Le monastère de Sucevița a été construit de 1595 à 1606 par la famille Movilă, principalement Ieremia (Jérémie). Mircea nous raconte la légende des Movilă.
Lors d’une bataille que livrait Étienne le Grand en 1485 contre les Turcs, le cheval fut tué sous son maître. Un page, nommé Purice (cela signifie Puce) lui donna son cheval. Mais Étienne le Grand, trop petit, ne pouvait monter sur le cheval. Purice lui dit : « Je me ferai comme une petite butte ; montez sur vous et vous pourrez sauter sur le cheval. ». Ce que fit le prince Étienne qui dit alors : « Puce, dorénavant, tu t’appelleras Movilă. » (ce qui signifie « butte »).
Plus tard, Ioan Movilă épousa Maria, fille de Pierre Rareș. Leurs trois fils, Jérémie, Siméon et l’évêque Gheorghe occupèrent un poste important à la cour de Pierre VI le Boiteux, prince de Moldavie. La monarchie en Moldavie était élective, c’est-à-dire que les princes étaient élus par les boyards. Succession horizontale, le plus âgé, pas de père en fils. Jérémie réussit à monter sur le trône de Moldavie de 1595 à 1606. Il épousa Erszébet (Élisabeth) Gomortany, une femme ambitieuse. Après sa mort, son frère Siméon, qui avait épousé Marghita Hăra, lui succéda, un an seulement car il mourut, sans doute empoisonné par Élisabeth.
Dans le musée, nous avons vu deux revêtements de tombe en brocart, avec inscriptions en cyrillique : celui de Jérémie, debout, qui apparaît fort et énergique et celui de Siméon, en gisant, qui apparaît plus timide car il n’a régné qu’un an.
Constantin, fils de Jérémie, monta sur le trône mais se noya au cours d’une bataille. Son frère Alexandre régna aussi mais fut capturé par les Turcs ainsi que sa mère qui termina sa vie dans un harem. Le dernier des Movilă fut Pierre, fils de Siméon, chroniqueur et métropolite de Kiev.
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Le monastère est entouré de murailles et de tours. Le tympan d’entrée représente la fête votive de la Résurrection.
l'aurochs de Dragos
Les peintures ont été réalisées vers 1595, au début du règne de Jérémie Movilă par une équipe de peintres conduite par Ion et Sofronie. C’est la dernière église à avoir été peinte en Bucovine.
Le monastère est habité par des moniales depuis le début XIX è siècle.
Nous commençons par admirer la façade nord :
On voit bien que la tour est montée sur une base en étoile.
e haut en bas : les chérubins, la Genèse, la vie de saint Pacôme
la Genèse tout en haut (je crois qu’elle est composé de 15 scènes. Les scènes qui représentent le jardin d’Eden sont sur fond blanc, les personnages sont habillés. Elles encadrent les scènes qui se passent sur Terre depuis le péché, quatre à gauche et trois à droite. Les scènes de la Terre sont sur fond sombre et les personnages sont nus, ceci pour mon ter que les personnages ont perdu la connaissance et sont désarmés devant la nature. Il y a également des scènes de la Genèse dans le naos.
Scènes de la vie de Saint Pacôme (sous la Genèse), sur trois registres. Cliquez sur la photo pour voir le détail des scènes
De gauche à droite : le baptême du saint, le rêve de saint Pacôme, saint Pacôme chez Saint Palamon, l’ange apparaissant sous les traits d’un moine à saint Pacôme, Pacôme envoie le portier saluer sa sœur, l’envoi du vieux prêtre Pierre pour visiter la sœur de Pacôme, Saint Pacôme envoie le même vieux prêtre Pierre chargé de prendre soin du couvent nouvellement créé par la sœur du saint, Les inscriptions sont en slavon.
le baptême et le rêve :
Pacôme envoie le portier saluer sa sœur,
Le second registre : Pacôme avait bâti un oratoire dans son monastère, si beau qu’il pensa que c’était là le fruit de son orgueil et le fit démolir. Saint Pacôme en prière devant un paysage montagneux. Saint Pacôme représenté deux fois : à droite d’un monastère, en prière avec un groupe de moines et une deuxième fois avec des anges et le Christ qui avait répondu à sa prière.
Troisième registre : cela semble être un mélange avec des scènes de la vie de Saint Antoine : découverte par saint Antoine du vieil ermite Paul de Thèbes (dans sa grotte du désert) et du repas apporté par un oiseau aux deux saints. La scène suivante montre le même saint se dirigeant vers les montagnes. Devant le saint se trouve Tagara, un hideux démon ailé qui gesticule frénétiquement. Enfin, c’est l’épisode où les démons, à l’aide de quelques cordes et de poulies, soulèvent une légère feuille de chêne dans le but de faire rire le saint.
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Échelle composée par Saint Jean Climaque (moine vivant dans le Sinaï au VI è siècle) ou échelle des Vertus qui représente la lutte entre le Bien et le mal et l’aspiration de l’homme vers la perfection. Chacun des 30 barreaux correspond à une vertu (liste des barreaux ici ). Celui qui arrive en haut est couronné, tiré par Jacob. Au contraire, ceux qui pèchent, tombent et sont entraînés par les diables. Le contraste entre l’ordre et la douceur du côté droit et le chaos frénétique du côté gauche est superbe. Les Anges portent la liste des bonnes actions. Les diables sont très drôles. Des diables aux grandes dents et visage humain sur le ventre représentent ceux qui ont vendu leur âme au diable.
il y est arrivé, il a reçu la couronne : Jacob le tire
le deuxième y arrivera-t-il ?
un autre tombe, si près du but
Sur l' abside, à l'est :
Prière de tous les saints, comme à Moldovița
de haut en bas (c'est toujours le même ordre):
1 les séraphins (ou les chérubins ?)
, 2 les anges,
3 les prophètes portant un parchemin et la Vierge,
4 les apôtres et le Christ,
5 les évêques et le Christ en calice. Sur la patène : on posait un napperon sur la petite armature croisée. On voit aussi les chérubins.
6 les martyrs
7 les anachorètes,
sur le contrefort, au niveau des anachorètes : Jean Baptiste avec des ailes
martyr et anachorète
Face sud
c'est principalement l'arbre de Jessé.
Jessé, tout en bas
Sous la ligne rouge, les philosophes grecs, comme à Moldovița. Platon, entre Sophocle et Aristote, avec un cercueil sur la tête (il a parlé de la mort et de l’immortalité de l’être). Au milieu d’eux : Jessé, père de David, allongé. Le défilé des philosophes a été peint en une fois.
De gauche à droite, Golud, Umid, Vason, Ason, Astakoe, Udim
Jessé allongé
Selum, Sophocle, Platon, Aristote, Pythagore
Saul et la Sybille
Selum, Sophocle, Platon, Aristote, Pythagore
un site intéressant sur les sages païens dans les monastères : CLIC
En haut, à gauche, Prière à la vierge (hymne acathiste)
entre les deux fenêtres : scène du Prokav : Marie, en princesse byzantine, les moines tiennent un voile rouge au-dessus d’elle.
En bas, à gauche : massacre des moines de Sainte-Catherine sur le mont Sinaï
Cliquez sur la photo pour voir les détails :
Exonarthex et pronaos : Je n'ai pas trouvé de photos de l'intérieur. Il y a un ménologe, un jugement dernier (le paresseux porte un coq sur le dos), les signes du zodiaque....
Naos
traditionnellement, le tableau votif se trouve à gauche de la porte en sortant du naos : Jérémie offre les reliques du Christ et à la Vierge, il est accompagné de son épouse Élisabeth, de ses enfants Alexandre, Constantin et les 5 filles
en face de la porte, Georges le frère de Jérémie et Siméon. Il était métropolite de Moldavie. Et également le portrait de Ioan, le père de Jérémie, Siméon et Gheorghe.
Musée
Outre le revêtement des tombes de Jérémie et Siméon (voir plus haut) , il y a un autre revêtement de tombe, entièrement perlé, une mèche de cheveux d’Elisabeth, un triptyque où sont mentionnés les noms des donateurs.