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Visite guidée par Véronique Domagalski, qui a fondé ad-vitam, un groupe de visites avec Mylène et Carine, deux guides que nous connaissons également : https://ad-vitam.net/

 

Rendez-vous à 14 h 30 sur le parvis devant la statue de Fulbert (il fait beau et il y a de nombreux bancs au soleil et à l’ombre pour patienter). Nous arrivons un peu en avance, nous sommes 14 à cette visite (17 € par personne) et Véronique nous distribue les audiophones et les jumelles.

Quelques minutes sont consacrées à la mise au point des appareils. Tout fonctionne parfaitement.

Du parvis, nous avons une belle vue sur la façade ouest.

Je me contenterai de raconter uniquement cette visite, il faudrait des années (ou une vie!) pour épuiser le sujet.

Deux autres articles sur ce blog : les vitraux (notamment Noé et la Belle Verrière) et les portails

Nous commençons par viser le haut de chaque flèche. En haut de la tour sud (la plus ancienne) se trouve un croissant de lune. C’est la tour la plus ancienne, celle que Péguy appelait « la tour irréprochable ».

En haut de la tour nord, la tour gothique, se trouve une girouette qui représente le soleil.

Lire ce texte sur les girouettes de la cathédrale  dans le bulletin de la SAEL : CLIC

Nous visons ensuite le roi sous le pied droit de Marie. Le roi a les pieds posés sur un lion.

la galerie des rois :

Regardons maintenant la rose, plus exactement le médaillon situé à 10 h. On s’aperçoit que le chapiteau est monté à l’envers. Ce n’est pas une erreur de l’architecte qui voulait montrer que rien n’est pas parfait dans le travail humain. D’où cette rose imparfaite. Et des erreurs, volontaires et involontaires, nous en verrons bien d’autres dans cette cathédrale !

on voit bien l'intrus : 

Cinq cathédrales, de plus en plus belles et plus grandes, se sont succédé.

pour celles du IV è, il n'y a pas de traces, elle est peut-être en dessous de la cathédrale actuelle ou sous le musée des Beaux-arts.

Au VIII è siècle, la cathédrale est incendiée, reconstruite puis à nouveau incendiée puis reconstruite.

876 : Charles le Chauve offre le voile de Marie qu’elle a porté le jour de la naissance du Christ.

Ce voile qui est conservé dans la cathédrale est enveloppé dans un tissu de gaze, tissu byzantin du VIII è siècle appelé voile de l’impératrice Irène (mère de Constantin I). Selon les experts, le tissu date des premiers siècles et d’origine moyen-orientale. Mais il est en soie très riche, ce qui est étonnant. 

De nouveau incendiée fin X è puis endommagée par la foudre en 1020, la cathédrale fut aussitôt reconstruite par Fulbert. L’église basse (crypte) est construite en 4 ans. Un nouvel incendie la ravage et elle est finalement consacrée en 1037.

statue de Fulbert sur le parvis :

En 1134, elle est presque entièrement détruite par un incendie. On ajoute une nouvelle façade à l'ouest de style roman avec trois verrières et un portail.

Jakin et Boaz (ce dernier a la tête d’un homme entre ses pattes), sur les colonnes du temple de Salomon

Jakin : 

Boaz :

 

la tour sud  passe de la forme carrée à l’octogone

1194 un nouvel incendie la détruit en partie sauf les deux tours, la façade ouest avec son portail et les trois verrières ainsi que la Vierge de la « Belle verrière ».

La cathédrale est immédiatement reconstruite sous l’impulsion de l’évêque Renaud de Bar. En 26 ans, elle était reconstruite ! (mais on avait conservé la crypte).

4 juin 1836 incendie de la charpente. La fumée s’accumule à l’intérieur de la tour qui n’a pas beaucoup d’ouvertures. La tour explose. Une ligne blanche montre la partie refaite.

On a l’impression qu’elle penche à gauche mais ce n’est qu’une illusion d’optique

La cathédrale était peinte (il reste quelques traces sur le portail nord) mais comme les pigments étaient liés à l’œuf ou au lait, les peintures ont disparu. On utilisait du cuivre, de l’ocre, de l’azurite

Le portail ouest : (voir le portail en détail ici : CLIC)

la reine de Saba. Elle est entourée de David et Salomon. C’est la seule statue qui sourit. Les pupilles ont été creusées pour insérer des pierres noires, aujourd’hui disparues.

Mascarons : le Diable, à droite, représente le Mal. Le Christ, à gauche, représente le Bien.

en face ; le Christ :

Chapiteau de la Cène par Rogerus , un des maîtres du portail. Judas se trouve devant la table

 

Voussures du zodiaque. Il manque deux signes : les Gémeaux et le Poisson qui sont reportés sur le portail . En fait, on trouve quand même ces deux signes dans le portail sous la forme du Christ : les deux anges représentent les Gémeaux et le Christ représente les Poissons. Les signes du zodiaque sont des symboles astronomiques. (davantage de détails ici : CLIC)

Colonnettes . Elle sont toutes différentes et sont le résultat du travail des apprentis qui devaient montrer leur savoir-faire pour monter en grade.

Entrons dans la cathédrale. Il y a 176 vitraux. On les lit de bas en haut.

Nous nous asseyons devant les trois verrières ouest. Celle de droite plus sombre, dans les tons bleus représente la vie terrestre alors que celle de gauche, dans les tons jaunes, lumineux, représente le divin. À droite, les médaillons sont carrés, symbole terrestre ; au milieu et à gauche, ils sont ronds, symbole divin.

À droite, est représenté l’arbre de Jessé n° 49.  

En haut, le Christ puis Marie. 

En bas : Jessé :

 De chaque côté, se trouvent les prophètes ; ils sont chaussés et portent des phylactères.

Les personnages sont habillés de vert (espérance) et de marron. Le bleu est appelé « bleu de Chartres ». Il date de l’époque romane ; il est très lumineux et fabriqué à partir de sable blanc de rivière, de chaux, de cuivre, du fer, du cobalt et d’antimoine pour l’opacifier. Comme fondant (venu du Yemen), on ajoutait des algues ou de la salicorne qui contenaient du sel. Ce vert sodique renvoyait la lumière. En fait, ce bleu de Chartres existe dans d’autres cathédrales, Saint-Denis, Le Mans mais ils y sont moins nombreux.

Les côtés sont plus tardifs. On utilisait de la potasse (issue de la cendre de hêtre) au lieu de sel, ce qui renvoyait la lumière et donnait des bleus moins lumineux. Le bleu est utilisé à partir du XII è siècle. Marie est habillée de bleu pour la première fois à Chartres, pense Michel Pastoureau.

 

Au centre, la vie du Christ n° 50.

l'annonciation

Nativité en bas à droite. Étoile, bœuf et âne.

Rois mages au-dessus. Ils tiennent une pièce d’or. L’inscription est en arabe et signifie Dieu est grand. À cette époque, les pièces d’or venaient d’Orient via Venise. Les maîtres verriers ont recopié ce qu’ils voyaient sur ces pièces. Ce détail nous montre qu’il y avait un commerce important et des voyages entre l’Orient et l’Occident.

 

Baptême du Christ.

 

À gauche, la Passion n° 51

lavement de pieds

 

la Cène. Judas est devant la table. Il est habillé de jaune et de vert, la couleur du diable. Judas est toujours en jaune et vert. Jean est au milieu, sa tête sur les genoux de Jésus. Position bizarre, on ne voit pas les pieds de Jean alors qu’on voit ceux des autres convives. Il se tient la main et on voit sa chemise blanche à gauche mais où est le reste du corps ? Est-il couché sur tout le monde ? Tout à droite, un personnage féminin : Marie-Madeleine ?

 

le Christ et saint Pierre :

 

Crucifixion : la croix est verte, couleur de l’espérance et bordée de rouge, couleur de la Passion.

 

La rose ouest n° 143. Rose du Jugement dernier.

Au-dessus du Christ Abraham accueille les âmes de l’humanité. Ici ce sont les trois religions qui sont représentées.

Regardons maintenant les piliers à gauche et à droite.

Il y a un décalage d’un pas entre le pilier de gauche et celui de droite (la construction est à cette époque un art humain, on utilisait les mesures humaines, la coudée, le pied… Par un phénomène de torsion du pilier gauche, on a récupéré 10 cm. J’ai mal expliqué ce problème car je n’ai pas bien compris !

Les clés de voûte sont toutes différentes, celles près de l’entrée portent les armoiries de la noblesse, puis au fur et à mesure qu’on approche du chœur celles des évêques et celles des grandes familles de France. Elles ont été repeintes (l’intérieur de la cathédrale était entièrement peint).

 

Vitrail 141, près de l’entrée à gauche. Les trois tentations du Christ, le diable est en vert et jaune (voir la représentation de Judas dans le vitrail de la Passion).

C'est un diable bien poilu ! 

 

Vitrail 47, sous le précédent : Noé et le déluge. À noter l’éléphant qui est rose. On ne savait pas faire le gris et on le remplaçait par le rose, couleur masculine (comme le rouge) ; le bleu était une couleur féminine, couleur associée à la Vierge. L’inversions se fera à partir du XVIII è (Mme de Pompadour adopte le rose qu’elle trouve ravissant) et à partir de 1940, on adopte le bleu et le rose das les maternités pour différencier les bébés.

Au XIV è siècle, le gris sera utilisé dans les grisailles, c’est un gris lumineux un peu jaune (présence de fer?)

 

Nous regardons maintenant vers le portail côté sud (à gauche). Les architectes avaient prévu de mettre des colonnes (on voit le début des colonnes et les trous de boulins). Cela n’a pas été fait et des fenêtres ont été peintes en trompe-l’œil (ici un musicien). Pour en savoir davantage : CLIC

 

Baie n° 48, côté sud : Saint-Jean l’évangéliste.Les donateurs sont des forgerons.

Un homme écarquille les yeux de stupeur devant le miracle :

 

Baie n° 46, à côté. Vitrail de marie-Madeleine. Les donateurs sont les porteurs d’eau. À gauche, l’eau est bleue, on peut la boire. À droite, ce sont les porteurs d’eau pour le travail (eau verte, comme celle de l’Eure). Ici ce sont des hommes qui sont représentés alors que ce travail était aussi celui des femmes. Travail épuisant, alors rendons-leur au moins justice !

 

 

Baie n°45, Saint Lubin. En face.

Les donateurs sont ceux qui travaillent la vigne : les vignerons et les tenanciers (ceux-ci portent une coupe). Les figures des tenanciers sont sur le côté, elles sont marginalisées au sens figuré comme elles l’étaient au sens propre. Les établissements étaient sévèrement réglementés pour lutter contre la débauche et l’ivrognerie. Comme les cabaretiers ont donné de l’argent pour ce vitrail, on a consenti à les faire figurer… en marge.

 

Plus tard, milieu du XVII è, le curé de Frétigny (28) refusait systématiquement de donner l’absolution à un de mes ancêtres et à sa femme, Macé Blot et Michelle Girouard, cabaretiers et de fait de faire leurs Pâques. CLIC.

 

Baie n° 137, mur nord, en hauteur. Vitrail de Saint Nicolas. Il porte une auréole rouge, un manteau violet. C’est la couleur de la mort et de la résurrection. Nicolas a ressuscité les morts (voir deux vitraux plus loin, le n° 39 et le n°10). Il est vêtu d’un pallium (seuls Saint Martin et Saint Nicolas le portent)

 

Le labyrinthe

Ce jour-là, il est difficile à voir car il est recouvert par les chaises. Il est découvert chaque vendredi entre le Carême et la Toussaint. Il est composé de 272 pierres blanches (c’est le nombre de jours qui vont de l’Annonciation à la Nativité), des petites et des grandes (pour dire que les jours de notre vie sont plus ou moins bons). De même, les méandres représentent tous les écueils de la vie. Il a la même surface que la rose ouest. C’est le plus grand labyrinthe d’église, il date du XIII è. Rien d’étonnant à ce que la ville soit jumelé avec Ravenne, qui possède le plus ancien labyrinthe d’Europe (San Vital, VI è).

davantage de détails ici : CLIC.

 

Baie n° 140. Deux vitraux Saint Pierre (à gauche) et saint Jacques (à droite). Au-dessus du vitrail de Marie-Madeleine.

Saint Jacques a un manteau recouvert de coquilles et saint Pierre porte les clés. Les donateurs sont, pour chaque vitrail, les boulangers, métier noble.

vitrail de saint Jacques , les donateurs boulangers

vitrail de saint Pierre :

 

Baie n° 138, à gauche des précédents. On y voit une Vierge allaitante. La cathédrale possédait une fiole du saint lait. La légende raconte que la vierge, s’étant abritée dans une grotte pour allaiter, laisser tomber une goutte de lait qui se serait transformée en source de lait. En fait, la grotte en question est constituée de craie et les pèlerins rapportaient des petits de cette roche ou des fioles de lait. Les marchands de fioles de lait étaient nombreux et il y de ces reliques dans de nombreuses églises. La ville de Soulac tient son nom de ce « saint lait ».

 

Baie n° 136, à gauche de la précédente. Voici de nouveau Saint Jacques, cette fois les coquilles sont autour. Les donateurs sont des chaussetiers (on aperçoit en haut à gauche une chausse rouge sur l’oriflamme tenue par une famille). Ce n’était pas la même corporation que les cordonniers. La botte était entièrement en cuir, la chausse avait un pied en cuir et le haut en laine. Elle était accrochée à la ceinture.

saint Jacques à droite, saint Philippe à gauche :

 

Baie n° 135, Joseph d’Égypte. en face du précédent. Les donateurs sont les changeurs de monnaie. Dans les médaillons, on voit l’épisode du rêve de Pharaon (7 vaches grasses et 7 vaches maigres) et celui de la femme de Putiphar. Voir cette histoire sur le trône de Maximien et dans les stalles de la cathédrale d’Amiens.

Joseph dans le puits :

Joseph et Putiphar : 

Joseph vendu à des chameliers : 

les changeurs : 

 

Baie n° 39. Saint Nicolas, déjà vu au n° 137. Ici ce sont les miracles de Saint Nicolas, le ressusciteur.

Médaillon du bébé ébouillanté.

Médaillon du juif qui réclame son dû. L’emprunteur jure sur Saint Nicolas. Saint Nicolas devint connu non seulement pour sa bonté, mais aussi pour sa capacité à rendre justice, même après sa mort. Une fois, un marchand affirma qu’un homme lui devait une grande somme d’argent, mais personne ne le croyait. En présence d’une image de saint Nicolas, l’homme mit dans la main du marchand son bâton, dans lequel il avait caché les pièces d’argent qu’il lui devait, tout en affirmant qu’il lui avait rendu l’argent. Puis il reprit son bâton, mais le bâton se cassa et révéla le trésor caché ! Tout le monde vit que le marchand avait dit vrai, et l’image de saint Nicolas, par un miracle, avait contribué à révéler la vérité.

Nicolas de Myre donne des pièces à l'homme très pauvre qui voulait prostituer ses filles.

l'homme vient remercier Nicolas

 

Sur un pilier de la nef, côté nord, une plaque semble incongrue dans une église. Il est écrit RÉPUBLIQUE . En 1793, la démolition de la cathédrale a été évitée grâce à Sergent-Marceau, (il avait accolé le nom de sa femme, Mlle Marceau, au sien) peintre, graveur et conventionnel et beau-frère du général Marceau. Il a réussi à convaincre ses collègues de la nécessité de conserver ce monument au nom du patrimoine. Des écriteaux ont simplement été placés dans la cathédrale : Nation, République, Mort au tyran et un bonnet phrygien a été placé sur la tête de Marie.

 

Baie n° 37 ; la passion typologique : Passion et mise au tombeau. Un panneau représente un pélican qui resssucite ses petits en leur donnant à boire son sang, allusion au sang versé par le Christ pour la vie du monde.

 

je m'arrête là car j'ai dépassé la limite autorisée de caractères.

 

Les vitraux du transept et du chœur sont ici :CLIC

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