Nous arrivons à Urbino. Pour accéder à l’hôtel Italia, il nous faut prendre l’ascenseur de la ville car le bus n’a pas le droit de monter et doit se garer sur le parking du bas. Un orage se déclare. Heureusement l’ascenseur n’est pas loin et débouche sur une galerie couverte sur laquelle se trouve notre hôtel.
Quelques instants de repos et Catherine nous attend pour une deuxième conférence : Têtes à têtes. Commanditaires et artistes. Le portrait au XV è siècle.
Photos Wikipédia
Peindre, pour garder la mémoire des banquiers, des riches marchands.
À Florence, Fra Angelico (1400-1455) travaille pour Cosme de Médicis (le futur grand-père de Laurent le Magnifique). Le banquier Cosme l’Ancien a fait des Médicis une famille puissante.
Les saintes conversations (1434, couvent San Marco, Florence). Les personnages, sacrés ou non partagent le même espace bien qu’ils ne soient pas de la même époque.
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Le miracle de la jambe noire. Les deux frères, Saint Cosme et Saint Damien, étaient médecins avec la vertu de charité (ils ne font pas payer). Ils se disent responsables de la bonne santé de Florence. Sur ce tableau, le bedeau Justinien est allongé, fiévreux. Damien et Cosme pensent qu’il a une gangrène. lls coupent la jambe, prennent celle du mort le plus frais au cimetière (un Africain, d’où la couleur de la jambe) et la greffent à la place de la jambe malade. Des détails donnent vie à ce tableau, les pantoufles et le tabouret qui attendent que leur propriétaire se lève, la bouteille d’eau et le verre. Les frères médecins sont habillés et coiffés de la même façon, une auréole pour la sainteté et un chapeau rouge pour leur activité de médecin. Ce sont les saints patrons de Florence
Un des ancêtres des Médicis étant apothicaire : medici = médecin. Le sujet de ce tableau par Cosme est un choix politique : quand on voit Cosme et Damien, on pense aux Médicis.
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En 1445, Fra Angelico quitte Florence pour Rome. Il orne la chapelle de Nicolas V (chapelle Nicoline) en illustrant les vies de saint Laurent et de saint Étienne.
Ces deux fresques se suivent, elles sont l’une à côté de l’autre et se suivent chronologiquement.
Saint Laurent reçoit les trésors de l’Église. Le pape Sixte II (III è siècle) remet le trésor de l’Église à son diacre Laurent pendant que des soldats de l’empereur Valérien frappent rudement à la porte. À droite, on voit l’intérieur de la maison et le jardin.
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Saint Laurent donnant l’aumône. Sixte II vient d’être décapité sur l’ordre de Valérien et Laurent distribue l’argent qu’il vient de recevoir aux pauvres (voir tableau précédent). Laurent sera mis à mort plus tard sur un gril. Sur ces fresques, Sixte II a les traits du pape Nicolas V, le but étant de célébrer la papauté romaine (l’époque des papes d’Avignon n’est pas si loin).
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En 1439, Cosme de Médicis accueillent, dans le but de négocier l’union des Églises d’Orient et d’Occident le pape Eugène IV ainsi que l’empereur de Byzance, Jean VIII Paléologue suivi des patriarches, des philosophes et des nobles, somptueusement vêtus. Il y avait à Florence, une confrérie appelée Compagnie des Mages, présidée par Cosme, et qui organisait les fêtes de l’Épiphanie.
En 1459, il engage le peintre Benozzo Gozzoli (élève de Fra Angelico) pour représenter ce cortège et célébrer la magnificence des Médicis. Cette fresque s’appelle Les rois mages et se trouve dans la chapelle Medici-Riccardi à Florence. Sur cette fresque sont représentés, vêtus de rouge (la couleur de l’autorité) tout devant : Laurent, petit-fils de Cosme. Laurent (qu’on appellera plus tard Le Magnifique n’a que 10 ans quand la fresque est peinte, il n’était donc pas né au moment du Concile de 1439. Il représente le mage Gaspard (ou un autre?), on voit le blason des Médicis sur son harnais et derrière lui, un laurier, son emblème. D’autres parents, hommes politiques, amis sont représentés sur cette fresque (pas de femmes) : Il y aurait Cosme lui-même ; Pierre (père de Laurent) et Cosme, fils de Cosme ; le basileus (Melchior), Julien, frère de Laurent ; Jean Sforza ; Sigismond de Malatesta, Pie II…
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Laurent :
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Benezzo Gozzoli s’est représenté lui-même, coiffé d’un bonnet rouge sur lequel est écrit, en lettres dorées, Opus Benetii pour signifier « C’est moi qui l’ai fait ». C’est la première fois qu’un peintre se représente sur un tableau.
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Dans les Flandres il y a des comptoirs Médicis à Bruges, Gand….
Les peintres flamands font aussi intervenir les portraits des donateurs ou eux-mêmes dans leurs œuvres
Annonciation de Robert Campin (vers 1425). Retable sur bois. À gauche, le donateur et, sans doute, son épouse. Ils se tiennent en dehors de la scène principale. Entre les deux personnages, à l’arrière, certains pensent qu’il s’agit du peintre.
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Les peintres ont le souci de rendre la vérité qu’elle soit belle ou laide.
l’homme au turban rouge de Jan Van Eyck (considéré comme un autoportrait)1433. L’homme porte un chaperon dont les pans ont été noués.
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Les époux Arnolfini de Jan Van Eyck ) Arnolfini était un marchand toscan habitant Bruges. Au fond, un miroir où on voit le portrait du peintre et sa signature mais : le petit chien a disparu et les époux ne se tiennent plus la main. Envers du décor ? Le personnage en bleu dans le miroir est-il le peintre ? Au dessus du miroir, la signature du peintre "Johannes de Eyck fuit hic 1434 ". Il tient à signaler qu’il était là et qu’il a fait ce tableau.
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retable de l’Agneau mystique ; de Jan Van Eyck. Ici le retable est fermé. À gauche, le commanditaire ; à droite son épouse ;au milieu les deux Saint Jean ; en haut on reconnaît le commanditaire. Il est riche, il est pieux.
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Retable du buisson ardent (Nicolas Froment) exposé à Aix. Ca 1476. De chaque côté les commanditaires, le roi René et la reine Jeanne de Laval.
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La Vierge du Chancelier Rolin. C’est une conversation sacrée , le commanditaire est dans le même espace et de la même taille que la Vierge, ce qui donne une dévotion « familière » avec la Vierge et l’enfant qui bénit. La main de Jésus est au niveau du pont, il bénit aussi la population.
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La Vierge au chanoine Van der Paele de Jan Van Eyck. Huile sur bois. Encore une conversation sacrée. Le chanoine a ses bésicles à la main. Ses armoiries sont dans les coins du cadre. Il faudrait regarder le tableau de très près, à Bruges, pour voir les reflets de la Vierge dans le casque et du peintre dans l’armure. Le chanoine est représenté de façon très réaliste, il est vieux et malade, qui ne cache rien des marques de la vieillesse et de la maladie. Les doigts de la main gauche semblent tordus et ses artères temporales sont hypertrophiées.
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Retable de la cathédrale Saint-Pierre de Genève de Konrad Witz. 1440. Encore une conversation sainte. Le commanditaire est agenouillé, c’est le pape Félix V. Saint Pierre avec ses clés est derrière. . Jésus porte une auréole « cosmique »
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Adoration des mages d’Hugo Van der Goes, dans la tradition de Van Eyck. 1470.
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Triptyque Portinari de Hugo Van der Goes. Les donateurs, les Portinari sont reprséentés avec leurs enfants, les hommes à gauche et les femmes à droite.
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Diptyque de Maarten van Nieuwenhove de Memling. Huile sur bois. 1587. Les personnages sont dans le même espace ; un pan du manteau de Marie passe dans le panneau de droite.
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Miracle de l’enfant ressuscité de Domenico Ghirlandaio. 1480. Fresque de la chapelle des Sassetti à Florence. Francisco Sassetti, un riche banquier associé aux Médicis, commande son portrait et celui de son épouse avec les miracles de saint François. Ici, l’enfant tombé du balcon est ressuscité grâce à Saint François. À gauche la famille de Sassietti, à droite Francisco Sassietti et ses collaborateurs banquiers, il porte les vêtements teints à l’alun (mordançage). Les Médicis avaient le monopole de l’alun.
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Confirmation de la règle. Toujours dans la chapelle Sassetti, au dessus de la fresque précédente. La confirmation de la règle de saint François est le prétexte à montrer le commanditaire à deuxième à droite mais surtout la famille Médicis. Le Magnifique se trouve à droite de Sassetti. Les enfants qui montent l’escalier, accompagnés par leurs précepteurs, sont les enfants de Laurent le Magnifique : Pierre, Julien, futur duc de Nemours et Jean, futur pape Léon X.
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Francisco Sassetti et son fils Tedoro. Ghirlandaio.
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Vieil homme et son petit-fils. Ghirlandaio
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L’homme à la médaille de Sandro Botticelli. 1474. Tempera et stuc sur bois. L’identité de l’homme est inconnue. Plusieurs hypothèses : Pic de la Mirandole ? Pierre fils de Laurent le Magnifiuqe ? Le frère du peintre ? L’homme tient une médaille avec le portrait de Cosme de Médicis dit l’Ancien.
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Portrait de Julien de Médicis par Sandro Botticelli. Tempera sur bois. Julien était le frère de Laurent le magnifique qui a commandé ce portrait après la mort de son frère lors de la conspiration des Pozzi en 1478. Le mort est évoqué par la fenêtre à demi-ouverte ; il est de profil et non de trois-quarts ; il a les yeux fermés.
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Portrait de Simonetta Vespucci. Sandro Botticelli. Mariée au cousin du navigateur Amerigo Vespucci, « la Sans pareille » était admirée de tous à Florence (1453-1476). Elle a servi de modèle à Botticelli pour La naissance de Vénus, Le Printemps… Elle est morte à 23 ans.
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Portrait d’un marin. Antonello de Messine 1430-1479
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Autoportrait. le Pérugin (1448-1523). Raphaël a été son élève.
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Le voyage de Moïse en Égypte. Fresque du Pérugin et de ses assistants (la partie droite est attribuée à son élève Pinturicchio). Moïse est vert et jaune. Raphaël, un de ses élèves, représenté avec un bonnet rouge (à la gauche du Moïse de droite?) serait donc peint par Pinturicchio.
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Triomphe de la chasteté. Diptyque représentant Frederic III de Montefeltro, condottière et duc d’Ubino et son épouse Battista Sforza. Peint par Piero della Francesca. Vers 1473. Frédéric de Montefelto eut l’œil droit crevé au cours d’un tournoi. C’est pourquoi il était représenté du profil gauche. Il se fit couper la partie supérieure du nez pour mieux voir des deux côtés.
Ce dyptique s'appelle le triomphe de la chasteté car le verso représente les cortèges de Frédéric et de Battista, celui-ci étant conduit par des licornes, symboles de chasteté.
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Piero della Francesca. Vers 1475. Conversation sacrée. Le duc Frédéric de Montefeltro est représenté en armure (c’était un condottiere). Son épouse n’est pas présente car elle était morte en couches. Au-dessus de la Vierge, un œuf est accroché (autruche ? Oie?) symbole de la perfection est accroché à la conque de Saint-Jacques (fécondité). À gauche, St Jean-Baptiste avec sa peau de bête et son bâton, Bernardin de Saint-Pierre, L’ermite saint Jérôme. À droite, St François d’Assise (stigmates), Pierre de Vérone,(blessure à la tête), Jean l’Évangéliste (barbe blanche).
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La dame à l’hermine. Huile sur bois. 1488. wléonard de Vinci. C’est le portrait de Cecila Gallerani, maîtresse de Ludovic Sforza, duc de Milan.
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La belle Ferronnière. Huile sur bois. Vers 1495. Léonard de Vinci. Une ferronnière c’est ce bijou porté sur le front. Le portrait serait celui de Lucrezia Crivelli, une autre maîtresse de Ludovic Sforza.
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Impossible de terminer sans citer la Joconde ! Huile sur bois. Vers 1503. Léonard de Vinci. Portrait de Lisa Gherardini.
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Après la conférence, nous allons dîner en ville : pâtes avec légumes, risotto, lapin pommes de terre en papillote, meringue sauce au chocolat.