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Le musée d'Afrasiab à Samarcande
Vendredi 6 octobre
Nous voici donc à Samarcande ou Samarkand (en ouzbek : Samarqand), ville mythique de la route de la soie. Il fait froid (7° à 14°), le temps est gris.
La ville a été fondée au VIII è siècle avant notre ère par les Sogdiens, peuple scythe et est devenue la capitale de la Sogdiane. Elle a un passé très ancien : 2750 ans et a connu diverses religions : Zoroastrisme, Bouddhisme, Hindouisme, Manichéisme, Judaïsme et Église d’Orient sous différentes occupations : les Perses de Cyrus I, II et Darius I, II et III (VI è au IV è av JC), Alexandre le Grand (IV è av JC), les Sassanides, les Huns, les Turcs, les Arabes. Elle est devenue aussi un protectorat chinois de la dynastie Tang. Samarcande est par la suite conquise par Genghis Khan puis en 1329, devint la capitale de l’empire de Tamerlan.
Il y a eu un grand mélange d’ethnies : Ouzbeks, Grecs, Huns, Perses, Russes. Alexandre le Grand s’est rendu maître de l’empire achéménide (le général perse Spitaménès a lutté contre lui). Il a épousé Roxane, qu’il avait capturée lors de la conquête de la Sogdiane et qui lui avait donné un fils aux yeux bleus. Mille soldats grecs se sont mariés avec des femmes de Samarcande (qui s’appelait à cette époque Maroqanda). Alexandre a envoyé les livres de Samarcande en Macédoine à son maître Aristote. Les Sogdiens ont récupéré les livres et se sont enfuis en Inde. Mais c’était l’hiver et une partie des Grecs est restée en Himalaya dans un village bien protégé, sans routes d’accès (les Kalash se réclament descendants d’Alexandre, ils ont les yeux bleus). Les Grecs sont revenus à Babylone où Alexandre meurt en 323 av JC.
l'empire d'Alexandre :
C’est maintenant une ville de un million d’habitants.
Le musée d’Afrasiab a été construit à l’endroit de la ville ancienne d’Afrasiab. Les ruines ont été découvertes par hasard en 1965 lors des travaux pour creuser une route.
dans l'entrée du musée, le tigre, symbole de puissance :
et le phénix, symbole de paix :
Dans le musée, nous avons vu les fresques (7 m de hauteur) d’un palais sogdien. Les explications étaient écrites en français car des archéologues français participent à l’étude de ces fresques. Sur les schémas, j’ai recopié les légendes peu lisibles sur mes photos. En rouge, une explication que j’ai trouvée sur un site et que j’ai ajoutée. En gris foncé, ce sont les parties qui sont maintenant effacées et qu’on a reconstitué sur les schémas. Selon les archéologues, les schémas de reconstitution sont parfois différents.
Ces fresques sont très abîmées (lors des travaux de terrassement et aussi par la suite) et diverses interprétations ont été données.
Sur le mur ouest, en face de l’entrée, se trouve la fresque des Ambassadeurs. On connaît le sujet de ce panneau car il est écrit sur la robe blanche d’un personnage. En 655, le roi de Samarcande, Vakhuman envoya une ambassade à la cour des Tang, peut-être pour demander une protection contre les invasions arabes. En haut, certains archéologues supposent qu’il s’agit du roi, d’autres de la déesse Nanaïa.
Sur le mur nord, à droite de l’entrée, on voit une scène qui se passe en Chine, à la cour des Tang. Les femmes ont la coiffure qu’on retrouve sur les statuettes chinoises de l’époque Tang. La scène est séparée en deux parties par une bande oblique : à gauche, dans un bateau, se trouve l’impératrice Wu Zetian (un peu plus grande que les autres) et des musiciennes. À droite, l’empereur Gaozong (640-683) est plus grand que les autres personnages. Les hommes chassent la panthère (ou le léopard).
Sur le mur sud, à gauche de l’entrée, se déroule une procession qui se dirige vers l’est (l’est et le sud sont les directions du Paradis chez les Zoroastriens). Les archéologues supposent que la procession se dirige vers le mausolée des parents du roi Varkhuman. Le roi est représenté plus grand que les autres personnages. Devant lui, des dignitaires portent des massues pour assommer les animaux qui seront sacrifiés (ils seront égorgés). Ces animaux sont les oies sacrées (destinées à Zurvan, l’équivalent de Brahma dont la monture est aussi une oie) et le cheval sellé et caparaçonné destiné à Mithra, dieu solaire et juge des morts. D’autres archéologues pensent qu’il s’agit du mariage d’une princesse.
photos du net :
Les fresques du mur est sont très abîmées et se trouvent de chaque côté de la porte. Les archéologues y voient une représentation de l’Inde. Les eaux tumultueuses représenteraient le fleuve qui, pour les Zoroastriens, sépare les vivants des morts.
En conclusion, les peintures sont très belles, c’est dommage qu’elles soient si abîmées.
Les autres salles du musée présentent des objets de la même époque.
adoration du feu et du soleil :
autel zoroastrien II et III è siècle ap JC :
le plus ancien échiquier du monde, (photos du net)
maison avec autel (VII è s.)
ossuaire zoroastrien . Derrière : crânes déformés, signe de noblesse (comme chez les Incas et Mayas)
Un site intéressant : Clic-clic
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Commentaires
Bonjour
Je rentre d'un séjour en Ouzbékistan et j'ai visité ce musée.
Bravo pour la qualité de votre reportage très développé.
Bien cordialement
Yvan