• La folie furieuse de François Darreau

    Hier je vous ai raconté l'histoire de François darreau, le chanteur à l'église de St Victor de Buthon.

    A peu près à la même époque, un autre François Darreau, sans domicile fixe, faisait un esclandre le 3 octobre 1745 dans les rues de La Loupe (Eure-et-Loir). Son procès peut être lu aux AD de Chartres (B 631)

    "On arresta hier dans la rue de l’estang de ce bourg de La Louppe le nommé François Darreau qui n’a actuellement aucun domicile fixe, pris en flagrant délit à la clameur publique, pour avoir insulté plusieurs habitants du bourg de La Louppe, estans entré comme un furieux dans la maison d’un nommé Cornillau aubergiste, où en jurant, il auroit rompu les rideaux d’un lit, pris une nappe de sur la table, l’auroit jettée par la fenestre, cassé plusieurs verres, entré dans son jardin, détaché des pesches, et les jetter. La femme du dit Cornillau ayant voulu l’en empescher, il pris une tuille de sur la maison pour l’en frapper. Estant sorti de chez le dit Cornillau, entré dans la maison d’un nommé Rossignol, et dans son jardin ou il a arraché des choux, et rompu des feuilles. Après quoy continuans son chemin le long de la rue du dit estang ayans des pierres à la main en a jetté une dans la boutique d’un nommé Marchais qui étoit pour lors à travailler de son mestier de bourelier à dessein de la frapper, et enfin a contraint tous ceux qui estoient dans la rue de se retirer promptement dans leurs maisons. Lequel Darreau fut conduit dans les prisons de ce lieu ou il est actuellement."

    Voici l'interrogatoire de François Darreau :

    "Interrogé de son nom surnom, qualité et demeure et age a repondu avoir nom François Dareau agé de cinquante six ans ou environ etre journalier et qu’il demeure partout
    Interrogé pourquoi il a été detenu en prison a répondu en scavoir la cause et ne vouloir la déclarer
    Interrogé ou il était le jour d’hier sur les neuf à dix heures du matin
    A répondu qu’il ne voulait déclarer et se réservait à le faire devant autres juges que nous. Interrogé s’il n’est pas vray que le jour d’hier il fut chez le nommé Cornilleau cabaretier à La Louppe
    A répondu qu’il y étoit mardi dernier au matin
    Interrogé s’il n’est pas vrais qu’étant chez le dit Cornilleau il a déchiré chez le dit Cornilleau samedi dernier le rideau rouge d’un lit appartenant au dit Cornilleau
    A répondu qu’il n’en a été déchiré qu’un petit morceau et cela lorsque le dit Cornilleau le jetta sur le lit
    Interrogé s’il n’est pas vrais qu’il luy a cassé plusieurs verres et jetté les nappes qui etoient sur ses tables par les fenaitres dans la rue a répondu qu’il n’a cassé chez le dit Cornilleau aucun verre et qu’à l’égard du jet de ses nappes par les fenetres dans la rue, cela n’a été fait qu’à la sollicitation du dit Cornilleau
    Interrogé s’il n’est pas vray qu’il a été dans le jardin du dit Cornilleau, ou il a détaché des pechers les peches qui y etoient qu’il les a jetté de ça de la.
    A répondu qu’il a été dans le jardin du dit Cornilleau, qu’il a détaché les peches et rompu les feuilles d’un chou et cela par la sollicitation de l’épouse du dit Cornilleau
    Interrogé s’il n’est pas vray qu’il a été le dit jour de samedi dernier chez le nommé Rossignol
    A répondu que oui et qu’il est entré dans son jardin
    A luy demandé qu’es ce qu’il voulait faire
    A répondu qu’il vouloit hacher un choux, et en rompre les feuilles
    Interrogé s’il n’est pas vrais encore que la femme du dit Cornilleau voulant empescher le desordre que le dit repondant faisoit dans son jardin il prit des tuiles sur le tois de la maison pour les luy jetter
    Interrogé pourquoy luy repondant sortit de chez le dit Cornilleau dans la rue, il a jetté ses sabots sur les personnes des nommés Marchais bourlier et Paulmier chaplier eux travaillants en leur boutique
    A répondu qu’il est vray qu’il a jetté ses sabots dans les boutiques des cy dessus nommés et que s’étoit à la sollicitation de Cornilleau et depuis a déclaré qu’il n’a point jetté dans la boutique du dit Paulmier un sabot mais bien une pierre
    A luy demandé s’il scait la raison pour quoy le dit Cornilleau le sollicitoit a faire tout cecy
    A répondu qu’il n’en scait rien, qu’il ignore son dessein, mais qu’il scait bien le sien
    A luy demandé quel est son dessein
    A répondu que son dessein est de ne blesser personne
    Interrogé pourquoi il a jetté son argent tant chez le dit Cornilleau que dans la rue et le donnoit a quiconque le vouloit recevoir, et notemment à la fille du nommé Chassevand
    A répondu qu’il n’a pas jetté son argent dans la maison du dit Cornilleau ny dans la rue mais qu’il a donné a la fille du dit Chassevant un ecu de trois livres
    Interrogé pourquoi il insulté tous les passans et par ses jurements, menacé, violanté il a contraint les habitants de ce bourg a se renfermer chaquun chez eux
    A répondu qu’il n’a insulté, violanté ny contraint personne de se renfermer chez elles"

    J'ai respecté les termes et l'orthographe qui sont assez savoureux. J'ai juste supprimé quelques passages et ajouté des signes de ponctuation pour rendre le texte plus lisible.

     

     


  • Commentaires

    1
    Mercredi 17 Octobre 2007 à 20:14
    un bon texte pour l'étude du discours indirect à l'école ...mais je suis à la retraite alors!
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