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Fatehpur Sikri, la ville de la Victoire
Vendredi 9 février.
Nous quittons Jaipur à 7 h 30 pour nous rendre à Fatehpur Sikri, la Ville de la Victoire, qui fut capitale de l’Empire Moghol d’Akbar de 1571 à 1584. Fatehpur Sikri est dans l’état d’Uttar Pradesh.
Akbar, le troisième Grand Moghol, était fils de Humâyân, petit-fils de Babar et descendant de Tamerlan. Il a passé son enfance en Iran et accéda au trône à 14 ans, en 1556. Il est Musulman, comme tous les Timourides. Comme ses ancêtres Timourides, Gengis Khan, Tamerlan et Babur (qui érigeait des tours avec les crânes de ses ennemis), il était un féroce conquérant. Il massacra 30 000 rajputs à Chittorgarh en 1567 et les femmes rajouts firent jauhar, pour la troisième fois dans cette ville.
Tolérant en matière de religion, en 1562, il interdit la conversion forcée à l’Islam, les mariages précoces, la circoncision des enafants sans leur accord et avant 12 ans, il supprima l’impôt de la charia qui frappait les non-musulmans. Il s’entretenait avec des prêtres de différentes religions, chiites et sunnites, jaïns, hindous, mazdéens, chrétiens. Il les réunit pour qu’ils débattent mais chacun resta sur ses positions. Akbar finit par proclamer le dogme de son infaillibilté et fonda le Tauhid-i-Ilahi, « le divin monothéïsme).
Akbar avait 5 ministres hindous et 4 musulmans.
Akbar avait, dit-on, un harem de 5000 femmes (servantes, 360 concubines…) mais un nombre plus restreint d’épouses : des musulmanes mais aussi une Hindoue (la mère de son fils et successeur Jahangir), et même une chrétienne, portugaise enlevée par des pirates.
Akbar se rendait souvent à Sikri, près d’Agra, où vivait un ermite, Salim Chishti. Les bénédictions de l’ermite furent bénéfiques : Akbar eut trois fils. L’aîné, Salim (qui deviendra plus tard Jahangir, le quatrième Grand Moghol), naquit en 1569. Sa mère, Jodhaï (appelée aussi Mariam-uz-Zamani ou Harkha Bai) accoucha près de l’ermite. Petit rappel : Jodhaï était hindoue, fille de Bhar Mal et sœur de Bagwan Das, donc tante de Man Singh, le premier constructeur du fort d’Amber. Pour rendre grâce, Akbar décida de faire de ce lieu sa capitale avec mosquée, palais… En 1573, il baptisa la ville Fatehpur Sikri, la Ville de la Victoire, en souvenir de sa récente conquête du Gujarat. La ville fut édifiée en quelques années par un main d’œuvre nombreuse (prisonniers de guerre) mais en 1585 fut abandonnée peut-être à cause de la sécheresse, au profit de Lahore, plus proche pour surveiller les tribus afghanes.
Nous pénétrons dans le complexe par une porte monumentale, 54 m de haut, la Buland Darwaza « la porte sublime ». Une cour immense est entourée de plusieurs bâtiments
vue de l'extérieur ;
vue de l'intérieur :
et une autre porte, Badshashi Darwaza, « porte royale » car empruntée par le roi.
La mosquée Jama Masjid (168 m sur 144) fut construite en 1571 et serait une copie de celle de la Mecque. Elle dispose d’une cour intérieure. La mosquée n’a pas de minaret, l’appel se fait à partir des coupoles.
à gauche la mosquée, au centre le tombeau de Salim Chishti et à droite le jamaat khana
la porte de la mosquée
les nids de guêpes :
Tous les bâtiments du complexe sont en grès rouge mais le bâtiment qui renferme la tombe de l’ermite Salim Chishti a été recouvert de marbre blanc. Les femmes qui désirent un garçon viennent accrocher des brins de laine aux fenêtres. Pour entrer dans le bâtiment, il faut se couvrir la tête.
Le Jamaat Khana, salle de prière, contient la tombe d’Islam Khan, général de l’armée Moghole et petit-fils de l’ermite Christi. D’autres tombes renferment les restes de disciples et de dignitaires. Les gens déposent des offrandes sur les draps verts.
Nous sortons par la porte royale pour visiter un autre groupe de bâtiments.
Sunahra Makan est appelé aussi la maison de Maryam. Il y avait deux Maryam à la cour d’Akbar : sa mèreMaryam Makani (Hamida Banu Begum) et Maryam Zamani (Jodhai), mère de son fils Jahangir. On dit que ce bâtiment était occupé par la mère d’Akbar et la femme d’Akbar habitait dans le bâtiment principal, le Haram Sara. On dit aussi que c’était la maison de la femme chrétienne. Ce bâtiment était entièrement doré.
Autour d’une grande cour, se trouvent plusieurs bâtiments. Le palais de Jodhai de style hindo-musulman abritait les appartements des épouses de l’empereur et des 300 odalisques de son harem. Il y avait une chapelle pour la femme chrétienne. Il était protégé par une garde de fidèles rajputs et d’eunuques.
Haram Sara : au-dessus de la porte, deux triangles imbriqués formant une étoile sont un ancien symbole aryen et représente le masculin et le féminin. Il y avait des appartements réservés aux eunuques (avec les coupoles).
Hawa mahal : avec des jali à claire-voie.
Le palais de la femme catholique était entièrement peint extérieur et intérieur et incrusté de pierres précieuses. Tout a été voléà l’époque de la colonisation britannique. Il y avait un salon avec coupole. Bien qu’analphabète, Akbar venait souvent philosopher ici. Des peintures représentent Krishna et sa femme.
La place Pachisi . Au milieu se trouve un bassin, le Anup Talao. Ils s’installaient autour, sur des chaises, pour écouter le chanteur royal Tansen. A droite, on voit le palais d’Akbar, à gauche une medersa pour les enfants.
Le Panch Mahal, palais d’Akbar : la chambre à coucher. Akbar était petit (1,58 m).
Le palais renferme aussi les appartements des femmes. Motifs floraux et étoiles avec incrustations de pierres précieuses volées.
Sur la place Pachisi, Akbar jouait au chaturanga, sorte de jeu d’échecs ; les pions étaient, dit-on des femmes esclaves.
Le Daulat Khana appelé aussi kiosque de l’astrologue. Au dessus de la porte d’entrée la courbe représente le Gange, une goutte et le crocodile Makara (monture de la déesse Ganga) . C’est sans doute là que les comptes du trésor étaient tenus.
On dit que les femmes officielles jouaient à colin-maillard avec le roi dans les galeries.
Le diwan-i-khas : Salle d’audiences privées avec pilier central surmonté d’un chapiteau jaïn. Du chapiteau, partent quatre ponts de pierre qui vont dans les quatre coins. C’était peut-être l’endroit où on rangeait les innombrables bijoux du trésor impérial.
Le diwan-i-aam : salle d’audiences publiques. Le roi recevait les plaintes. Les condamnés étaient exécutés avec un éléphant qui leur écrasait la tête.
À lire : « les ravissements du Grand Moghol » de Catherine Clément, qui raconte la vie d’Akbar, de ses femmes et de ses concubines. Le livre se termine par la mort d’Anakarli (« fleur de grenade) appelée aussi Nadira Begum, esclave légendaire aimée de Jahangir, le fils d’Akbar, ce qui aurait provoquée la jalousie d’Akbar.
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Commentaires
Très belles photos et explications sur ces lieux que nous avions visité en 2011, et que nous avions beaucoup appréciés pour les magnificence, très bien entretenus et conservés...Bon dimanche et bises