Ravenne, histoire de la ville et petit tour dans les rues

23 Avril 2025

Jeudi 10 octobre. Ravenne

Il fera beau : soleil, 24°. 10 000 pas.

Plan de Ravenne

1 hôtel NH Ravenne et en face, église Saint-Jean l’évangéliste

2 mausolée dit de Galla Placidia

3 baptistère des Orthodoxes ou néonien

4 Saint Apollinaire-le-neuf

5 baptistère des Ariens

6 piazza del Popolo

7 basilique San Vital

9 tombeau de Dante

11 musée archiépiscopal et chapelle de l’archevêque et le Duomo

13 maison aux tapis de pierre

Ravenne était installée dans une lagune au sud du delta du Pô, dans une région marécageuse ; la cité a été construite sur pilotis (comme Venise). La ville était alors à 3,5 km de la mer. Elle doit son développement à l’installation d’un grand port militaire (nommé Classis ou Classe, ce qui veut dire La Flotte) par l’empereur Auguste (250 navires pouvaient y être amarrés). Un canal reliait le port au Pô. C’était alors l’un des deux plus grands ports de la Méditerranée orientale. Le but de la flotte militaire était d'établir l'ordre dans l'Adriatique, puis dans l'Orient et la mer noire. La connexion entre l'Orient et Classis était importante au niveau commercial.

Ravenne fut 4 fois capitale : la Classis Adriatica, l’empire romain d'Occident, l’empire de Théodoric, l’exarchat byzantin

Dans ce port, bien relié avec l’Orient, le christianisme se développe tôt. Saint Apollinaire (I et II è siècles) est le premier évêque, il s'établit à Classis puis à Ravenne.

Mais du fait de sa situation sur une côte basse et des alluvions, au IV è siècle, le port s’ensable et perd de son importance.

En 330, Constantin (274-337) reconstruit l'ancienne Byzance et la nomme Constantinople. Il promulgue l'édit de tolérance envers les chrétiens et se convertit au christianisme. Il est souvent représenté sur les icônes avec sa mère et entre eux la croix.

325 : concile de Nicée qui condamne l'arianisme

En 395, à la mort de Théodose, l'Empire romain est partagé en deux entre ses deux fils : Arcadius reçoit l'Orient et Honorius l'Occident. L'Orient est assez fort et stable mais l'Occident est soumis aux désordres et invasions.

402 : Honorius, fils de Théodose, installe la capitale à Ravenne (la capitale, Milan, était devenue indéfendable) plus facile à défendre car située au milieu de marécages. De par son ouverture sur la mer, elle permettait des liaisons plus faciles avec Byzance.

À sa mort, c'est sa demi-sœur, Galla Placidia (388-450), qui devient régente au nom de Valentinien III. Pendant les 25 ans de régence de Galla Placida, la ville se développe et plusieurs constructions voient le jour : Baptistère Néonien, Mausolée de Galla Placida… Au Vè siècle, il y avait 110 000 habitants.

451 : concile de Chalcédoine qui confirme Nicée

476 : fin de l'empire romain d'Occident (Abdication de Romulus Augustule). Odoacre devient roi de 476 à 493. Zénon, empereur de Constantinople, invite Théodoric, roi des Ostrogoths à envahir l'Italie. Théodoric fait assassiner Odoacre.

493 : Théodoric devient roi. C'est un Goth, il est Arien, il fonde le royaume ostrogoth (royaume des Goths de l'Ouest qui durera de 439 à 593). Il restaure l'aqueduc, construit une enceinte, fait construire un palais, une église qui deviendra St Apollinaire-le-neuf, le baptistère des Ariens.

À cette époque, plusieurs religions cohabitent (arianisme des Goths, christianismes " orthodoxe " et latin).

526 : mort de Théodoric (mausolée à Ravenne)

L'empire romain d'Orient que nous appelons l'empire byzantin n'a pas disparu. Pendant ce temps, l'empire ostrogoth s'affaiblit peu à peu.

540 : Justinien, l'empereur de Byzance, lance les "guerres gothiques"

Les armées de Byzance commandées par le général Bélisaire prennent la ville. Ravenne devient le plus grand centre politique et religieux de l’Italie : base de départ pour la guerre contre les Goths, constructions et décorations d’églises comme Saint Vital, Saint Apollinaire in Classe consacrées par l’évêque Maximien.. La province est gouvernée par Narsès jusqu'en 565.

565 : mort de Justinien (ca 483-565) Théodora (ca 500-548)

568 : invasion par les Lombards(peuple arien)

La province étant très éloignée de Byzance, elle est gouvernée par un exarque qui a de très larges pouvoirs militaires et civils. C'est l'exarchat de Ravenne (569-751).

Ravenne garde des liens étroits avec Byzance aux VI^ème et VII^ème siècles. La ville est prise en 712 par les Lombards, reprise par les Byzantins et à nouveau par les Lombards qui commencent à piller.

726-730 : période iconoclaste

752 : la ville est intégrée dans les États pontificaux.

Le Pape, en remerciement de sa lutte pour le christianisme, autorise Charlemagne à prendre ce qu’il veut : nouveau pillage de mosaïques, marbres, statues pour le palais d’Aix la Chapelle.

La ville connaît une renommée importante du point de vue économique et culturel aux X^ème et XI^èmesiècles mais déjà la nappe phréatique monte et il faut remontrer le sol des églises.

787 : le concile de Nicée II condamne l'iconoclasme.

Ensuite Ravenne entre dans une période de déclin : perte du territoire, luttes politiques entre familles, domination vénitienne, pillage français en 1512 et inondations catastrophiques en mai 1636 (pratiquement 3 mètres d’eau dans Saint Vital !), pillage des troupes napoléoniennes.

Le 11 avril 1512, jour de Pâques, eut lieu la bataille de Ravenne entre les troupes de Louis XII conduites par Gaston de Foix (neveu de Louis XII) et Bayard. Les troupes françaises étaient alliées au duc de Ferrare contre les troupes de Ferre contre la Sainte Ligue constituée par le pape guerrier Jules II (république de Venise, Angleterre, cantons suisses, Espagne). Ce fut une bataille sanglante et tragique qui marqua les esprits. Gaston de Foix mourut dans cette bataille. Les troupes françaises remportèrent la bataille mais ce fut « un coup d’épée dans l’eau » et les Français durent abandonner le duché de Milan. Le lendemain de la bataille de Ravenne, la ville fut mise à sac et le pillage dura une semaine.

Depuis, le site

Depuis, le site s'est peu à peu ensablé et la mer est à 10 km.

Outre Dante, Ravenne a attiré des artistes, Barbara Longhi (XVI è, peintre), Boccace, Byron qui a séjourné dans le palais Guiccioli, Klimt, l'artiste aux peintures d'or. "La douce morte", c'est ainsi que surnomme Ravenne Eugène-Melchior de Vogüe (1848-1910), ambassadeur et cousin de Charles-Jean-Melchior de Vogüe (1829-1916) dont je parle dans la visite du château de la Verrerie (Cher).

Nous partons de l’hôtel NH Ravenna à 8 h 30, munis de nos audiophones, pour être à l’ouverture du mausolée dit de Galla Placidia. C’est Catherine de Buzon, historienne de l’art, qui nous guide le matin : mausolée de Galla Placidia, basilique San Vital. L’après-midi, la visite de la ville sera guidée par Verdania, guide locale (elle tient son prénom de sa mère, grande admiratrice de Verdi). Nous visiterons le baptistère des orthodoxes, la cathédrale, le musée de l’archevêché et la chapelle de l’archevêque.

De l’hôtel au mausolée, il n’y a que 800 m et je prends quelques photos le long des rues. Sur la rue, une zone blanche plus plate et plus lisse est réservée aux vélos.

le marché couvert

musée archéologique

statue de Garibaldi

santa Maria Maggiore

La place du Peuple, piazza del Popolo, était le centre administratif, politique et religieux de Ravenne. La ville fut reconstruite fin XVè par les Vénitiens. Comme de nombreuses communes d’Italie, Ravenne fut en proie aux luttes entre les Gibelins, partisans de l’Empereur et les Guelfes, partisans du Pape.

Tout en longueur, la place est entourée de beaux bâtiments dont l’hôtel de ville. Certains sont surmontés de créneaux et de merlons en queue d’hirondelle, caractéristiques de l’architecture liée aux Gibelins (partisans de l’Empereur).

Deux colonnes vénitiennes seront notre point de rendez-vous. Attention, se ranger de chaque côté, pas au milieu qui était l’emplacement du gibet ! Sur l’une se trouve la statue de Saint Apollinaire (elle a remplacé le lion de Saint Marc après la victoire du pape Jules II sur les Vénitiens en 1509) et sur l’autre la statue de saint Vital.

créneaux gibelins

inscription : Theodore rex

La place del Popolo s’appelle ainsi depuis les élections de 1946 quand 88 % des habitants votèrent pour la République contre la monarchie.

hommage à Guiseppe Mazzini (1805-1872), révolutionnaire et patriote italien

Voûte ; portraits de Gaspar Garatoni (1743-1817), de Camillo Morigia (1743-1795), architecte et créateur notamment du tombeau de Dante, Luca Longhi (1507-1580), peintre de l'époque maniériste.

Je reviendrai plus tard sur les visites des monuments majeurs pour montrer quelques photos prises pendant le temps libre (repas libre pris sur la place du Peuple) de la pause méridienne.

La tombe de Dante

Dante (ca 1265-1321) était un personnage politique important à Florence, partisan des Guelfes blancs opposés au pape. En 1302, il fut banni de Florence (avec menace de bûcher s’il revenait) et trouva enfin refuge à Ravenne au palais Guiccioli où il mourut peut-être de la malaria. Le décret de bannissement ne fut aboli qu’en 2008. Il écrivit La divine comédie à Ravenne, il situe l’entrée du Paradis dans la forêt de Classe, au sud de Ravenne. Son tombeau, construit au XVIII è siècle, se trouve près de la basilique Saint-François. Ce petit temple (qui est un monument national) a été construit dans une zone de licence dénommé « zone dantesque ». Le jour de sa mort, Dante fut enterré à l’intérieur d’un sarcophage en marbre de carrare.

Plus tard, en 1519, les Florentins voulurent récupérer les restes de Dante. La délégation envoyée par le pape trouva le sarcophage vide : les Frères Franciscains les avaient cachés puis ils les remirent en place. L’histoire des os de Dante ne s’arrête pas là car, en 1810, ils furent de nouveau cachés afin de les soustraire à l’armée napoléonienne. En 1865, lors de travaux, on retrouva les ossements et ils furent replacés dans la tombe.

De son côté, Florence construisit un cénotaphe qui représente Dante, pensif, avec la Poésie qui pleure (à droite) et l’Italie sous les traits de Cybèle. Une statue de Dante se trouve aussi à Florence. Tout ce que peut faire la ville de Florence, en l’honneur de Dante, c’est d’offrir l’huile qui l’alimente la lampe allumée dans le tombeau.

le cénotaphe de Florence :