Principalement de 1814 à 1850, les paysans creusois se firent maçons pour aller travailler à Paris, Chartres, Versailles, Bourges. En 1850, il y avait 35000 migrants creusois à Paris. Les hommes de 30 à 39 ans (mais parfois plus jeunes) partaient de février à décembre pour travailler sur les chantiers. Deux hommes sut trois partaient. Les mariages se faisaient avant le départ, en série, (les registres d'état civil donnent peu de détails sur chaque mariage car il y en avait parfois une dizaine le même jour).
Un éclaireur partait 48 heures avant les autres , les "mangeurs de châtaignes" comme on appelait les maçons creusois à Paris parcouraient 50 km par jour, à pied bien entendu. Ils devaient présenter leur passeport et un livret d'ouvrier. S'ils ne le faisaient pas, ils pouvaient être arrêtés en tant que vagabond. L'embauche se faisait place de grève.
Les conditions de travail sont très dures : 376 h par mois, soit des journées de 12 à 13 heures, travaux dangereux sur les échafaudages, malnutrition, logements insalubres, accidents, l'hostilité des Parisiens, Solognots, Beaucerons, etc.
Martin Nadaud (1815-1898), lui-même maçon, réussit à prendre des cours du soir, il fréquente les réunions socialistes, il connaît Pierre Leroux (un ami de George Sand qu'il rencontrera plus tard et qui lui consacrera quelques pages dans "Journal d'un voyageur pendant la guerre"). En 1949, il est élu député de la Creuse. Sous le second Empire, il est banni à Bruxelles puis à Londres. En 1870, il est nommé préfet de la Creuse et en 1871, conseiller municipal de la Commune de Paris. Son œuvre sociale est considérable : retraites ouvrières et mutuelles, protections contre les accidents, l'enseignement professionnel, développement de la franc-maçonnerie en Creuse, lutte pour l'amnistie des Communards et pour l'enseignement laïque, établissement d'une ligne de chemin de fer en Creuse... On lui prête l'adage "Quand le bâtiment va, tout va"
à lire "Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon" (Martin Nadaud) , pour illustrer les leçons d'histoire au CM2 sur les conditions de travail des ouvriers , je faisais lire à mes élèves un des premiers chapitres de ce livre : CLIC
Jeantou, le maçon creusois (Gerges Nigremont), roman jeunesse
Les mangeurs de châtaignes (Alain Grousset) roman jeunesse
une version plus moderne où les "e"finaux sont escamotés.