Rosemonde et Henri Plantagenêt par Raymond-Quinsac Monvoisin (1790-1870).
Ce tableau exposé au Salon de 1827 représente Rosemonde Clifford et son amant Henri II Plantagenêt. Ils se retrouvaient en secret au palais de Woodstock. Aliénor les surprend (elle est représentée à gauche, pour donner davantage d'intensité dramatique) et le soir donne à Rosemonde le choix : poison ou poignard. C'est une légende car au moment de la mort de Rosemonde, Aliénor était emprisonnée depuis deux ans, sur ordre de son mari.
Une pièce de théâtre a été jouée en 1826 et le peintre a donné aux deux femmes le nom des actrices : Mlle Bourgoin et Lucinda Paradol.
Bacchus enfant par Julie Duvidal de Montferrier (1797-1865) future belle-soeur de Victor Hugo.
Le tableau est présenté au Salon de 1822 et connaît un grand succès. Julie de Montferrier est assistante du Baron Gérard , elle quitte ici le domaine réservé aux femmes (portraits et fleurs) pour entrer dans la peinture mythologique, à la limite de la peinture historique.
Le tableau est acheté par le duc d'Orléans, futur Louis-Philippe, pour orner la Galerie du Palais-Royal, aux côtés de Delacroix, Vernet, Devéria.... Pendant la Révolution de 1848, les tableaux sont brûlés mais celui-ci est le seul épargné. Julie le rachète en 1851, elle est d'ailleurs devenue Comtesse Hugo de par son mariage avec Abel qu'elle avait rencontré chez Adèle Foucher dont elle était la professeure. Après son mariage, elle ne travailla plus comme peintre professionnelle, les convenances le lui interdisant !
Jeune fille à genoux par Aimée Brune Pagès (1803-1866). En 1839, c'est la première femme à entrer au musée ouvert 14 ans auparavant..
Les scènes historiques sont très à la mode :
Condé et Mazarin, scènes de la Fronde par Eugène Devéria (1805-1865).
Le XVII è est en pleine découverte. Le tableau est commandé en 1829 par le Duc d'Orléans pour orner la Galerie du Palais-Royal et terminé en 1835.
Il raconte un épisode se situant avant la Fronde et raconté par le Cardinal de Retz dans ses Mémoires.Le duc de Longueville ne parvenant pas à obtenir de Mazarin le gouvernement de Pont-de-l'Arche, il demande à Condé d'intercéder. Le refus du Cardinal est considéré comme une offense. Un soir, Condé lui lance "Adieu, Mars" en lui tirant la barbe.
L'entrée de Mlle de Montpensier à Orléans pendant la Fronde en 1652. Par André Johannot (1800-1837). Johannot en a fait deux versions : la première, commandée par le futur Louis-Philippe en 1829 pour la Galerie. a brûlé en 1848. Cette version-ci avait été commandée par Madame Adélaïde, sœur du roi, pour son appartement.
Un tableau, attribué aux frères Beaubrun, représentant la même scène, se trouve aussi dans le musée. (étage XVII è)
Mort de Thomas Becket, archevêque de Canterbery, sous le règne de Henri II. par Émile-Édouard Mouchy (1802-1859).
C'était un élève de Guérin, comme Cogniet, Delacroix, Géricault, Schaffer.
La scène représente l'assassinat en 1170 de Thomas Becket par les partisans de Henri II Plantagenêt dans la cathédrale de Canterbery. Cet épisode a donné lieu à plusieurs romans et la pièce de théâtre de Jean Anouilh Becket ou l'honneur de Dieu (vue dans les années 70 avec Daniel Ivernel dans le rôle du roi).
La prise de Sétif par André Dauzats (1804_1868). Exposé au Salon de 1844.
Adrien Dauzats suit, avec plusieurs peintres, la conquête de l'Algérie menée par le Ferdinand-Philippe, duc D'Orléans, fils du roi Louis-Philippe.
Les Mokranis, seigneurs locaux, étaient divisés en deux factions : Abdessiam Mokrani, soutenu par Abd el Kader et Ahmed el Mokrani, soutenu par la France. Cette scène représente la soumission de El Mokrany, khalifa de la Medjanah, vêtu d'un burnous rouge, devant le Général Galbois qui devient commandant de la région. Cela se passait le 21 octobre 1839.
Le passage des Portes de Fer par Adrien Dauzats (1804-1868).
La scène se passe un peu après, le 28 novembre 1839. Le Duc d'Orléans part de Sétif avec 4000 hommes pour rejoindre Alger. Un soldat grave la date sur le rocher, les Arabes sont les partisans du chef Ahmed el Mokrani qui permet à l'armée de franchir le défilé. La France venant de violer le traité de la Tafna, la guerre reprend.
La postérité de Jeanne d'Arc par Auguste Glaize (1807-1893). Présenté au Salon de 1867.
Glaize est un élève des frères Devéria. Il réalise rarement des scènes historiques. En 1855, Félix Dupanloup, évêque d'Orléans (oui, c'est celui de la chanson paillarde), demande la canonisation de Jeanne D'Arc (celle-ci aura lieu plus tard, en 1920). Glaize représente ici Jeanne d'Arc, surmontée par la Vérité, la Justice, le Temps. Elle est couronnée par La Victoire qui tient la palme du martyre (habituellement réservée aux saints). À ses côtés se tiennent Charles VII et la Hire et tout à gauche, Cauchon, coupable de félonie.
Sainte Cécile, martyre par Alfred de Richemont (1857-1911, exposée au Salon de 1888. Patronne des musiciens, elle tient une lyre, symbole de la musique divine. La toile a été achetée par le Musée avant l'exposition par le directeur Eudoxe Marcille qui la paie en quatre ans.
Scènes de genre, prises dans un registre social :
L'enfant aux marionnettes par Louis Vincent Fouquet (1803-1869).
Fouquet entre à l'école gratuite de dessin d'Orléans, fondée par Aignan-Thomas Desfriches. Puis il devient l'élève d'Alexandre-Gabriel Decamps. Le tableau a été exposé au Salon de 1833 et eu beaucoup de succès.
Savoyards avec un chien par Louis Toussaint Rossignon. Salon de 1831
Les deux orphelins par Claudius Jacquand (1803-1878). 1846.
Opposition entre la situation aisée autrefois des deux enfants (riches tissus dans la malle, une épée indique que le père devait être militaire) et la situation actuelle (matelas rapiécé, vêtements pauvres, pieds nus, chandelle éteinte)
Grande salle des grands tableaux
Les tableaux sont exposés sur un mur rouge foncé sur plusieurs niveaux. C’est un peu chargé, certains tableaux sont immenses et cela m’évoque aussi la façon dont étaient agencées les salles de musées ou les ateliers des peintres étaient sans doute autrefois (par exemple l’atelier de Gustave Moreau).
la princesse Marie d'Orléans dans son atelier par Ary Scheffer (1795-1858).
Le futur Louis Philippe confie l'éducation artistique de ses enfants au peintre Ary Scheffer, élève de Guérin, comme Cogniet, Géricault, Delacroix. Scheffer expose à partir de 1812. À son contact, Ferdinand et Marie d'Orléans développent un goût pour cette nouvelle école qui éclot dans les Salons de peinture et en littérature (Dumas). Marie d'Orléans sculpte une Jeanne d'Arc en marbre. En 1837, elle épouse le duc de Wurtemberg et demande son portrait à Ary Scheffer.
Celui-ci la représente en train de travailler. Louise, reine des Belges, sa sœur aînée, commande une réplique (c'est ce tableau) et le lègue au fils de Marie, décédée à 26 ans de tuberculose. Le tableau reste dans la famille jusqu'en 2022, date à laquelle elle est achetée par le musée.
La mort d'Ugolin et de ses enfants dans la tour de la faim par Sébastien Norblin de la Gourdaine, dit Sobeck (1796-1884). 1833.
Ugolino della Gherardesca, tyran de Pise et chef des Gibelins. Il trahit son parti pour mieux régner sur la cité. Mais son plan ne réussit pas et il emprisonné dans la tour des Gualandi avec ses fils et petits-fils pour y mourir de faim.
Homme noir prosterné par Hippolyte Flandrin (1809-1864).
Les frères Paul et Hippolyte Flandrin étaient élèves d'Ingres. Hippolyte a remporté le Prix de Rome en 1832. Il est donc allé à la Villa Médicis et ce tableau est son travail de 5 ème année. Les artistes qui ont remporté le Prix de Rome sont directement acceptés au musée. Hippolyte a ensuite obtenu la commande des peintures murales de l'église Saint Paul de Nîmes. Il réalise une composition dans laquelle un roi et un esclave se prosternent devant le Christ. C'est cette étude qui est exposée ici (1846).
L’apothéose de la canaille ou le triomphe de Robert Macaire par Louis-Maurice Boutet de Monvel (1850, Orléans – 1913, Paris).
Le tableau a été peint pour le Salon de 1885. Cette toile caricaturale, violemment anti-républicaine, critique de la Commune mais aussi de la démocratie et du suffrage universel, joue sur la peur causée par la République. Comme de nombreux monarchistes, Boutet de Monvet a fui Paris au moment de la Commune et son tableau n'a rien à voir avec la réalité.
Le personnage représenté tout au sommet est le brigand Robert Macaire (voleur et assassin, héros de « l’auberge des Adrets »), il bénit une sorte de roi des gueux. Il est accompagné de son compère Bertrand qui joue de la grosse caisse. Le roi des gueux est armé d’un couteau et d’une bouteille de vin et foule de ses pieds la France.
Le tableau, d'abord accepté au Salon, a été retiré quelques jours avant pour éviter les échauffourées (cela se situe au moment de la crise du Tonkin et de la chute du gouvernement Ferry). Le journal "Le Figaro" proteste et expose a toile dans ses locaux. Le communard Henri Rochefort lui-même, condamne cette décision de retrait, au nom de la liberté de l'art.
Un peu plus tard, le caricaturiste Pépin dessine "L'apothéose de la Monarchie" en copiant la composition triangulaire du tableau et les positions des personnages. Cette toile réapparaît en 1980 et est acquise par le musée.
Girodet, autoportrait (je ne sais plus dans quelle salle). Girodet (1767-1824) est un peintre né à Montargis (le musée porte son nom). Élève de David, il se situe à la charnière de la peinture néoclassique et de la peinture romantique. Il a eu le Prix de Rome en 1789.
Prométhée par Arthur Mercier
Vénus sortant du bain par Dominique Moolknecht
Alexandre Antigna
Des tableaux d'Antigna sont dans la grande salle et la salle voisine lui est entièrement consacrée. Alexandre Antigna (1817, Orléans – 1878, Paris). Antigna entre à l'école gratuite de dessin d'Orléans puis va à Paris à l'école des Beaux-Arts dans l'atelier de Sébastien Norblin puis dans celui de Paul Delaroche. Il s’inspire des tableaux des peintres espagnols, Murillo, Zurbaran, Ribera, Velasquez, vus au Louvre. La critique lui reproche ses couleurs sombres. Il voyage un peu partout en France, puis en Espagne. Dans les années 1850, il rencontre George Sand à Gargilesse.
L'incendie. Présenté au Salon de 1850. Antigna représente l'instant qui précède le drame et fait frissonner à l'idée de l'horreur à venir, l'incendie qui va envahir la pièce dès que la porte sera ouverte. Il nous fait entrer dans le quotidien des classes populaires sans pour autant porter de discours politique, contrairement à Courbet qui expose la même année "les casseurs de pierres".
Après le bain par Antigna. 1849. Ce tableau, aux corps parfaits, sans polis ni cellulite par convenance, a eu un énorme succès à Paris. Mais il a choqué à Orléans, Dans un premier temps, le pubis de la femme allongé a été couvert par un linge puis le tableau a été caché dans une salle à laquelle on n'avait accès que sur rendez-vous (et cela pendant 30 ans).
« Etude de tête de vieille femme »
Pauvre femme. 1857
Le Roi des moutards. 1869. Dans les années 1860, sa palette se fait plus claire et plus colorée. Il achète une maison en Bretagne. Ce tableau rencontre un grand succès au Salon de 1869. Ce tableau qui représente une rivalité de pouvoir entre de jeunes garçons est une parodie du vainqueur et des défilés militaires. Le tableau a beaucoup de succès au Portugal, aux États-Unis, en Angleterre. Il réapparaît en 1980 dans une vente publique où le musée l'achète pour 55 000F.
Les Aragonaises d'Anso. 1872. Les deux petits Bohémiens jouent un morceau de flûte devant deux riches aragonaises. Le bébé joufflu donne une pièce d'or au petit garçon ébloui par l'éclat de la pièce.
Cousquet-hi (Elle dort). 1872.
Terres cuites du baron Henry de Triqueti. Les statuettes ont été dépoussiérées, nettoyées.
Henry de Triqueti épouse la petite-fille du sculpteur britannique Tomas Banks. Il reçoit une commande de la Reine Victoria : décoration murale de la chapelle du Prince Albert au château de Winsor.
Les statuettes sont faites en terre cuite, quand une œuvre a été choisie, elle est réalisée en ivoire. Ce sont des œuvres uniques. Triqueti est influencé par les sculpteurs de la Renaissance.
Les œuvres de Triqueti ne sont plus qu'ici, à Montargis (musée Girodet) et en Angleterre.
Bacchus enfant faisant boire un bouc. 1848. Bacchus (Dionysos) est confié aux nymphes du mont Nysa qui le nourrissent du lait des chèvres. Mais Bacchus préfère le vin. Ici, il tente d'enivrer un bouc.
Carnet de voyage de Charles Pensée :
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