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Par bluesy le 14 Septembre 2021 à 22:21
Deux grottes se visitent : la grotte Margot et la grotte Rochefort. La grotte Rochefort est plus difficile d’accès et déconseillée aux personnes sujettes au vertige : un escalier métallique est à descendre comme une échelle.
La grotte Margot me semblait plus facile, ans le dépliant il était indiqué « accessible à partir de 3 ans et déconseillée aux personne à mobilité réduite ». Bon, ce n’est pas notre cas quand même. Nous faisons deux groupes de douze personnes.
En fait, ce n’est pas si facile que ça, il ne faut pas se tenir aux parois, le sol est mouillé et glissant, il faut parfois marcher accroupi (sans toutefois ramper!). Deux personnes abandonnent la visite dès le début et la guide commence à s’énerver. Le reste de la troupe progresse, admire les concrétions, découvre quelques gravures plus ou moins visibles : un très beau rhinocéros laineux, un cygne dont ne voit que le cou et un corbeau, un beau cheval. Il faut continuer sur une pente un peu plus raide et glissante et un monsieur panique et ne peut plus avancer. Nous rebroussons chemin et ne verrons pas la quatrième gravure, somme toute pas très nette.
photos du musée car les photos sont interdites dans la grotte, bien évidemment.
La grotte Margot tient son nom d’une légende.
[Les grottes de Saulges] sont fameuses, moins par leur singularité que par le concours d’une multitude de pèlerins qui y abordent de toute part pour y consulter le devin. Tout ce que j’ai pu découvrir sur cette vieille superstition, c’est qu’une certaine fée qu’on nomme Margot tient son empire au fond de cette grotte, et distribue de l’argent à ceux qui viennent lui en demander, moyennant la redevance d’un agneau, d’une poule ou autre animal manducable, pourvu qu’il soit noir.
10 septembre 1706, Lettre de René Bouvet, conseiller au siège présidial du Mans. In Relation de Voyage.1
En sortant, il était 17 h, le groupe précédent avait passé l’heure à visiter le musée. Mais nous, nous n’avons eu droit qu’à une demi-heure car le musée ferme à 17 h 30.
En conclusion, une visite un peu décevante pour moi, même si j’étais très émue en voyant le rhinocéros.
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Par bluesy le 14 Septembre 2021 à 21:29
Samedi 3 juillet (suite)
Nous quittons Jublains pour Sainte-Suzanne. La pluie nous poursuit. C’est Bob Marshall qui nous accueille pour une visite guidée. Ancien diplomate, cet Écossais, habite Sainte-Suzanne depuis 2010 et fait partie de l’association des Amis de Sainte-Suzanne.
Sainte-Suzanne, un des plus beaux villages de France et petite cité de caractère surnommée « la perle du Maine » est située sur un éperon rocheux qui domine la vallée de l’Erve.
Le village compte environ mille habitants. Autrefois, il y avait de nombreux commerces, une modiste, une gendarmerie (qui comportait deux chambres de sûreté, une pour les hommes, une pour les femmes). La ville comptait plus de 1800 habitants au XIX è siècle.
Nous descendons la Grande Rue jusqu’aux remparts. Nous passons devant la musée de l’Auditoire (ancien auditoire de Justice), devant la maison de la carterie (Sainte-Suzanne était un centre important de papeterie). Le papier était fait à partir du lin et du chanvre. On en faisait des jeux de 52 cartes. Les enseignes représentant des tarots n’ont rien à voir avec cette activité.
ce n'est pas le château mais le château d'eau !
La maison des procureurs du Roi (par exemple le sieur Boisteau en 1591). Les procureurs du roi étaient chargés de recevoir les procès-verbaux et d’assurer tous les actes de justice.
Nous descendons quelques marches au niveau de la tour du Guichet, une des deux portes d’entrée dans la forteresse.
Le chemin de la Poterne nous permet de longer les remparts est et sud et d’avoir une belle vue sur la vallée, où nous apercevons quelques moulins à tan. Nous avons un bel aperçu sur les tours rondes des remparts, plus faciles à défendre que les tours carrées.
achilée jaune
valériane
la porte de fer
le logis :
La tour de guet est située au niveau de porte murée, la deuxième porte d’entrée dans la ville.
Le grenier à sel date de 1725. Le sel était une denrée importante et faisait l’objet d’un imôt obligatoire et détesté : la gabelle. La porte du grenier à sel a une serrure à trois clés : il fallait trois notables (le Président du Tribunal, le grenetier et le procureur du roi) pour l’ouvrir ! Le grenier à sel contenait jusqu’à 4 tonnes de sel, souvent de mauvaise qualité.
la rue du grenier à sel :
Nous pénétrons dans la cour du château, sans faire une visite approfondie.
Le rez-de-chaussée du donjon était un cellier pour entreposer les boissons et aliments. Neuf ouvertures permettaient l’aération nécessaire à la conversation des aliments. Le premier étage était l’étage noble par excellence. La grande salle (aula) servait de salle de réception et de banquier mais aussi de salle de justice. Le second étage était réservé aux appartements privés du seigneur. Le mobilier était limité : lits et coffres.
L’histoire de Sainte-Suzanne est compliquée. Le donjon a été édifié au début du 11 è siècle par la famille des Beaumont. En 1083, Guillaume le Conquérant assiège, en vain, pendant quatre ans, depuis le camp de Beugy, le château défendu par Hubert II de Beaumont-au-Maine (1030-1095). C’est «le seul château que le Conquérant ne put jamais prendre». La femme de Hubert de Beaumont était Ermengarde de Nevers, arrière-arrière-petite-fille d’Hugues Capet.
Au siècle suivant, Ermengarde de Beaumont (1170-1230 épousa Guillaume dit Le Lion, roi d’Écosse.
Bob se plaît à nous rappeler que les Écossais furent présents en 1401 aux côtés des soldats français et mirent en déroute les Anglais Revanche d’Azincourt.
En 1425, les Anglais prennent Sainte-Suzanne. En 1439, Jean de Bueil (1406-1477), compagnon de Jeanne d’Arc, reprend la ville occupée par John Falstof. Il faut dire qu’il a été aidé par John Ferramen, un soldat anglais, amoureux d’une suzannaise, qui leur ouvrit les portes.
Au XVI è siècle, la forteresse appartenait à Henri IV qui en avait hérité. Il la céda à son épouse, la reine Margot. Celle-ci revendit le château à Guillaume Fouquet de la Varenne. C’était un ami d’Henri VI qui le fit baron. Fouquet de la Varenne s’était distingué lors de la bataille de Fontaine-Française en 1595. Henri IV lui donna des armoiries : un lévrier, signe de fidélité au roi.
Guillaume Fouquet de la Varenne est également connu pour avoir créé les premiers courriers postaux.
En 1608, Guillaume Fouquet de la Varenne entreprend la construction du château Renaissance mais, suite à la mort d’Henri IV et à sa déchéance, il ne put l’achever. Il en reste le logis.
Actuellement, le château appartient au département.
L’église
Sainte Suzanne était la patronne des fiancés.
Bon repas au restaurant Beauséjour.
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Par bluesy le 13 Septembre 2021 à 23:09
Le temple et le théâtre sont construits à l’opposé l’un de l’autre et l’on peut passer de l’un à l’autre par un cardo maximus. Ce sont les deux pôles principaux du plan urbain. Le théâtre a été construit sur une pente naturelle. Les vestiges de deux théâtres successifs se superposent sur le site. Le théâtre du I er siècle est plus petit, presque circulaire (en bleu sur le plan). Il n’y avait pas de mur de scène Le théâtre du 2 ème siècle est plus grand et possède un mur de scène. Agrandie, la scène accueillait peut-être des spectacles de gladiateurs.
Chapiteau
dédicace. Une inscription en calcaire coquillier (découverte en 1989) apposée en plusieurs exemplaires apprend au spectateur que le théâtre a été payé par le riche Orgétorix. On appelle évergètes ces notables qui font des cadeaux à leur cité. L’inscription dit « En l’honneur/de la maison divine/Orgetorix/fils de A...surus/offre un théâtre/pour l’usage de la cité/de ses propres deniers »
pilier aux masques. Ces deux fragments appartiennent au même pilier orné.
Cette découverte d'une cité gallo-romaine m'a beaucoup plu Nous n'avons pas eu le temps d'aller visiter les thermes publics qui se trouvent maintenant sous l'église. Il faudra revenir à Jublains !
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Par bluesy le 13 Septembre 2021 à 21:24
Le temple. À cet endroit, il y avait un culte gaulois et le temple a été installé à côté. Une déesse-mère de 2,15 m de haut, assimilée à Venus, y trônait.
Du temple, il ne reste que le socle haut de 3 m. Le temple avait deux entrées : une à l’ouest pour le dépôt des offrandes :des statuettes, des ex-voto achetés par les gens, on en voit dans le musée),
ex-voto en forme d'yeux :
en forme d'oreille :
l’entrée principale était à l’ouest. Le péribole d’enceinte était peint sur ses deux faces. Le temple est dit périptère (la galerie entourait la chapelle centrale sur les quatre côtés) et octostyle (8 colonnes en façade). Les parties non visibles étaient en granite et les parties visibles en calcaires et marbres. La face extérieure était constituée d’une succession de panneaux cernés par des filets de couleur et agrémentés de tableaux figurés. Des oiseaux encadraient l’entrée principale (peinture de pigeon conservée au musée). Seuls les prêtres entraient dans le temple.
14 fragment de chapiteau à l’entrée du temple.
15 – décor peint : pigeon. Deuxième moitié du I siècle, temple entrée est
17 – déesse mère allaitant terre blanche II è siècle
18 – Vénus terre blanche II è siècle
Ces divinités indigènes sous les traits de Vénus et de déesse mère proviennent d’un même ensemble d’une soixantaine de figurines trouvées en 1865 à une cinquantaine de mètres du temple. Réserve d’un boutiquier ou dépôt votif ?
20 – tête de statue en calcaire coquillier enduit et peint
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Par bluesy le 13 Septembre 2021 à 15:19
Ce qu’on appelle la « forteresse » se trouve tout à côté du musée. Il pleut finement. Il faut faire attention à ne pas glisser sur l’herbe, et, comme le recommande Justine, ne pas se prendre les pieds dans les trous de lapins qui ont proliféré pendant cette longue période d’inactivité du musée.
C’est un monument unique dans le monde romain. Il a toujours été visible alors que les autres bâtiments, temple, théâtre, thermes ont été enfouis. Sa superficie est de un ha. Le bâtiment est composé de trois parties : le bâtiment central (construit en 200), le valum (290) et la muraille (295).
En 1837, Prosper Mérimée passe à Jublains et rédige un rapport pour l’octroi d’une subvention. Il convainc le département de la Mayenne d’acquérir la forteresse en 1839 (3600 francs)
Trop petit pour abriter une garnison romaine, le bâtiment central n’a pas de vocation défensive. C’était sans doute un entrepôt de l’administration impériale pour stocker temporairement les marchandises venues de Bretagne et reçues au titre de l’impôt, l’anone (blé, étain…), avant d’être convoyées vers Rome. On n’a pas retrouvé de bâtiments de ce type. La forteresse était séparée de la cité par un cimetière qui se trouve maintenant sous le musée.
Le valum, rempart de terre surmonté d’une palissade et précédé d’un fosse, avait un rôle défensif, le temps de construire la muraille, indispensable en cette période de crise sécuritaire importante (les bagaudes ravageaient la région).
à gauche le valum; la muraille extérieure à droite
La muraille extérieure n’a jamais été terminée car la ville a été désertée à cette époque.
Les murs font 2 m d’épaisseur. Ils sont constitués de moellons avec des lignes de briques pour réguler. Le gros appareil monte jusqu’au premier étage. Il y avait deux ou trois étages.
Pour monter les pierres, on se servait de pinces ou griffes qui coinçaient les pierres et elles étaient soulevées par la corde d’une « chèvre » actionnée pas des esclaves dans la « cage à écureuil ».
agrafes et pinces :
On utilisait aussi une louve pour soulever les pierres.
trou de louve :
Des agrafes en fer attachaient les pierres entre elles (cette technique était surtout intéressante dans les zones sismiques, comme nous l’avons vu à Garni, en Arménie). Les pierres ont par la suite, été creusées au coin pour récupérer les agrafes.
pierres creusées pour retirer les agrafes :
Le bâtiment central est composé d’une halle rectangulaire flanquée de quatre tours d’angle. Les murs extérieurs ne comportent pas de fenêtres.
Il y avait deux types de tours qui faisaient 3 à 4 étages : celles qui étaient ouvertes vers l’intérieur et vers l’extérieur (elles servaient de bureaux et d’habitat) et celles qui n’étaient ouvertes que sur l’intérieur car elles servaient de coffre-fort pour stocker l’or, l’étain, le bronze.
Il y avait plusieurs points de contrôle pour entrer dans la tour.
Justine nous explique le fonctionnement d’un e porte qui permettait d’entrer. La porte ne s’ouvre que de l’intérieur, elle était fermée par trois poutres. Le linteau bas obligeait à se baisser, ce qui mettait un ennemi éventuel en position de faiblesse. La porte avait 20 cm d’épaisseur et les murs 2,12 m. Une personne était en place jour et nuit pour ouvrir et fermer cette porte.
Un puits a été creusé pour pallier les risques d’incendie. Il y en a eu car on a retrouvé des grains de blé calciné, on éclairait avec des lampes à huile. Le puits fait 13 de profondeur, il est en eau à 6 ou 7 m. Dans sa partie supérieure, il est maçonné, ensuite c’est la roche. L’eau était très importante : protection contre les incendies, en cas de siège pour les thermes, pour l’alimentation des gens qui vivaient ici.
Nous sortons de la partie centrale. Vue sur la partie centrale à l'extérieur, nous sommes entre la partie centrale et le valum.
Dans l’enceinte du valum se trouvent des thermes privés, les thermes publics se trouvent maintenant sous l’église. Les gens entraient d’abord dans le vestiaire, puis traversaient le frigidarium (qui a conservé son dallage de schiste) sans s’arrêter puis entraient dans le tepidarium (salle tiède) où ils se faisaient masser, nettoyer avec un cure-oreilles, un cure-ongles, une pince à épiler. Dans le sudatorium (50°) ils se faisaient gratter les peaux mortes avec un strigile. Puis ils entraient dans le bain chaud où ils se lavaient et se rinçaient. Ils repassaient dans le sudatorium sans s’arrêter. Dans le frigidarium ils se trempaient dans l’eau froide à 18°). Le système de chauffage était à base d’hypocaustes : on mettait plus ou moins de colonnettes selon la température souhaitée. Le sol était à un mètre au-dessus du niveau actuel.
au fond, à gauche, les thermes :
au premier plan, la salle froide avec son dallage de schiste :
bain chaud et au fond, la chaufferie :
Toujours dans l’enceinte du valum, un bâtiment appelé « les petits bains ». C’était plus vraisemblablement un fumoir qui servait à sécher la viande. Ce modèle existe en Afrique du Nord.
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