessert, vin et café...
L’attraction principale est le Manège de Petit Pierre. Ce garçon vacher né en 1909 et mort en 1992 était l'objet de moqueries car il était difforme, borgne, sourd et muet de naissance et atteint de la maladie de Franceschetti-Klein (malformations du visage). De 1935 à 1958, Il se mit à créer des objets avec des matériaux de récupération mais son œuvre magistrale c'est le manège, tout est en mouvement.
Il a bien sûr représenté les scènes de la campagne : le fermier qui trait les vaches, les danseurs qui valsent (Pierre valse avec sa vache car les filles ne voulaient pas de lui). On ne peut pas rater le fermier boit son verre de vin car c’est indiqué « Regarde bien l’homme qui boit son verre de vin ». Vous vous approchez et vous recevez le verre d’eau au visage.
On voit aussi des souvenirs de ses visites à Paris (il allait voir son frère, ingénieur en aéronautique) : le Moulin Rouge, la Tour Eiffel (23 m), le métro aérien, les avions qui volent
Il a aussi représenté l'aérotrain de Jean Bertin (prototype créé en 1970 et n'a jamais servi, il reste quelques rails près d’Artenay et de Saran)
Pierre Avezard habitait la ferme de la Coinche , commune de St Denis-de-l'hôtel, près d'Orléans. Le dimanche, il laissait les gens entrer gratuitement dans son manège. Quand Guy était petit, il habitait tout près de là et il allait souvent voir le manège. Évidemment les gamins se mettaient devant les jets d'eau ! À l’époque, tous les mécanismes fonctionnaient : les avions laissaient tomber des sacs de farine ou des billes sur les tôles, ce qui faisait un boucan d’enfer. À la fin, il y avait une boîte de sardines vide pour mettre un pourboire. Si les gens ne donnaient pas, il leur disait « Regarde la vache » et celle-ci leur envoyait un jet d’eau. Au début, il pédalait pour actionner l’ensemble, mais par la suite il a mis un moteur de machine à lever.
À sa mort, le manège commença à se détériorer mais il fut heureusement sauvé par les bourdonnais qui le démontèrent et l’installèrent à La Fabuloserie.
Deux fois, j'ai emmené mes élèves voir le spectacle de Patrice Douchet "Le manège de Petit Pierre" au théâtre de la Tête noire à Saran. Alors, c'est vous dire que j'avais envie de le voir en vrai, ce manège
A lire : "le manège de Petit Pierre" de Michel Piquemal (livre pour enfants)
la Tour eiffel :
la vache électrique :
le métro aérien :
le moulin de la Gelette et l'aérotrain de Jean Bertin :
le site de La Fabuloserie : CLIC
voici une vidéo tournée du vivant de Petit Pierre (trouvée sur le net) :
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Par bluesy le 5 Août 2022 à 21:51
Pour la cinquième ou sixième fois, nous avons visité « la Fabuloserie », à Dicy (Yonne), tout près du Loiret. Cet espace a été créé en 1982 par Alain Bourbonnais pour sa collection de créations d’artistes (on dit plutôt « créateurs ») marginaux.
Pas facile de faire la différence entre art naïf, art brut, art hors-les-normes, art singulier.
On a d’abord parlé d’art naïf pour des peintres autodidactes. L’art naïf raconte des scènes de la vie, souvent en enjolivant, avec des couleurs vives, de manière assez conventionnelle.
Puis Dubuffet a parlé d’art brut. En 1940, à l’hôpital de Saint-Alban (Lozère), les médecins soignaient les malades par l’art. Cet hôpital cachait également des résistants, par exemple Paul Éluard et sa compagne Nausch, et Denise Glaser. Éluard racontera son séjour dans « Souvenirs de la maison des fous » et Didier Daeninckx parlera de cet hôpital dans « Caché dans la maison des fous ». Les créateurs d’art brut utilisent des matériaux divers, recyclés, ciment, bois, toile, ficelle et les couleurs sont parfois sombres reflétant un mal-être. Pas de règles, pas de principes, ils font ce qu’ils veulent. Ces créateurs sont souvent rejetés par la société, ou ont été soumis à l’oppression de la tradition, de la religion… Ils ont souvent été vachers, ferrailleurs, bûcherons. On parle parfois « d’art des fous » mais Dubuffet disait « Il n’y a pas plus d’art des fous que d’art de malades du genou ». Ils créent pour eux, par émotion, par envie, pas forcément pour vendre (sauf quelques exceptions). Ils créent pour eux-mêmes, et, sauf quelques exceptions, par pour vendre.
Alain Bourdonnais avait commencé à collectionner des œuvres et des objets d’art forain, il fait la connaissance de Dubuffet et ouvre une galerie à Paris. Dubuffet s’oppose à ce que sa galerie s’appelle art brut et propose « art hors-les-normes » spécifique à sa collection. Mais le loyer de la galerie est cher et Bourbonnais installe sa collection dans sa maison de campagne. Il ouvre au punlic en 1983. Maintenant ce sont ses filles Sophie et Agnès qui gèrent le musée.
Alain Bourbonnais était très proche des créateurs,Émile Ratier, Francis Marshall, Marie-Rose Lortret …
Comme nous sommes un groupe, nous avons droit à une visite guidée complète (jardin et musée) de 2 h 30 (en individuel, on a seulement une visite guidée du jardin, mais des médiateurs sont dans les salles pour faire fonctionner certains objets)
À côté du musée, dans un petit espace se trouvent des œuvres de Nek Chand (1924-2015). Cet artiste indien, d’origine pakistanaise, est venu en Inde peu après la partition de l’Inde (1947). Il travaille à Chandigarh, ville nouvelle conçue par Le Corbusier. Il fait un rêve et se met à défricher un terrain et à construire, secrètement, des cascades, des chemins, des arcades, des sculptures pour son « jardin de dieux et déesses ». Il utilise des pierres, des briques, des capsules de bouteilles, des bouts de faïence, des bracelets (les fameux bangles que nous vus partout au Rajasthan), et autres des matériaux de récupération divers pour construire ce Rock garden. Quand son jardin est découvert, en 1972, il est d’abord question de le raser mais les autorités l’autorisent finalement à continuer son œuvre. Il a même été reçu par Indira Gandhi et célébré par Mori.
Catherine Bourbonnais a eu la chance de pouvoir acquérir quelques statues en 2005. Les sculptures du musée ont souvent été sauvées de la destruction par les Bourbonnais.
La visite du jardin se fait toujours en visite guidée.
Les sculptures sont disposées autour de l’étang.
À l’entrée, se trouve l’un des deux ateliers d’Alain Bourbonnais (l’autre atelier était dans le bâtiment qui est actuellement la billetterie et le musée), de l’autre côté de la rue.
Dans le parc, il y a également la maison d’Alain Bourbonnais, actuellement la maison de ses filles et un bâtiment qui sert d’hébergement aux stagiaires et guides du musée.
En plus d’un collectionneur, Alain Bourbonnais était un créateur. On ne pénètre pas dans l’atelier du parc (il me semble qu’il y a dix ans, nous avions vu des sculptures à l’intérieur). L’atelier est en parpaings mais sa structure se fond bien dans le paysage.
Le parc d’un hectare est constitué de 50 % d’eau et 50 % de terre. Actuellement, l’étang est recouvert d’algues et un ragondin a creusé un tunnel, ce qui fait que l’eau de l ‘étang se déverse dans la rivière proche.
Le premier groupe de sculptures est de Jean Rosset, décédé en décembre 2021. Les sculptures que nous voyons ici datent, pour les plus récentes de 2018. Elles ont été repeintes cet hiver. Il a été vacher dans l’Isère, puis bûcheron et sculptait au couteau dans ses bâtons de berger. Il fit ensuite des sculptures monumentales, travaillant à la tronçonneuse et à la hache, en se servant des courbes des fibres du bois, des nœuds (technique de la paréidolie). Il donne à ses expériences les noms de biosculpture, arborisculpture, agrosculpture. Certaines de ses sculptures sont biodégradables. Les sculptures sont deux visages (sauf pour la plus petite).
recto-verso
Alpo Koivumaki, est un artiste finlandais, agriculteur qui a découvert les animaux d’Afrique en lisant des magazines. Il se mit à en créer en se servant de bouts de métal, d’outils, de roues, de pneus. Invité par Caroline Bourbonnais, il créa ici un élan de Finlande.
Jean Bertholle (1910-2002). D’abord ouvrier dans une usine de talons de chaussures pour la marque André, puis garde-chasse, il inventa des outils de jardinage. À la retraite, il se mit à créer des figures en tôle découpée qu’il mit en mouvement à l’aide d’hélices. Un peintre comtemporain porte le même nom (1909-1996)
Jean-Pierre Schetz (1921-1986. Belge, il fut ferrailleur, maçon puis agrémenta sa maison qu’il appela « Un coin de soleil » de mosaïques.
Jules Damloup est né à Boesses en 1898, Il était cultivateur, Quand il prit sa retraite en 1969, il commença à peupler son jardin d’animaux de la savane, Pour construire les animaux de La petite Afrique, il s’inspirait des images des tablettes de chocolat Poulain, Les statues sont en ciment plein, La girafe pèse 700 kg, Babar est le premier animal construit, un système d’arrosage était intégré à la trompe.
François Portrat
Les médaillons réalisés à partir de bris de verre et d’assiettes achetées en brocante ou trouvées dans les décharges sont intégrées dans un mur rouge créé par Le Bourbonnais. Il assemble les morceaux avec du ciment et du sable et colle sur les méadillons des portaits de personnalités, la reine d’Angleterre, Fernandel, Brigitte Bardot...
l"aigle est une sculpture de Camille Vidal.
Devant le mur rouge, se trouvent des sculptures de Camille Vidal. Ancien cimentier, il a créé des statues en ciment représentant des personnalités et des animaux, il nomme l’ensemble « l’arche de Noé ».
à gauche, Olive, M.Jackson
Don Camillo et Peppone
Danièle Gilbert et Jacques Martin
Adam et Êve
Clémenceau et Churchill :
Jayne Mansfield
Le Poilu, c'est Camille Vidal lui-même
Alain Bourbonnais, dont nous verrons les Turbulents à l’intérieur du musée, a aménagé un décor de place de village autour d’une grande tour pour tourner des courts-métrages réalisés par Jorge Amat, « Tubulent’Band » et « Triciclo ».
Robert Vassalo, dit Vlo a commencé à peindre des acryliques annotées de comptines. Ici, sont exposés des personnages en ciment polychrome.
Charles Pecqueur a été mineur, puis résistant puis maire de sa commune de Ruitz, près de Béthune. Il a créé des statues pour décorer sa commune. L’une d’elles représente Alain Bourbonnais à genoux devant Blanche-neige.
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