Dimanche 11 juin
Nous nous réveillons de bonne heure, avec le chant du coucou. la route sera longue : 390 km. Il faudra rejoindre Tulcea en bateau, récupérer nos valises, reprendre notre car dont la porte est toujours maintenue grâce aux sangles.
Adieu le Danube
Nous faisons peu d’arrêts. C’est l’occasion toutefois de voir ce nid d’hirondelles rustiques.
Pour occuper le temps, Mircea nous parle de l’histoire du pays, de l’économie…
Nous arrivons à Bucarest vers midi pour déjeuner.
Bucarest compte 1 900 000 habitants, deux millions et demi avec la banlieue.
C’est en 1429, dans un édit de Vlad l’Empaleur, qu’apparaît pour la première fois le nom de Bucarest. Vlad Tepes y édifie une citadelle pour protéger Târgoviste, la capitale valaque de l’époque.
Elle devient capitale de la Valachie en 1698 (époque de Constantin Brâcoveanu, successeur de Serban I Cantacuzène dont nous verrons la statue plus tard) puis capitale de la Roumanie en 1859.
Avant le XIX è siècle, c’était une ville très orientale avec des maisons en bois, des caravansérails.
À partir de 1860, on construit un boulevard orienté est-ouest, puis en 1886 un autre boulevard nord-sud.
Pendant la période communiste, des anciens immeubles des siècles passés furent détruits et remplacés par 400 000 appartements en béton préfabriqué, les blocuri.
En plus de ces destructions dues aux dirigeants, il y a des destructions dues aux tremblements de terre, un tous les 30/40 ans. Le dernier a eu lieu en 1977 (30 bâtiments détruits ; 1500 morts)
Depuis la Révolution,il y a une famille par appartement, des parcs, des crèches, des écoles. Le nombre de voitures ne cesse d’augmenter : 1 600 000 voitures immatriculées. Les places de parking coûtent 500 lei par an (100 €). Pour se garer, il faut regarder les lignes : bleues (5 lei/h) ou blanches (gratuit)
Selon la légende , la ville tiendrait son nom d’un berger qui se serait installé là (ou d’un personnage plus important?) nommé Bucur, ce qui signifie joie.
clic sur la carte pour voir en grand
1 statue de Lazar
2 cercle militaire
3 statue de Michel le Brave
4 restaurant Capitol
5a avenue Reine Elisabeth
5 b avenue de la Victoire
6 église Cretulescu
8 statue de l’homme brisé
9 statue de Corneliu Coposu
11 monument de Renaissance
12 statue de Carol I
13 musée des Arts
14 Athénée roumaine18 Odéon et statue de Atataürk
18 quartier Lipscani
27 passage Villacross Macca
30 monument Eugeniu Carada
33 église Stavropoleos
34 palais CEC
36 caru cu bare
39 église saint-Nicolas, Curtea Veche et auberge Hanul Lui Manuc
40 Boulevard Unrii
41 Palais du Parlement
43 hôtel Continental forum
44 cathédrale de la Rédemption
45 église Saint-Eleutherius
46 cathédrale du Patriarcat
Quelques photos prises dans le car, le long de la rue Reine Elisabeth :
statue de Gheorghe Lazăr (1779-1821), pédagogue roumain, fondateur de l’enseignement en langue roumaine. Nous avions vu une statue de cet homme à Sibiu.
Cercle militaire national.
place de l’Université la statue Michel Le Brave, (1558-1601) prince de Valachie, Moldavie et Transylvanie (1600). Mircea nous en a parlé à plusieurs reprises, nous avons vu le buste de sa femme, Domma Stanca, en face de la forteresse de Fagaras. Cette statue contredit la légende urbaine qui raconte que le cheval a la patte avant gauche levée, c’est qu’il est mort de ses blessures. Ce devrait plutôt être la patte droite puisqu’il a été assassiné.
le restaurant Capitol
Nous partons à pied du restaurant Capitol au musée national d’art en passant par la voie de la Victoire. Nous voilà partis pour 6 heures de balade.
la voie de la Victoire
Nous arrivons place de la Révolution, entourée de nombreux bâtiments :
église Cretulescu
statue d’un homme brisé qui tourne le dos à l’ex-siège du PCR. Sculpteur : Mircea Spataru. La statue représente Iuliu Maniu, opposant politique et mort en prison en 1953
de l’autre côté de la rue : buste de Corneliu Coposu (1914-1995), pro-royaliste, opposant au régime communiste, il a rétabli le parti national paysan chrétien démocrate.
un peu plus loin, le monument de la Renaissance, inauguré en 2005, est dédié aux victimes de la Révolution de 1989. Il est constitué de plusieurs parties que nous voyons de loin : une allée, des murs avec les noms des morts dans les alvéoles et un monument assez bizarre et même très contesté par les roumains. Le monument est constitué d’une colonne en marbre de 25 m de hauteur et d’une couronne de métal. Les Roumains l’appellent le cure-dents à olive, le tuyau et testicule, le piquet à pomme de terre, olive de cure-dents, la circoncision ratée. C’est une œuvre de Alexandru Ghildus.
C’est sur cette place que, le 22 décembre 1989 à 12 h 08, commença la révolution à Bucarest (elle avait déjà commencé quelques jours avant à Timișoara) Ceaușescu prit la fuite en hélicoptère après avoir avoir dit son dernier discours depuis le le balcon du PCR.
Mircea nous raconte ce qu’il a vécu, les tirs sur la bibliothèque universelle et l’incendie qui suivit, les volumes de la bibliothèque abîmés par l’eau déversée par les pompiers
des affiches politiques, honor et patria, Cartpathian brigade, groupe de hooligans ultra droite, qui sont parfois intervenus violemment dans les matches de foot. Des slogans et chants anticommunistes « mai bine mort decât comunist », un rappel de la Goloniade, manifestation en 1990 des étudiants qui demandaient que les anciens dirigeants communistes ne participent pas aux élections (son nom a été donné par Illescu : golan = vaurien)
des affiches plus cool
la statue de Carol I devant la fondation universelle Carol I et le musée. Là encore, cette statue contredit la légende urbaine qui dit que si le cheval a la patte avant droite levée c’est qu’il est mort au combat ou a été assassiné. Ce qui n’est pas le cas pour Carol I.
le bâtiment de l’Athénée roumain, créé en 1888 pour une société littéraire par un architecte français, Galleron, élève de Garnier. Ravel, Strauss, Enescu, y sont venus. L’Athénée est souvent représenté en cartes postales et aussi sur le billet de 5 lei.
L’Athénée Palace, affilié à la chaîne Hilton
On appelait Bucarest « le petit Paris », certains architectes ayant été influencés par les Français.
De nombreux artistes vont à Paris (certains sont enterrés au cimetière Montparnasse) : Istrati, Brâncusi, Ionesco, Brauner…
Après la visite du musée national d’art (prochain article),
nous reprenons l’avenue de la Victoire vers le sud
Odéon (1911) avec buste d’Ataturk.
il faut quand même moderniser les installations électriques
nous arrivons dans le quartier Lipscani. Des marchands de biens de Leipzig s’y étaient installés, d’où son nom (Lipsu en roumain = Leipzig)
C’est maintenant un quartier branché, presque partout piétonnier.
The Marmorosch, hôtel
de belles maisons
d'autres à rénover
Chez Marie, confiserie
passage Villacrosse Macca un peu comme nos passages parisiens
statue Eugeniu Carada, au coin de l’ancien palais de la banque nationale qu’il avait fondé
banque nationale
Église Stavropoleos, style brâncovan, une toute petite église, faite en 1724 par un moine grec, Ionikie. C’était une chapelle d’auberge dans ce quartier d’auberges.
l'iconostase
Caru cu Bare (la charrette à bière) date de 1898, de style bavarois pour plaire à Carol I.
le palais CEC, ancienne caisse de dépôts, réalisé par l’architecte français Paul Gottereau vers 1895.
les armoiries de Bucarest
Nous montons la colline pour accéder à la cathédrale du Patriarcat. Au milieu de l’avenue, se trouvent deux statues : celle de Serban I Cantacuzène, prince Valachie de 1678 à 1688. Il a fondé la première école roumaine à Bucarest et remplacé le slavon par le roumain dans la liturgie orthodoxe. Il a ordonné la première traduction de la Bible en roumain.
Statue d’ Alexandru Ioan Cuza. Souverain de Moldavie et Valachie de 1859 à 1866, il a été contraint à l’exil et remplacé par Carol I. Il pourrait être (mais Zog I, roi d’Albanie pourrait l’être aussi) le modèle de Muskar II dans « Le sceptre d’Ottokar ».
La cathédrale a été construite au XVII è siècle par le voïvode Serban Basarah. Elle est dédiée à Constantin et sa mère Hélène. C’est l’église du patriarcat depuis 1925.
Nous reprenons le bus pour aller à l’hôtel Continental forum en empruntant l’avenue Unirii. Le boulevard Unirii (appelé autrefois Avenue de la Victoire du Socialisme), projet de Ceaușescu est plus long et plus large que les Champs-Élysées (3,2 km sur 92 m)
au fond , le palais du Parlement
Notre hôtel se trouve près du Palais du Parlement (ou palais Ceaușescu) que nous visiterons le lendemain et de la monumentale cathédrale de la Rédemption, toujours en construction, un projet du Patriarche Daniel. Le coût est de 200 millions de dollars, financé en partie par des dons mais principalement par l’État (en réparation des destructions d’églises effectuées par Ceaușescu pour construire le Parlement). Les Roumains ne sont pas vraiment d’accord pour cette participation de l’État. Elle devrait faire près de 120 m de haut, 28 000 m², 12 ascenseurs, un parking souterrain, accueillir 5000 fidèles, et bien davantage sur le parvis.
Elle sera donc plus haute que le Palais qui ne mesure « que » 86m.
la vue depuis l'hôtel
le clinquant côtoie le délabré
Au loin, l’église Saint-Eleutherius.
La chambre est spacieuse, c’est même une suite avec un balcon qui donne sur le jardin. Nous n’avons pas le temps d’en profiter si vous voulons dîner. Comme le restaurant est à 2 km, nous prenons un taxi (20 lei, c’est-à-dire 4 €), nous attendons longtemps que le groupe arrive, craignant nous être trompés de restaurant. Nous en profitons pour faire quelques photos. En face du restaurant se trouve l’église de l’Annonciation dédiée à Saint Antoine. Cette église qui date de 1559 faisait partie du Curtea Veche (Cour princière agrandie par Constantin Brâncoveanu) qui a souffert d’un incendie. Dans cette église, furent couronnés plusieurs princes de Valachie.
Enfin, les autres arrivent et nous installons à une table en extérieur de l’auberge Hanul Lui Manuc, 50 rue Francesza. C’est un ancien caravansérail du XIX è construit en 1808 par Manuc Bei, un homme d’affaires d’origine arménienne. Ces « han » ou auberges-caravansérails, étaient nombreux à Bucarest (une trentaine) car il y avait beaucoup de marchands des Balkans, Europe centrale, Arménie qui transitaient ici. Celui-ci était situé près de la rivière Dâbovita où une jetée permettait d’amarrer les bateaux. Il pouvait accueillir 500 personnes, avec au rez-de-chaussée des magasins et des enclos pour les animaux et à l’étage des chambres pour les marchands.C’est entre les murs de ce han que fut signé en 1812 le traité mettant fin à la guerre entre l’empire ottoman et l’empire russe, par lequel la Russie obtenait la Bessarabie. Le bâtiment était fermé pendant l’époque communiste et a rouvert ses portes en 2011. Il y avait énormément de monde. Nous avons mangé des mici, mélange de viandes hachées, façonnées comme de petites saucisses et grillées. Des saucisses sans peau, donc. Pendant que nous mangions, des danses et des chants se déroulaient sur la scène.
aujourd’hui nous avons fait près de 23 000 pas