Après les cinq rathas, nous nous dirigeons vers « l’ascèse d’Arjuna ». Je suis émue de voir ce panneau dont j’ai tant entendu parler et impatiente de scruter tous les petits détails. Il paraît qu'il y a 150 personnages et animaux.
J'ai eu beaucoup de mal à écrire cet article car les personnages représentés sont soumis à plusieurs interprétations et j'ai du mal à m'y représenter. Je me suis servie des explications du livret acheté sur place, « Mahabalipuram, voyage dans un lieu magique » de Srinivaas- J.Prabhakar.
Mais peu importent la signification de ce panneau, les sculptures sont ravissantes dans le détail et je serais bien restée plus longtemps. Mais il y avait beaucoup de monde et ce n'était pas facile et j'ai essayé de mitrailler à tout-va !
Tout à gauche du panneau, se trouve un édifice, la grotte de Pancha Pandava (attribué aux cinq frères Pandava), que nous ne visiterons pas. Les piliers sont supportés par des lions. On retrouve le lion un peu partout car c’est le symbole des rois Pallava.
Les artisans commençaient à creuser la roche par le haut en faisant éclater les plus gros morceaux, ne gardant que ce qui serait plus tard sculpté. Ce monument est inachevé.
Le grand panneau de pierre de 27 m sur 9 m a deux noms, selon l’interprétation qu’on lui donne : « l’ascèse d’Arjuna » et « la descente du Gange ». Il a été sculpté pour célébrer la victoire du roi pallava Narasimba Varman I contre le roi chaluya.
à gauche :
au milieu :
à droite :
L’ascèse d’Arjuna se réfère à un épisode du Mahabharata.
Selon Arul, « la descente du Gange » semble une interprétation plus plausible car le panneau est centré sur une faille qui représente le Gange descendant sur terre. Tous les personnages et animaux regardent la faille. L’ascète serait Bagiratha, le prince de la dynastie du soleil, qui fait une pénitence de mille ans pour amener le Gange sur terre. Brahma accepte de faire descendre le Gange sur terre mais pour calmer les flots impétueux qui détruiraient tout, Shiva retient le fleuve dans sa chevelure (c’est ce qu’on voit souvent sur les statues de Shiva) puis il le laisse couler doucement.
Dans la faille, on voit deux nagas, mâle et femelle.
le naga mâle :
le naga femelle :
À gauche de la faille, Arjuna fait pénitence, il est si amaigri qu’on distingue ses côtes. À gauche de lui, se trouve Shiva. Entre Shiva et Arjuna, on voit les nains qui représentent les cinq éléments. La présence d’un singe en dessous d’Arjuna et de la princesse naga dans la faille iraient dans le sens de cette interprétation car le drapeau d’Arjuna comporte un singe et sa femme serait une princesse naga.
Shiva :
En dessous d’Arjuna, d’autres ascètes écoutent l’enseignement du guru et pratiquent des postures de yoga et de méditation autour d’un petit temple dédié à Vishnou.
L’auteur du livret dit que l’ascète en position de lotus s’appelle Nara et dessous le lion se nomme Simba. Devant eux, se trouverait le roi Narasimba Varman (Nara+simba). Il porte un yoga-patta, bandeau en travers de la taille et des jambes (personnage à gauche). On dit que les personnages en face de lui sont son père et son grand-père mais on dit aussi que ce sont le sage Agastya et l’enseignant Drona, personnages du Mahabarhata et tous deux nés dans un pot. Les sculptures auraient été décapitées plus tard par les Chalukyas, ennemis des Pallavas.
Un homme porte un pot et une femme tord ses vêtements.
En haut à droite, près de la faille, on voit Surya, le soleil et aussi des apsaras, danseuses célestes, des kinnara et kinnari et des Gandharva, les musiciens célestes, époux des Apsaras.
Et des animaux qui cohabitent pacifiquement : antilopes, lions, sangliers , un lapin, des volailles.
Une biche se gratte avec sa patte.
À droite de la faille, se dirige un défilé d’éléphants : le grand est Airavatha, la monture d’Indra (Airavatha est un produit du barattage de la mer de lait). Pour montrer qu’il a quatre défenses, l’artiste a tracé un trait sur les défenses. Sous les deux éléphants, des petits jouent.
Devant l’éléphant, se trouve une scène très drôle : un chat faisant l’ascèse, comme Arjuna. Mais c’est pour mieux tromper les souris, il est prêt à leur sauter dessus. D’ailleurs, avec son petit ventre rebondi, il n’est pas maigre comme Arjuna. Il faut se méfier des faux sadhus (ermites).
En haut, faisant pendant à Surya, on voit Chandra, la Lune (à moins que ce ne soit l’inverse!).
des apsaras (danseuses célestes, sorties du barattage de la mer de lait)
Un peu plus loin, à droite, on voit un macaque épouillant sa femelle qui allaite son petit.
À lire : "le palais des illusions" de Chitra Banerjee Divakaruni. Le Mahabharata vu du point de vue de Draupadi, la princesse.