Avant le repas, nous allons au parc Musalia. Il y a beaucoup, beaucoup de monde, car c’est là que se trouve le mausolée du poète persan Hafez. Aujourd’hui, c’est le jour de la commémoration d’Hafez.
Khadjeh Shams-e-Din Mohammad Hâfez-e-Shirâzi naquit en 1320, à Chirâz.
C'est avec Saadi, Ferdowsi, l’un des poètes les plus renommés. Ses poèmes lyriques, les ghazals, sont rassemblés dans le « Divan ». Hafez fait partie de la vie des Iraniens et ils possèdent sans doute tous un exemplaire de ce recueil. On l’appelle « le rossignol de Shiraz ». Ce soir-là, il y avait beaucoup de monde dans le petit kiosque à colonnes, conçu en 1936 par les français André Godard et Maxime Siroux. Les Iraniens s’adressent à Hafez en toutes occasions. Les vers du poète donnent plusieurs interprétations et répondent aux questions des gens. Ils se placent devant la plaque de marbre, en tenant d’une mai le livre fermé et ils touchent le tombeau de l’autre main. Ils font une petite prière et posent leur question. Puis,ils ouvrent le livre au hasard et les vers qu’ils lisent alors donnent la réponse à leur question.
Hamed nous lit un poème d’Hafez, en persan puis en français « l’odeur des cheveux ».
Nous nous baladons pendant une demi-heure dans le jardin, photographiant ou faisant des selfies avec des jeunes collégiens.
L'odeur des cheveux
Je suis enivré sans arrêt
par le parfum de tes cheveux.
Je suis détruit, à chaque instant,
par tes magiques, traîtres yeux.
Après d'aussi longue patience,
mon Dieu ! verrai-je enfin la nuit
Où j'allumerai ma chandelle
dans l'arcade de tes sourcils ?
Ma clairvoyance est une ardoise
que je chéris matin et soir,
Car elle est comme le miroir
qui reflète ta mouche hindoue.
Si tu veux embellir ce monde
pour autant que l'éternité,
Dis au vent d'écarter ton voile
de ta face, pour un instant.
Si tu veux abolir la loi
qui rend ce monde périssable,
Crève l'écran de tes cheveux :
il s'en répandra mille vies.
Le vent et moi sommes deux gueux,
des vagabonds, des inutiles.
Nous sommes enivrés tous deux
par ton parfum et par tes yeux.
Bravo ! Hâfez s'est libéré
de ce monde comme de l'autre.
L'humble poussière de ton seuil
est la seule chère à ses yeux.
خوشا شیراز و وضع بی مثالش
خداوندا نگهدار از زوالش
« Plaisante est Chiraz et son incomparable état.
Oh Dieu, préserve la du déclin !' »
شیراز و آب رکنی و این باد خوش نسیم
عیبش مکن که خال رخ هفت کشور است
« Chiraz et l'eau du Roknabad, et sa plaisante brise,
Elle est parfaite et la beauté des sept nations. »
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Dans le jardin des roses, hier, l'aube pointait.
La nuit passée, dans mon ivresse, s'effaçait.
J'étais pareil au rossignol.
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Que m'importent les tulipes et les roses,
puisque par la pitié du Ciel,
j'ai, pour moi seul, tout le jardin -
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un groupe de rock iranien, O-Hum a repris les textes d'Hafez dans ses chansons
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C’est l’heure d’aller au restaurant Qavam : omelette de légumes (œufs, curcuma, poivre, légumes), boulettes de veau avec épine vinette, safran, légumes, oignon, double concentré de tomates, noix hachées, pois chiches (c’est une spécialité de Tabriz), frites. Dattes fourrées avec noix hachées et recouvertes de sauce à l’huile de sésame. Encore un repas délicieux !