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    Nous avons rendez-vous avec André Mallet, régisseur général du château, pour la visite. Le château se situe à quelques kilomètres d’Aubigny-sur-Nère, dans la commune d’Oizon (Cher), à la limite du Berry et de la Sologne.

     

    Le domaine est vaste (3000 ha), le parc fait 17 ha et il y a trois fermages en activité. 17 arbres ont été offerts à Notre-Dame de Paris.

     

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    L’histoire du château (tient son nom d’une verrerie installée là autrefois) se rapporte, tout au moins au début, à l’histoire d’Aubigny-sur-Nère et des Stuart.

     

    Quand le château a été construit, l’étang existait déjà. Il n’y a eu que trois familles de propriétaires dans ce château : les Stuart, les Lennox et les De Vogüé.

     

    Le château n’a pas trop été endommagé au cours des siècles. Pendant la seconde guerre mondiale, les paysans de la région l’ont bourré de paille et il n’a donc pas été occupé.

     

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    L’histoire commence pendant la guerre de cent ans et l’arrivée des Écossais de John Stuart de Darnley pour aider le roi de France dans sa lutte contre les Anglais. (voir l’histoire d’Aubigny).

     

     

     

    Bérault (1450-1808, petit-fils de John Stuart de Darnley) décide en 1475 la construction d’un pavillon de chasse sur les bords de l’étang : (en style Louis XII ) la poterne, la partie est et la chapelle (1511). Le contrat stipulait que les seigneuries d’Aubigny et de la Verrerie devaient être transmises de p^ère en fils ou par le biais de mariages au sein de la famille. Comme Bérault n’avait que des filles, il maria l’une d’elles, Anne, à son cousin Robert Stuart de Lennox, compagnon d’armes de Bérault et de Bayard.

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    À son retour d’Italie (Pavie, 1525), Robert Stuart fit construire une galerie Renaissance côté sud. Son épouse Anne décède et il se remarie avec Jacqueline de la Queille. Il n’a pas d’enfant et pour que les seigneuries restent dans la famille, il adopte Anne de la Queille, nièce (ou demi-sœur?) de sa femme et lui fait épouser un de ses petits-neveux , Jean Stuart, qui sera le sixième sire d’Aubigny. Les domaines d’Aubigny et de la Verrerie restèrent dans la famille des Stuart jusqu’en 1672, date à laquelle il n’y avait plus d’héritiers. Le domaine devint donc propriété de Louis XIV.

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    Les terres revinrent quand même à une famille anglaise car Louis XIV en fit don à Louise de Keroual, une espionne qu’il avait envoyée auprès de Charles II et qui devint la maîtresse de celui-ci et en eut un enfant, Charles de Lennox et de Richmond. Louise de Keroual (on voit son portrait dans la salle à manger) devint duchesse de Portsmouth et à sa mort, le duché d’Aubigny revint à son petit-fils, Charles II de Lennox. Parmi les lointains descendants de Charles de Lennox, on trouve Lady Di, Camilla et Jane Birkin.

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    En 1842, le duc de Lennox refusant de payer les droits de succession, le château fut acquis par adjudication au marquis Léonce de Vogüé (1805-1877), originaire du Vivarais.

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    De descendant en descendant, des travaux furent réalisés, par exemple l’aile sud qui touche à la galerie Renaissance et contient les pièces que nous visiterons : la salle à manger, la salle de billard, le grand salon, la bibliothèque.

     

    De nombreux objets ayant appartenu à la famille sont exposés dans les salles.

     

    Par exemple, le buste du Comte de Vogüé par Henri Chapu. Le père d’Henri Chapu était concierge de Léonce de Vogüé. Je crois qu’il s’agit du buste de Robert de Vogüé, fils de Léone et tué à la bataille de Reichshoffen en 1870. Son père lui avait remis le sabre qu’il avait lui-même porté en Espagne et en Algérie. Un officier prussien ramassa le sabre sur le champ de bataille et le remit à la famille. Il est exposé dans une vitrine de la salle de billard.

     

    Un autre fils de Léonce, Charles-Jean Melchior (1829-1916) fut archéologue, orientaliste, égyptologue, ambassadeur à Saint-Petersbourg et ailleurs, académicien…

     

    C’est de lui qu’est issue la branche des de Vogüé propriétaires du château :

     

    Louis Melchior (1868-1948) marié à Louise d’Arenberg (1872-1958). Tous les jours, Louise aimait parler à ses petits-enfants et arrière-petits-enfants, s’occupait de l’organisation de la journée, faisait sa promenade dans le parc, prenait le thé. Beaucoup de monde vivait dans le château que Louise appelle la « Maison enchantée ».

     

    Melchior Jean Marie (1893-1965). Maire d’Oizon jusqu’en 1953, il a ensuite, avec son épouse, rejoint les ordres monastiques. Devenu prêtre, il termine sa vie chez les Bénédictins de la Pierre-qui-vire (Yonne), et son épouse à l’abbaye de Limon (Essonne), où Geneviève Gallois, artiste peintre et caricaturiste avait été moniale quelques années avant l’arrivée de Geneviève Brincard.

     

    Antoine Jean Melchior (1923-1998). Avec sa femme Françoise de Hautecloque, nièce du Maréchal Lecerc , il entreprend la restauration du domaine, crée un restaurant, des chambres d’hôtes...

     

    Béraud a revendu le château à sa sœur Catherine qui en est propriétaire depuis quelques années avec son mari François d’Esneval.

     

     

     

    Les comtes de Vogüé se sont succédé, de père en fils, à la tête de la mairie d’Oizon : de 1900 à 1929 (Louis Melchior), de 1929 à 1953 (Melchior Jean Marie), de 1953 à 1998 (Antoine Jean Melchior), de 1910 à 1820 (Béraud)

     

    Guy de Vogüé, petit-fils de Louis et Louise d’Arenberg était peintre.

     

    D’autres membres de la famille sont propriétaires du château de Vaux-le-Vicomte.

     

    Les Stuart, Lennox et Richmond aimaient la chasse. Les de Vogüé ont continué la tradition. Actuellement, des chasses de haut vol aux poules faisanes sont organisées. Il y a 7 volières anglaises (7000 oiseaux) sur le domaine. Si cela vous dit, cliquez ICI et Là  !

     

    Nous commençons la visite par la galerie ouverte.

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Au-dessus des arches, des médaillons sculptés représentent sans doute les membres de la famille Stuart. Par exemple celle-ci dont le médaillon est entouré du sigle des Stuart.

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    À l’intérieur, au mur, sont accrochées des reproductions de peintures qui se trouvaient en haut dans la salle des gardes. Bérault Stuart (sur le caparaçon du cheval, on voit les initiales de Bérault et de son épouse Anne de Maumont ainsi que le sigle des Stuart : sur l’habit de Berault, on voit le sigle des Stuart et les fleurs de lys), 

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    ?,

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Robert Stuart

    Le château de la Verrerie (Cher)

    et ?

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    Dans la salle à manger et les pièces suivantes, on ne peut pas prendre de photos, j’en ai trouvé quelques-unes sur internet. Je les retirerai si nécessaire.

     

    Dans la salle à manger, on voit un portrait de la comtesse de Conti (je ne sais plus s’il s’agit de Marie-Anne, fille de Louis XIV et de Louise de la Vallière) ; deux tapisseries de Bruxelles représentant Pan et Héphaïstos ; un buste du prince Auguste d’Arenberg, père de Louise princesse d’Arenberg, épouse de Louis Melchior et un buste de Robert de Vogüé, mort à la bataille de Reichshoffen ; une cheminée en marbre rouge des Pyrénées. C’est dans cette pièce que se passent maintenant les repas qui accompagnent les chasses, les mariages, les séminaires donnés au château.

     

     

     

    Dans le salon et le billard , sont exposés des objets...des armes dans une vitrine (l’épée de Robert, le poignard de Charles-Melchior qui tua un ours en Russie…). On voit aussi le seul portrait au monde de Robert Stuart. Peint sur bois.

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    Un « retour de chasse », doré à l’or fin, en marbre, froid été comme hiver, servait à présenter le gros gibier au roi Louis XIV.

     

    Sur le dessus, sont exposées des porcelaines de Chine, des statuettes représentant des personnages sr des chevaux ailés (Pégase?)

     

    Dans un meuble Renaissance, sont cachés quatre pleurants en albâtre qui entouraient la tombe du duc de Berry dans la cathédrale de Bourges. Sur les 40 qui existaient à l’origine, il en reste 27 dispersés un peu partout dans le monde, dans des musées ou collections privées. Il en manque encore 13, tous ont été dispersés au moment de la Révolution. CLIC

     

    Dans un coin, une chaise à porteurs nous attend pour la promenade.

     

    Le blason des de Vogüé est le coq, c’est sans doute pour cela que nous avons vu deux magnifiques céramiques en forme de coq dans le salon.

     

     

     

    Dans la bibliothèque, refaite en 1895, est évoqué le souvenir d’un cousin de Léonce, Eugène-Melchior (1848-1910). Il traduisit les romans de Tolstoï. Les étagères sont remplies de livres dont certains ont été écrits par Eugène-Melchior, par exemple « le roman russe ». Son œuvre lui valut d’être Académicien. Un étroit escalier en colimaçon mène au ras du plafond où les murs sont, là encore, couverts de livres.

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    Nous terminons la visite par celle de la chapelle, construite fin XV è-début du XVI è siècle. Une splendeur. Tous les murs sont recouverts de fresques (ou peintures, je ne sais pas). Des médaillons représentent François I et Robert Stuart et autres personnes de la famille des Stuart. Des apôtres et martyrs sont peints sur les murs. Tout à gauche, vers l’autel ; le personnage en bleu, c’est Dieu qui remet les clés à Saint Pierre.

     

    Au XVIII è siècle, les peintures ne sont plus à la mode, et c’est ce qui, comme dans beaucoup d’églises, les sauvera de la dégradation. En 1930, Marguerite, fille de Louise, s’ennuie sans doute un peu à la messe et gratte le mur, ce qui permet de mettre à jour ce que nous voyons aujourd’hui. La voûte en bois peint date de 1470/80.

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    En 1942, pour les noces d’or de Louis et Louise, la famille leur a offert deux vitraux qui racontent l’histoire des de Vogüé. On y voit un Égyptien qui rappelle que Louis fut président de la Compagnie du Canal de Suez, un ange porte dans ses bras la Maison enchantée., une gerbe de blé représente les sept fermes organisées par Léonce : La Bussière, Le Grayon, Le Boulay, Le Réau, L’Étang, La Garenne, La Métairie neuve.

    à lire : "Si la Verrerie m'était contée" (Marc Frimat et la compagnie de l'Esperluette)

    deux sites : ICI et

     

     

     


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  • À Aubigny-sur-Nère, maison dite François I, en juin 2022

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

     Gilles Le Bourlot

    Rêves

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

    le grimoire

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

    l'ange déchu, Lilith

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

    Contact

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

    Lionel Crotet

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

    Jacques Pot

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

    La délivrance, en béton cellulaire

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

    Gilles pointeau, photographie

    Exposition  Aubigny-sur-Nère

     

     


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  • Aubigny-sur-Nère (habitants : les Albiniens) : La Cité des Stuarts

    Cette visite est ancienne et j'espère ne pas m'être trop trompée dans les éléments des différentes maisons.

     La ville est traversée par plusieurs bras de la Nère qui s’engouffre sous les maisons et ressort un peu plus loin. C’est un affluent de la Grande Sauldre, elle-même affluent de la Sauldre qui se jette dans le Cher, affluent de la Loire.

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Au Moyen Age, Aubigny appartenait aux XIe et XIIe siècles au chapitre de Saint-Martin de Tours

     

    Puis Aubigny fut carrément intégré au domaine royal par Philippe Auguste en 1189

     

    En 1423, pendant la guerre de cent ans, Charles VII remit la ville d'Aubigny à Jean Stuart de Darnley, un des chefs de l'armée écossaise pour le remercier de son aide contre les Anglais (la bataille de Baugé fut la première victoire franco-écossaise de la guerre de cent ans). En effet, depuis le 23 octobre 1295, (première trace écrite), sous les règnes de Jean Balliol, roi d’Écosse et de Philippe IV le Bel, roi de France, une alliance, l’Auld Alliance (= la vieille alliance) a été scellée entre l’Écosse et la France, chaque pays devant aider l’autre en cas d’attaque de l’Angleterre. On dit que l’Auld Alliance « n’a pas été écrite sur un parchemin de peau de brebis mais gravée sur de la chair vive et de la peau d’homme, tracée non par de l’encre mais par le sang. »

    traité de 1295 :

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    confirmation du traité précédent par le traité de Corbeil en 1326 entre Robert I d'Ecosse, appelé Robert The Bruce et Charles IV

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

     John Bailliol et sa femme :

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    À noter que John Stuart de Darnley est mort le 12/02/1429 à la bataille des Harengs, entre Orléans et Chartres. Il ne faut pas confondre ce connétable avec John Stuart de Buchan, autre connétable qui participa aussi à la bataille de Baugé le 22 mars 1421 et mourut le 17/08/1424 à la bataille de Verneuil.

    John Stuart de Darnley débarqua à La Rochelle en 1418 avec cent archers puis quatre vagues de débarquement se succédèrent jusqu’en 1424.

     

     

     John Stuart :

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

     

    Petit aparté à propos de la journée des harengs appelée ainsi en raison d’un convoi anglais qui transportait depuis Chartres du poisson destiné à être consommé pendant le carême. Un espion informa les Français de la sortie de ce convoi escorté par 1500 Anglais sous le commandement de Jean Fastolf et de Simon Morhier, prévôt de Paris.  Avant d’avoir été prévôt, Simon Morhier était maître d’hôtel d’Isabeau de Bavière, femme de Charles VI. Il était aussi seigneur de plusieurs fiefs à l’ouest de Paris, notamment Villiers-le-Morhier, mon village natal. Les Français attaquèrent sans succès le convoi. John Stuart voulant attaquer le convoi à cheval, Jean de Dunois voulant attaquer à pied, ne se mirent pas d'accord. Cela se passait le 12 février 1429, à Rouvray-Saint-Denis, au nord d'Orléans.

     photo wikipédia :

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    L’armée de Jeanne d’Arc était constituée de 25 % d’Écossais.

     

    Bérault (petit-fils de John Stuart de Darnley) et son gendre Robert Stuart, compagnons d'armes du chevalier Bayard et contemporains de Léonard de Vinci, firent construire les châteaux d’Aubigny (entre 1517 et 1543) et de la Verrerie.

     

    En 1512, un gigantesque incendie ruina la cité des Stuarts, (une seule maison en réchappa). C’est encore Robert Stuart qui autorisa les habitants à tirer le bois de charpente de ses forêts ; il lui en coûtera trois forêts pour construire de belles maisons à pans de bois.

     

    En 1670, Aubigny revint à la couronne de France lorsque la lignée des Stuarts s’éteignit et que les Écossais, devenus protestants, se rallièrent aux Anglais.

     

    Inspirés par les Stuarts et réglementés par Colbert, l'industrie et le commerce du drap firent la réputation des Albiniens.

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Louis XIV offrit la ville à Louise de Kéroual (1649-1734), duchesse de Portsmouth. Bretonne devenue favorite de Charles II d’Angleterre, Louis XIV voulait la remercier d’avoir su amadouer le roi anglais pendant la guerre des Flandres. Elle agrandit le château et fit créer les Grands Jardins par un disciple de Lenôtre ; ceux-ci deviendront la propriété de la ville. Le duc de Richmond, son petit-fils, qui hérita de la ville, n’y revint que pour chasser dans ses forêts. Ses biens furent séquestrés à la Révolution, puis la ville acquit le château et ses jardins en 1812.

     

    Partout dans la ville, on voit des allusions à l’Écosse, dans la cour du château, on peut porter le kilt, boire du whiskey. Il y a même un pipe band local. Tous les ans, en juillet, les fêtes franco-écossaises attirent beaucoup de monde (concert de rock celtique, pipe bands, kilts, marché écossais, marché médiéval, jeux écossais...)

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Parcours :

     parking de la Nère, rue du moulin d’en-haut, au sud d’Aubigny. Continuer rue du moulin d’en-haut.

    1 _ Rue des Dames : n° 15 : maison Bourdoiseau (Henri Bourdoiseau, compagnon charpentier du Tour de France avait 22 ans quand il a construit sa maison en 1881 avec clochetons tors et lucarnes en guitarde.)

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

     

    2et 3 _ Rue des dames, à gauche maison des dames (n° 5) et à droite maison dite de Jeanne d’Arc (n° 7)

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    4 - L’ office de tourisme donne d’un côté sur la rue des dames et de l’autre sur la rue de l’église.

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    les armoiries d'Aubigny

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    À côté, une fontaine dédiée à la Malnoue (divinité des eaux souterraines d’Aubigny) a été inaugurée le 11 août 1999 à 12 h 22, au maximum de l’éclipse solaire. La légende raconte qu’un pauvre laboureur avait bien du mal à faire travailler ses bœufs. Un homme lui proposa une solution : il lui confia un aiguillon magique, avec pour seule recommandation de ne pas le poser au sol. Hélas, l’aiguillon réussit à toucher le sol et réveilla la Malnoue. Une masse d’eau surgit alors du sol pour envahir tout le pays. Il fallut bien des efforts pour reboucher le trou d’où l’eau sortait. « Malnoue » signifie « mauvaise eau ».

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    5 - Une cabine téléphonique rappelle que la ville est jumelée avec le Royaume-Uni.

     au fond, le début de la rue Pousse-panier

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    5 Dans la maison Victorine, se trouve une exposition sur le vieil Aubigny

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    6 - Tout à côté, l’église Saint Martin a été fondée au XIII è sous le patronage de Saint Martin de Tours. Elle a été incendiée deux fois par les Anglais et reconstruite et même agrandie par l’ajout de chapelles latérales construites en 1513 par Robert Stuart. Abside, nef, transept du XIII è.  Vitraux retraçant la vie de Saint Martin.

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    nous entrons par le portail sud :

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Épitaphes :

     

    Ci gist Fericle (???) Cisoigne fille de deffunct Me Pierre Cisoigne et Magdaleine Habruai jadis femme ses père et mèreet femme de honorable homme Me Esme Montagu qui deceda le dixième février 1588 Priez Dieu pour elle-même

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Ci devant gist deffuct honnete personne sire Gilbert Babruay du vivant de luy merchnat bourgeois demeurant aubigny lequel decedda le premier jour d’aoult l’année 1532 il prie ceux et celles qui cy devant passeront de dire …. à l’intention de de luy et ses amis trépassés un de profondis pater noster et ave maria

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Ci git deffunt Me Pierre Durant en son vivant licencié en lois et juge a aubigny fils de feu pierre durant et trepassa le dernier de decembre

     

    ci git honette personne feu pierre durant le jeune en son vivant bourgeois et merchant à aubigny qui trepassa le dernier jour de may 1532

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    le portail ouest :

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

     Le clocher porche du XV è, à l'ouest, était traversé par une voie de communication. Nous passerons dessous plus tard pour emprunter la rue Pousse-panier

    la rue de l'église :

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

     

    7 -  La maison dite François I, au n° 1 de la rue du Bourg Coûtant

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Poteau cornier décoré d’une charité de Saint Martin.

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    La date de construction est inscrite sur une banderole : 1519.

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Décorations : première Renaissance : oves, perles, colonnes torsadées. Éléments gothiques : arcs en accolade décorés de choux frisés et fleurs de lisées, pinacles culots de forme prismatique, Aujourd’hui, c’est une galerie d’Art. Nous avons visité une exposition (photos à venir)

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    8 - rue Pousse panier qui mène au vieux marché où on vendait des œufs, des fromages, des volailles… La rue était petite et les femmes d’Aubigny avaient de grandes difficultés à atteindre les étals, d’où le nom de pousse panier.

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    fenêtres à meneaux

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    9 – Nous avons rendez-vous avec nos cousins au restaurant chinois, place du mail. Joëlle, notre cousine architecte, a fait les plans de ce restaurant.

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    G - Toujours dans la rue du Bourg-Coûtant, au n° 17, la maison du bailli.

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Poteau cornier droit : initiales des seigneurs d’Aubigny : Robert Stuart et ses deux épouses ( Anne + 1516 et Jacqueline de la Queille).

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Sur l’écu : armoiries de Robert Stuart (elles sont bûchées).

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    De chaque côté de la porte : à gauche, animal fabuleux à corps de poisson et à droite, portrait attribué d'après la tradition à Robert Stuart

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

     11, en face, au n° 18, une ancienne auberge dite maison de Saint Jean. Porte charretière qui donne vers la cour. Galerie ouverte

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    à gauche la maison de bailli, à droite la maison saint Jean

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    12 – rue des Foulons : maison dite du Pont-des-Foulons, seule maison ayant échappé à l’incendie de 1512 car elle était près de la rivière. L’étage du mur gouttereau est divisé en travées en croix de Saint-André.

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    la Nère :

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    la rue des foulons :

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    13– place Adrien Arnoux

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    lucarne en guitarde

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    cheminée torsadée

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    14 – rue du Charbon

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

     

    une quincaillerie très ancienne : la liste des propriétaires

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

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    Aubigny-sur-Nère (Cher)

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    des ruelles très étroites :

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

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    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    15 – Place de la résistance : château commencé sous Robert Stuart après l’incendie de 1512. Armoiries de Robert Stuart et Jacqueline de la Queille sur les solives et clés de voûte du châtelet d’entrée. La construction se termine en 1543. Le Centre d’Interprétation de l’Auld Alliance se trouve dans le Château des Stuarts. Le château abrite aussi la mairie d’Aubigny. Des jeux, des vidéos, des maquettes montrent les rapports entre la France et l'Écosse.

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Sur la place, une gigantesque épée, plantée sur un rocher, dans une terre mêlée d’Écosse et de France, rend hommage aux milliers d’Écossais qui perdirent la vie pour la France.

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

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    le château, vu de l'extérieur :

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

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    vu de l'intérieur

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    un soldat écossais (dans le centre d'interprétation)

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    16- Jardins de Louise de Keroual.

     Séquoia

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

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    spirée :

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    statue « Le passé et l’avenir » (1905), œuvre de Thérèse Quinquaud, élève d’Alfred Boucher puis de Rodin. C’était une commande de son cousin Joseph Caillaux (celui dont la femme assassina Gaston Calmette).

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

     une exposition de photos dans le labyrinthe

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

     

    17 - Dans les combles du château d’Aubigny, se tenait autrefois le musée Marguerite Audoux (1863-1937). Il a été déplacé à Sainte-Montaine, village où elle a été bergère, mais n’est pas ouvert le mardi. Après avoir été bergère, elle partit pour Paris pour y être couturière. En 1910, son premier roman, Marie-Claire, obtint le prix Fémina. Le magazine marie-Claire, fondé en 1937, année de la mort de Marguerite Audoux tire son titre du roman. Un lycée de Gien s’appelle Marguerite Audoux. Elle était amie de Mirbeau, Genevoix, Alain-Fournier, Gide…

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Nous nous déplaçons donc à Sainte-Montaine, à quelques kilomètres à l’ouest d’Aubigny. Hélas, le musée est fermé. Le secrétaire de mairie nous conseille d’aller faire un tour à la source de Sainte-Montaine. Ce sera une visite rafraîchissante !

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    La légende raconte que Sainte Montaine serait une fille cachée de Pépin le Bref, abandonnée par son père et placée dans une ferme de la région. Elle aurait fait quelques actions bienfaisantes.

     La Belle Fontaine est entourée d’une petite chapelle et d’un lavoir. Elle guérirait les rhumatismes, l’urticaire et aiderait à avoir des enfants.

     

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

    Une autre légende dit que une servante qui revenait de la source cassa sa cruche. Furieuse, sa patronne la renvoyer chercher de l’eau avec un panier en osier. La servante pleura, ses larmes tombèrent dans la fontaine. Miracle ! Le panier se remplit sans perdre l’eau et, sur le chemin du retour, les ronces qui avaient fait trébucher la servante, avaient disparu.

     Un autre écrivain de la Région , Claude Seignolle, qui a vécu dans la région

    Aubigny-sur-Nère (Cher)

     En fouillant sur le net, j'ai trouvé cet article qui m'a émue, on y parle d'une classe d'Aubigny qui a correspondu avec la "Marie La Louve" de Claude Seignolle. Leur professeur était une de mes anciennes élèves ! CLIC


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  •  Mais la journée n’est pas terminée : Nicole nous donne rendez-vous à 21 h 30 dans le jardin en face de l’hôtel pour nous raconter des histoires de sorciers et de birettes. Les carrefours étaient des lieux diaboliques, lieux de sabbats. Aux Etats-Unis, la légende dit qu’en 1930, Robert Johnson rencontra le Diable à un carrefour. Il lui vendit son âme contre le don de jouer divinement le blues (« Crossroads » était né!)

     Mais revenons chez nos Berrichons. Autrefois, on pendait les sorciers aux carroirs (ce sont les carrefours). Par exemple en 1582, au Carroi de Marloup (carrefour des mauvais loups). Un enfant de treize ans, Bernard Girault, accusa cinq hommes et une femme de l’avoir ensorcelé. (lire « Les sorciers du carroi de Marlou » Nicole Jacques-Cgaquin et Maxime Préaud)

     Pour assainir ces endroits diaboliques, l’Église y fait installer des croix de carrefours.

     Certaines femmes, surtout les vieilles, étaient considérées comme sorcières parce qu’elles utilisaient des plantes médicinales pour soigner, d’autres avaient le don de “barrer le mal”. Leur expérience faisait peur aux gens, aux médecins en titre, il était facile de les accuser… (cela me fait penser au livre « Sorcières » de Mona Chollet. C’est aussi le thème de « La petite Fadette » (fadette = fée, sorcière)

     Outre les sorciers, il y avait des meneux de loups, des laveuses de nuit, des feux follets, des lubins (ou lupins). Toutes ces créatures sont citées dans les légendes rustiques, André, Jeanne, romans de George Sand.

     La chasse à baudet (ou bôdet) ou chasse-à-Ribaud  est un bruit qu’on entend à n’importe quelle heure de la nuit. On dirait un nombre considérable de voix de chiens de différentes grosseurs et, par-dessus tout, la voix forte et grave d’un gros dogue accompagnant par intervalles égaux, ce concert discordant. Cela vous passe au-dessus de la tête à une très faible hauteur, mais on ne voit absolument rien. Cela suit, de préférence, les bas-fonds, les prairies, les lieux solitaires.

     

     

    Pour conjurer le sort, il suffit d’un s de taupe ou trèfle à quatre feuilles cueilli par une vierge une nuit de Saint Jean. On peut aussi aller trouver un leveur de sort

     Les lupins sont des animaux (« lubin » signifie grande bête) qui ont une haleine repoussante. lls se tiennent sur deux pattes et parlent entre eux leur propre langage, inconnu des hommes. Si un humain passe à leur portée sans les saluer, ils se mettent à quatre pattes et bondissent sur lui pour le dévorer.

     Nicole nous lit la légende des lubins écrite par George Sand (« Légendes rustiques ») :

    Légendes et sorcellerie en Berry

     

    LUBINS ET LUPINS.

     Les lupins (ou lubins) sont des animaux fantastiques qui, la nuit, se tiennent debout le long des murs et hurlent à la lune. Ils sont très peureux, et si quelqu’un vient à passer, ils s’enfuient en criant : Robert est mort, Robert est mort !

     Maurice SAND.

     Il ne faut pas trop regarder les grands murs blancs au crépuscule, encore moins au clair de la lune. On pourrait y voir la hure. En Normandie et dans plusieurs autres provinces, la hure se promène le long des treilles, on ne sait guère à quelle intention, si ce n’est pour empêcher les enfants d’aller voler le raisin. Elle serait donc au nombre de ces esprits gardiens qui descendent en droite ligne, ainsi que les autres fadets domestiques, des lares vénérés de l’antiquité.

     Quoi qu’il en soit, la hure est fort vilaine et il y aurait de quoi mourir de peur si on s’obstinait à étudier son profil reflété sur les murailles. Les Grecs et les Romains avaient l’imagination riante ; ils peuplaient de charmantes divinités les arbres, les eaux et les prairies. Le moyen-âge a assombri toutes ces bénignes apparitions. Le catholicisme, ne pouvant extirper la croyance, s’est hâté de les enlaidir et d’en faire des démons et des bêtes, pour détourner les hommes du culte des représentants de la matière.

     Cependant, il n’a pas réussi à les rendre tous haïssables et pernicieux, et bon nombre des esprits de la nuit sont demeurés inoffensifs. C’est bien assez qu’ils aient consenti à revêtir des formes bizarres et repoussantes qui les empêchent de séduire les humains.

     Les lubins sont de cette famille. Esprits chagrins, rêveurs et stupides, ils passent leur vie à causer dans une langue inconnue, le long des murs des cimetières. En certains endroits on les accuse de s’introduire dans le champ du repos et d’y ronger les ossements. Dans ce dernier cas, ils appartiennent à la race des lycanthropes et des garous, et doivent être appelés lupins. Mais chez les lubins, les mœurs s’adoucissent avec le nom. Ils ne font aucun mal et prennent la fuite au moindre bruit.

     Cependant, il ne vaudrait rien de s’aboucher avec eux. Ils ont un certain mystère à l’endroit de Robert-le-Diable ou de tout autre Robert dont on n’a pu saisir la légende, et ce mystère a peut-être pour châtiment l’humiliation d’une figure horrible et l’angoisse du perpétuel tourment de la peur.

     Sont-ils les descendants des fameux frères lubins et loups-garous de Rabelais ? Qui sera assez épris de ces recherches étymologiques pour aller de leur demander ?

     Je ne sais si c’est aux lupins que le petit tailleur bossu de Saint-Bault eut affaire. On le croirait, d’après les circonstances de son histoire. La voici telle que j’ai pu la recueillir.

     Un soir que notre bossu passait le long du cimetière, il y vit une bande d’esprits en forme de laides bêtes qui ressemblaient à des chiens noirs ou à des loups et que, pour faciliter notre récit, nous appellerons lupins bien qu’ils ne nous aient été désignés sous aucun nom particulier. Soit que ces esprits-bêtes fussent d’une race plus hardie que les lubins et lupins ordinaires, soit que le tailleur fût si laid, si laid, qu’il ne leur fit pas l’effet d’un chrétien, ils ne bougèrent tout le temps qu’il passa devant eux. Ils se contentèrent de le regarder avec leurs yeux qui brillaient comme du sang de feu, et à ouvrir leurs vilaines gueules qui avaient si mauvaise haleine que le tailleur en fut empesté.

     Pourtant, comme il avait grand’peur, ne les ayant aperçus que lorsqu’il était au milieu de la file, et qu’il avait autant de chemin à faire pour reculer que pour avancer, il n’osa point risquer de les offenser en se bouchant le nez ; il passa en faisant le gros dos, encore plus qu’il n’en avait l’habitude.

     Ce dos courbé plut aux lupins, qui s’imaginèrent que c’était une manière de les saluer, et comme ils n’ont pas l’habitude de voir des gens si honnêtes avec eux, ils en furent fiers et se mirent à tirer tous la langue et à remuer la queue comme des chiens, ce qui est apparemment aussi pour eux un signe de contentement et de fierté.

     Le tailleur essaya de raconter son aventure ; mais tous ses voisins se moquèrent de lui, disant qu’il pouvait bien rencontrer le diable en personne et le faire fuir, vu qu’il était encore le plus vilain des deux.

     Comme notre bossu allait en journée à une métairie qui était à trois bonnes portées de fusil du village, et qu’il avait à revenir par le chemin qui longe le cimetière, il se sentit envie de coucher où il était. Mais le métayer lui dit en ricanant : « Non pas, non pas, tu es un compère trop à craindre pour les femmes d’une maison, je ne dormirais pas tranquille, te sachant si près de mes filles. Si tu as peur pour t’en aller, un de mes gars te fera la conduite. Bois un coup en attendant, car quand ton aiguille s’arrête, ta langue trotte d’une façon divertissante et l’on a du plaisir à écouter ta babille. »

     En effet, le bossu était beau diseur et plaisant. Le vin du métayer était bon, et notre homme s’oublia jusqu’à dix heures du soir en si bonne compagnie. Quand il fallut s’en aller, il ne se trouva personne pour le conduire, tous les gars dormaient debout et, quant à lui, il se sentait si bien réconforté par la boisson, qu’il ne craignit plus de se mettre seul en route.

     Il arriva sans peur jusqu’au grand mur, se persuadant qu’il avait rêvé ce qu’il avait vu la veille et regardant de tous ses yeux, avec la confiance qu’éclaircis par le vin, ils ne verraient plus rien que l’ombre des arbres, jetée sur le mur blanc par la lune et agitée par l’air de la nuit.

     Mais il vit les lupins dressés debout devant le mur, absolument comme la veille. Allons ! se dit le pauvre bossu, ils y sont encore ! Tant pis et courage ! S’ils ne me font pas plus de mal qu’hier, je n’en mourrai pas. Et il se mit à siffler une chanson, pensant que ces bêtes, ravies de l’entendre, se mettraient en frais de politesse avec lui, en tirant la langue et remuant la queue.

     Mais ce sifflement, loin de les charmer, paru les inquiéter beaucoup, car l’un d’eux se détacha de la muraille, se mit à quatre pattes et, le suivant, encore qu’il marchât vite, le flaira à l’endroit où les chiens ont coutume de se flairer les uns les autres, pour savoir s’ils doivent être ennemis ou compagnons.

     Puis vint un second qui en fit autant, et un troisième, et un autre, et tous l’un après l’autre ; si bien qu’avant d’avoir dépasser le mur, le tailleur avait toutes ces bêtes à ses braies et ne sachant point si elles le voulaient manger ou fêter, il sentait ses jambes devenir molles comme des pattes de cousin. On pense bien qu’il n’avait plus envie de siffler ni chanter. Cependant il avançait toujours, ayant ouï dire que ces bêtes ne quittaient pas la longueur du mur où elles avaient coutume de faire la veillée, et il n’avait plus qu’environ cinq ou six pas à franchir, quand elles se mirent toutes devant lui, debout, grondant, puant la rage, et montrant des crocs jaunes à faire lever le cœur.

     Messieurs, Messieurs, laissez-moi passer, dit le pauvre tailleur en détresse. Je ne vous veux point de mal, ne m’en faites donc point.

     Mais les lupins grognaient de plus belle et même rugissaient comme des lions. Il semblait que la voix humaine les eût mis en grand émoi et en mauvaise colère.

    Tout à coup, le tailleur eut une idée : — Messieurs, fit-il, ne me mangez point ! Je suis maigre et vilain comme vous voyez ! Si vous m’épargnez, je jure de vous apporter ici, demain, un mouton gras dont vous vous lécherez les babines.

     Aussitôt les lupins se remirent sur leurs quatre pattes sans mot dire, et le tailleur passa, toujours courant, sans regarder derrière lui.

     Il se jeta au lit, tout transi de peur, et eut la fièvre huit jours durant sans pouvoir sortir du lit, battant la campagne, et toujours s’imaginant de voir des loups ou des chiens enragés après lui, si bien qu’on fit venir Monsieur le Curé, pour tâcher de le tranquilliser.

     Mais quand le curé l’eut confessé de sa peine et bien grondé d’avoir été si lâche que de promettre un bon mouton à ces sales diables, on entendit autour de la maison du tailleur des hurlements abominables, et tout le village put voir sur les murs de cette maison, non pas le corps des lupins, ils n’eussent osé venir si près d’un lieu où était le curé de la paroisse, mais leur ombre si bien dessinée que les cheveux en dressaient sur la tête et que le sang était glacé dans le cœur. On eût dit que cela passait en nuages sur la lune, et on les voyait remuer, sauter, gratter la terre et se mordiller les uns les autres, en figures aussi nettes qu’une image peinte, sur le pignon du tailleur, voire sur les maisons voisines.

     Et cela revint tous les soirs durant toute la semaine, de quoi tout le monde, et mêmement M. le Curé, fut très effrayé.

     Pourtant le bossu, qui n’était pas bête, voyant qu’il y avait là de la diablerie et que les exorcismes de Monsieur le Curé ne pouvaient rien contre des apparences qui n’avaient point de corps, résolut d’attirer les lupins en personne au moyen d’un piège, et dès qu’il fut en état de se lever, il se fit prêter un beau mouton gras qu’il attacha le soir, devant sa porte. Puis ayant prévenu le Curé de se tenir là tout prêt avec son goupillon et tous les voisins de se cacher sous le buisson de son jardin, avec leurs fusils bien chargés de balles bénites, il commença de faire bêler le mouton en lui montrant de la feuille verte, placée trop loin de lui pour qu’il pût y toucher.

     Alors les lupins entendant cela, ne purent se tenir de quitter leur mur et de venir, à petits pas de loups, jusqu’en vue de la maison, où ils furent si bien reçus qu’ils se sauvèrent tous, sauf une vieille femelle qui reçut une balle dans le cœur et tomba par terre en criant d’une voix humaine : La lune est morte, la lune est morte !

     On ne sut jamais ce qu’elle avait voulu dire, sinon qu’elle avait une lune blanche au front et que, dans la bande, elle portait peut-être le nom de la lune. On lui coupa la tête et les pattes qui ont été vues longtemps clouées sur la porte du cimetière de Saint-Bault, et où jamais les lupins n’ont osé reparaître depuis.

     IL faisait nuit quand nous regagnâmes notre chambre, sans problème toutefois, sans rencontrer les lubins ou les laveuses de la nuit, ces mères infanticides qui lavent et relavent sans cesse ce qui semble des linges mais qui sont les cadavres de leurs enfants. Brr...

     Le lendemain, nous sommes allés dans le bois de Chanteloube (cela signifie « chantent les loups »). Il était tellement redouté qu’on n’y pénétrait pas la nuit sous peine de ne pouvoir en sortir qu’au petit matin. On tourne, on tourne, sans pouvoir retrouver son chemin. Vous avez reconnu le lieu du roman « La mare au diable ». George Sand a écrit ce roman en quatre nuits. À noter que dans ce roman, George Sand met en scène une de ses domestiques, Françoise Meillant, qui servit de modèle à Delacroix pour son tableau « L’éducation de la Vierge ».

     D’habitude la mare (qui a été coupée en deux par le chemin, a un peu d’eau. On entend les grenouilles. Ce jour-là, elle était à sec.

    Clic sur la photo pour lire cet extrait de La mare au diable.

     Légendes et sorcellerie en Berry

     Légendes et sorcellerie en Berry

     une vidéo racontant les laveuses de nuit

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  • Nous quittons la maison de George Sand en direction de Verneuil-sur-Igneraie, à une dizaine de km au nord de Nohant.. Nous passons devant le château de Saint-Chartier où George Sand a situé son roman « Les maîtres sonneurs »

     

     

    Les grilles du château du Petit-Coudray s’ouvrent devant nous et nous sommes reçus par Lydie et Pierre Rauzy, les propriétaires. Ils nous ont préparé du jus de pomme, de l’eau, des chaises. Cela fait un bien fou, il fait si chaud ! (33°). Ils nous racontent leur histoire et l’histoire du Petit-Coudray.

     

     

    Il y a plus de 40 ans, ce couple d’instituteurs, lassé de la vie dans la région parisienne, cherchait une maison dans le Berry. Ils ne trouvaient rien, ce qui était à vendre ne leur plaisait pas, ce qui leur plaisait n’ était pas à vendre. Un jour, le notaire leur proposa de monter à Verneuil. Ils furent immédiatement emballés par ce « château », plus exactement un manoir, une maison forte. La bâtisse était inoccupée depuis 50 ans et promise à la destruction. Ils ont investi tout leur argent, tout leur temps libre, toute leur énergie pour faire les travaux. Il n’y avait pas d’eau, pas de chauffage, les toitures fuyaient… Il y a encore beaucoup de travaux à faire...

    la façade nord

     

    George Sand, JUles Sandeau et le château du Petit-Coudray

    au sud :

    George Sand, JUles Sandeau et le château du Petit-Coudray

    George Sand, JUles Sandeau et le château du Petit-Coudray

    George Sand, JUles Sandeau et le château du Petit-Coudray

     

    La bâtisse est une ancienne capitainerie du XV è siècle. C’était un poste avancé de la Vallée Noire, terme donné par George Sand en référence aux soirs d’orage. Et c’est là que l’histoire du château rejoint le thème de notre voyage : il avait été acquis en 1808 par Charles-Nicolas Robin-Duvernet, receveur à La Châtre et ami des Dupin de Francueil. Les enfants, Aurore Dupin et Charles-Benoît Duvernet, ont noué une forte amitié. Charles-Benoît a écrit ses Mémoires et décrit la maison ainsi :

     

    « Le bâtiment primitif, tel qu’il a été livré à mon père, se composait d’une cave, faisant actuellement le salon, et d’une grande cuisine sombre avec une seule fenêtre. Un escalier extérieur en pierre qui aboutissait sur le rudiment d’une tourelle carrée abattue et servant de plate-forme conduisait aux appartements du haut. C’étaient deux immenses chambres, séparées par un mur de refend, et qui toutes deux venaient aboutir sur le balcon, qui primitivement avait été une tour servant d’accès aux deux étages.

     

    Primitivement, il n’y avait aucune ouverture dans les pièces du bas autre que la porte d’entrée dans la tour et les pièces du haut n’étaient éclairées que par des couleuvrines et des fenêtres grillées et fermées par des barres de fer. C’était évidemment une espèce de blockhaus servant à balayer la contrée et reliant les châteaux de Saint Chartier et de La Berthenoux.

     

    Il existait une énorme fosse qui prenait son point de départ à l’énorme pin qui domine la pelouse et qui se prolongeait jusque vis à vis le cognassier, dont elle n’était séparée que par la largeur du chemin. C’étaient les restes des fossés qui avaient dû entourer l’habitation. »

     

    Quand il a hérité de la maison, Charles-Benoît a fait percer des ouvertures sur la façade sud. Le 30 juillet 930, Aurore Dupin Dudevant, qui ne s’appelait pas encore George Sand, est invitée au Petit Coudray. Il y avait là Gustave Papet, Fleury, et un jeune homme qu’elle ne connaissait pas, Jules Sandeau. Elle a 26 ans, il a 19 ans. Aurore invita tout le monde ( « Je dis bien tout le monde ») à lui rendre visite à Nohant le lendemain. Jules Sandeau repartit à Paris à la fin de l’été et après quelques scènes orageuses avec son mari et la découverte d’un testament outrageant pour elle, Aurore obtient de son mari d’aller vivre six mois à Paris. Elle y retrouve Jules Sandeau, écrit des articles de journaux avec lui, revient à Nohant et écrit « Indana ». En 1832, elle prend le pseudonyme de George Sand. Jules Sandeau et George Sand se sont écrit entre 20 à 25 000 lettres. Elle rompt en 1833 suite à une infidélité de Jules Sandeau dont elle ne supporte plus les défauts.

    les site du Petit-Coudray : CLIC

    TRès intéressant, vous y trouverez notamment les biographies des amis de George Sand.

     

     


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