Samedi 3 juin
Il fera 20° et il pleuvra.
Nous nous dirigeons toujours vers le nord de la Transylvanie, nous serons encore en Transylvanie : Biertan, Sighisoara, Târgu Mures et Cluj-Napoca.
Nous passons par Slimic, les nids de cigognes sont toujours présents, le village présente des ruines d’une cité paysanne saxonne.
À Ruși, la tour de l’église fortifiée est penchée.
Nous faisons un arrêt à Axente Sever pour photographier de l’extérieur l’église fortifiée. Avant 1931, le village s’appelait Frâua et il tient maintenant son nom de Ioan Axente Sever (1821-1906), révolutionnaire en 1848 et compagnon d’Avram Iancu. Il se rangea aux côtés des Habsbourg contre les révolutionnaires hongrois de Kossuth qui ne voulaient pas reconnaître l’autonomie roumaine.
Nous traversons Copșa Mică. Sous la dictature de Ceaușescu , c’était la ville la plus polluée de Roumanie et même d’Europe. L’usine Carbosin (noir de carbone) recouvrait tout de noir : les toits, les arbres, le sol, les rues et même les animaux et les habitants. La société Sometro était spécialisée dans les métaux lourds, zinc, plomb, cadmium et aussi acide sulfurique. Tout a été contaminé. De ce temps, il reste l’ombre menaçante des hautes cheminées vestiges. Le chanteur Denez Prigent évoque la noirceur de cette ville dans la chanson Copșa Mică.
Mircea continue à nous informer sur les villages que nous traversons, même si nous n’avons pas le temps de nous y arrêter. Mediaș est une ville de 3000 habitants. À l’entrée, une fusée trône dans un jardin : c’est la maison de Hermann Oberth qui a fait des recherches pour l’évacuation des gaz d’évacuation dans les fusées. Il y a aussi une fusée à la sortie de la ville.
À Brateiu, vit une communauté de gitans. Beaucoup de maisons sont inachevées suite à la crise de 2008. Les maisons communautaires sont immenses et rappellent un peu les pagodes. Je reviendrai sur l’histoire des Roms de Roumanie dans un autre article.
Biertan, cité paysanne saxonne.
Sur la place, une stèle rappelle qu’un ex-voto qui fait partie des collections du baron Brukenthal (voir article sur Sibiu) aurait été découvert près de Biertan en 1775. En haut se trouve une inscription « Ego Zenovius Votum Paosvi » (Moi, Zenobie, j’ai offert cette donation) et au-dessus un chrisme. L’objet était sans doute suspendu à un candélabre. Certains historiens pensent que cela prouve l’existence d’une population chrétienne latinophone en Dacie (c’est ce qui est écrit sous la copie de l’objet), d’autres pensent qu’il a pu résulter de pillages ou d’échanges.
L’église fortifiée de Biertan est inscrite au site du patrimoine mondial de l’UNESCO. Six autres églises font partie de ce patrimoine : Prejmer, Viscri, Dâiu, Sasch, Câlnic, Valea Viilor. Font partie également du patrimoine de l’UNESCO en Roumanie : le delta du Danube, les huit forêts séculaires, Sighișoara, les fortifications daces, les églises en bois du Maramureș, les monastères de Bucovine, le monastère de Horezu.
Biertan fait partie des premières implantations saxonnes en Transylvanie. La légende dit qu’elle a été construite sur une poignée de sable jetée par la petite fille d’un géant.
L’accès à l’église se fait par un escalier avec toiture, qui part de la place centrale du village, à côté de la Tour de la garde.
À l’autre bout de l’escalier, il y a une pierre sur laquelle, le dimanche, on mettait les personnes qui s'étaient mal conduites pendant la semaine, afin qu’elles soient vues par la communauté tout entière.
L’église de style gothique et Renaissance était entourée de trois murailles avec des tours.
L’église est luthérienne après la réforme.
La porte est décorée d’allégories des 4 saisons
stalles décorées en bois de tilleul
Ce retable, le plus grand de Transylvanie, comporte 28 panneaux peints de 1482 à 1513 et qui représentent la jeunesse du Christ.
En haut : une crucifixion entourée à gauche par la vision de saint Augustin et à droite par la vision d’Ézéchiel.
Sont représentés plus bas : Joachim et Anne, la nativité de Marie, Crucifixion, l’Annonciation, la nativité
la circoncision, l’adoration, la fuite en Egypte, les trois mariages d’Anne ,
la sainte famille : Joachim, Anne, Marie, Jésus, Joseph
tapis pour les enterrements, on le laissait à l’église
Cette porte qui donne sur la sacristie a été créée en 1515. Elle a été exposée à l’exposition universelle en 1900 (ou 1889?) Son système central bloque la porte en 19 points. Le système fonctionne toujours.
Nous sortons de l’église pour faire le tour des fortifications :
la tour de la prison
Au bastion sud-est, il y avait une maison, où les époux qui ne s’entendaient plus étaient enfermés, pour deux semaines. On ne leur donnait qu’un seul couvert et un seul lit. D’habitude, ils sortaient réconciliés, sans faire appel à la justice. Il paraît qu’il n’y a eu qu’un seul divorce en 300 ans.
La tour catholique évangélique pour ceux qui n’avaient pas adopté la religion réformée.
Dans la partie de sud-est on trouvait la Tour des Lards (les villageois de Biertan y gardaient les lards, pendant l’année).