salles du XIX è (1815-1870)
Les salles consacrées à cette époque se trouvent au premier et second entresol.
Les salles du premier entresol sont essentiellement consacrées à Léon Cogniet, au Prix de Rome et au voyage en Italie et également à quelques peintres de la période allant jusqu'à la monarchie de Louis-Philippe.
Léon Coignet (1794-1880)
Il devient l'élève de Guérin, à Paris, comme Delacroix et Géricault dont il devient l'ami et Ary Scheffer.
Il obtient le prix de perspective en 1814, le prix du Torse en 1815.
portrait d'un jeune homme dit autrefois autoportrait 1822
En 1815, il est deuxième pour le Prix de Rome qu'il obtient en 1817 pour Hélène délivrée par Castor et Pollux. Cet épisode de la vie d'Hélène de Troie se situe bien avant la guerre de Troie, mais quand elle a été enlevée par Thésée et délivrée par ses frères, les Dioscures.
Il part à Rome, à la Villa Médicis, avec son ami Achille-Etna Michallon, premier lauréat du prix de Rome paysage historique (en 1817). Le Prix de Rome a existé de 1663 à 1968. Il n'a été ouvert aux femmes qu'en 1903.
Michallon est considéré comme l'un des précurseurs de l'école de Barbizon (il a eu Corot pour élève).
Mazzochi, brigand italien par Michallon. 1820. Stendhal évoquait dans son Voyage en Italie ce bandit qui semait la terreur dans la région de Rome avec son complice Garbarone et leur bande. Cogniet se rend à la prison, avec son ami Léopold Robert, pour peindre ce personnage haut en couleurs.
Ravins de Sorente par Michallon. 1819
vue des toits de Saint-Paterne, Orléans par Corot . 1830
Escalier taillé dans le roc descendant à Anna Capri. par Jean-Charles Joseph Rémond. Ce peintre fut le second peintre paysagiste à bénéficier d'une bourse pour séjourner à la villa Médicis. Le nouveau règlement imposait aux peintres de réaliser trois sortes de tableaux : paysage agreste ou de montagne, paysage avec monument en ruine et paysage côtier, en y incluant des silhouettes. Cet escalier de 800 marches était à l'époque, le seul moyen d'aller d'Anacapri au port ; heureusement quand nous y sommes allés, une navette, bondée, épargnait nos jambes.
Léon Cogniet exécute surtout des tableaux de petit format
Tableaux peints lors de son séjour en Italie :
Une vue sur la montagne bleue
Vue de la tour des milices depuis la Villa Médicis à droite et vasque de la villa Médicis 1822
Étude de paysage, le lac de Némi (à gauche)
Feu d'artifice au château Saint-Ange à Rome. Depuis 1471, un spectaculaire feu d'artifice , la Girandola, est tiré depuis le château Saint-Ange, d'abord sépulture des empereurs romains, puis forteresse de la papauté et enfin prison pendant le XIX è siècle. Il était tiré à l'occasion d'événements solennels comme Pâques, l'élection d'un nouveau pape, la fête des sts Pierre et Paul. Il tire son nom de la roue portative envoyant des fusées et fut très souvent peint par les artistes. Cogniet l'a représenté à plusieurs reprises. Les peintres aimaient peindre les scènes d'incendies , de feux.
Groupe de bâtiments abandonnés, environs de Rome.1818. Plus tard, il abandonnera la peinture de paysage au profit des portraits et ne la reprendra que dans les années 1870 sur les côtes normandes.
paysanne 1820
L'artiste dessinant 1820-22, autoportrait
ruines d'un temple près d'une montagne 1818-22
Le massacre des Innocents est exposé au musée de Rennes. Ici ce sont des études préliminaires (le tableau définitif est au musée de Rennes). Exposé au Salon de 1824, il connaît un grand succès. La mère cache son enfant et l'empêche de pleurer pendant que le massacre se déroule dans l'escalier. On espère qu'elle va sauver son enfant mais elle ne sait pas qu'un soldat, armé d'un glaive arrive vers elle en poursuivant une mère et ses deux bébés.
tableau final exposé à Rennes :
À côté de ce tableau, Massacre de Scio, Travaux préparatoires. Delacroix évoque ici l'histoire contemporaine, les peintres exécutant le plus souvent des tableaux religieux ou mythologiques. L'opinion publique est à ce moment très émue par la guerre d'indépendance de la Grèce contre les Turcs (1821/30), la mort de Lord Byron à Missolonghi en 1824. Delacroix évoque ici les massacres qui ont lieu dans l'île de Scio en 1822.
tableau final Les massacres de Scio
Enlèvement de Rebecca par le templier de Bois Guibert. Les romans de Walter Scott connaissent un grand succès. Ici, Cogniet a représenté un épisode d' Ivanhoé. 1828. Delacroix a peint également cette scène en 1846.
les Drapeaux Le tableau évoque la Révolution de 1830. Ceci est une esquisse pour un tableau qui ne verra jamais le jour. Les trois drapeaux, un par jour, symbolisent le remplacement du drapeau blanc de la monarchie par le drapeau tricolore au cours des "Trois glorieuses" des 27, 28 et 29 juillet. À gauche, le drapeau royaliste (fleur de lis et armes de France) flotte au-dessus des fumées noires des combats. Au milieu, le drapeau déchiré laisse apparaître le bleu du ciel et un peu de rouge, l'emblème de la royauté a été emporté par un coup de canon. Celui de droite n'a plus de fleur de lis, le rouge est celui du sang des révolutionnaires (quelques gouttes tombent encore). La fumée passe du noir des combats au rouge des combats plus violents, décisifs et pleins d'espoir et la fumée blanche se délite sur un ciel bleu plus serein.
À partir de 1831, Delacroix et Cogniet ne se fréquentent plus.
Cogniet peint des portraits officiels, des portraits mondains et celui de la Veuve Clicquot (château de Brissac). Il se consacre à l'enseignement (a pour élèves Degas et Nélie Jacquemart)
portrait de la Veuve Clicquot. esquisse 1860-62. La veuve Cliquot (1777-1866) est la première femme à se lancer dans la production vinicole et prospère dans la fabrication du champagne. Sa fille épouse le comte de Chevigné, sa petite-fille le comte de Mortemart, son arrière-petite-fille le duc d'Uzès. Ici, elle est représentée dans le parc du château de Boursault avec son arrière-petite-fille, Anne de Rochechouard de Mortemart.
portrait de Charles X . 1828-30. Le portrait a été peint à la fin du règne.
Portrait de Jeanne d'Amys de Ponceau (deuxième duchesse de Luynes) 1850-55. Le tableau a été présenté à l'exposition universelle de 1855. La duchesse tient dans ses mains les plans du château de Dampierre-en-Yvelines que le duc fait aménager. Le tableau a été acquis en vente aux enchères en 2019.
Eugénie- Louise Adélaïde, princesse d'Orléans, dite Madame Adélaïde. 1838
La bataille du Mont Thabor. peint en 1843. Ce tableau est une commande pour décorer le nouveau musée de l'Histoire de France que louis Philippe ouvre à Versailles entre 1837 et 1844. Cogniet, surchargé par les commandes, collabore avec les meilleurs élèves de son atelier qu'il a ouvert en 1830. Ce tableau-ci est peint avec Félix Philippoteaux. Par ce tableau, Louis Philippe souhaite réconcilier la Nation avec la Révolution et l'Empire, dénigrés sous la Restauration. La bataille a eu lieu le 16 avril 1799. Kleber est appelé au secours des habitants de Saint-Jean-D'Acre. À droite, l'armée française forme un V devant l'armée ottomane qui fuit en débandade. Cogniet n'a pas voulu mettre l'accent sur les généraux mais montrer que les véritables héros sont les soldats citoyens.
le général Foy au combat d'Orthez. La bataille a eu lieu en 1814 (défaite des troupes napoléoniennes). Le général Foy demande qu'on soigne d'autres soldats plus gravement blessés que lui.
Velleda dans la tempête. 1830-35. Velleda, prêtresse gauloise, est la principale héroïne des livres 9 et 10 des Martyrs, poème en prose écrit par chateaubriand. La druidesse apparaît à Eudore, chef romain chrétien, alors qu'elle traverse un lac pour se rendre à l'assemblée des gaulois dans la forêt. Dans ce tableau, sont rassemblés tous les éléments du drame romantique, les flots tumultueux, les nuages noirs, la tempête...
Marie-Amélie Cogniet (1798-1869), sœur de Léon, a été son élève et a peint l'atelier de son frère (9, rue de la grange aux belles) en 1831. Elle a également dirigé entre 1840 et 1860 un atelier "pour dames" que son frère avait ouvert rue des Marais Saint-Martin, pendant que lui, dirigeait l'atelier pour "messieurs". Une des élèves de Marie-Amélie, Catherine Thévenin (1813-1892), prend la direction de l'atelier à la suite de Marie Amélie et épouse Léon Cogniet en 1865.
Marie-Amélie Cogniet par Léon Cogniet
Léon Coignet dans son atelier. par Marie-Amélie Cogniet. Le tableau montre la grande verrière, généralement orientée au nord. Une échelle permet d'accéder à la verrière afin de pouvoir régler l'intensité de la lumière à l'aide de toiles. Au centre, Léon Cogniet, vêtu d'une redingote à col noir, réfléchit ou regarde-t-il un de ses tableaux ? À droite, la Vénus de Médicis, en plâtre, est posée sur un poêle. Au pied de la statue, en partie caché, un buste d'Homère. Contre le poêle, une étude pour le portrait du maréchal Nicolas Joseph Maison (le portrait a été commandé pour orner la salle des Maréchaux au Palais des Tuileries, qui sera détruit en 1871. Marie Amélie s'est représentée dans le fond en train de peindre. Derrière elle, un porte jaune qui ouvre sur un petit cabinet.
Intérieur de l'atelier de Léon Cogniet en 1831 . Par Marie-Amélie Cogniet . C'est le même atelier, mais vu de l'autre côté. Cogniet est à gauche, en blouse blanche d'artiste. Il se tient appuyé contre l'échelle qui mène à la verrière. Il travaille sur L'expédition d'Égypte sous les ordres de Bonaparte.
Marie -Amélie est coiffée à la mode romantique. Le pinceau à la main, elle attend les ordres ou les indications de son frère. Dans l'atelier, se trouvent deux autres élèves. Au fond, on retrouve ce qu'on voyait dans le premier tableau : le poêle en faïence, la Vénus. Sur le mur du fond, une toile de Cogniet, Abel et Caïn. Sous la toile, ce serait le masque mortuaire de Géricault, mort en 1824 et ami de Cogniet
Les ateliers pour femmes : deux tableaux peints par Caroline Thévenin (1813-1892), future Madame Cogniet.
Le premier tableau (1836) représente l'atelier de Léon Cogniet qu'il avait ouvert aux jeunes filles. L'atelier pour hommes prépare au Prix de Rome alors que les cours donnés aux jeunes filles ont une vocation mondaine. Une femme copie Diane chasseresse, les élèves travaillent en regardant les plâtres qui remplacent les modèles vivants, jugés peu convenables. Dans l'atelier de Cogniet s'est formée Rosa Bonheur.
L'atelier de jeunes filles de Léon Cogniet, par Caroline Thévenin-Cogniet
intérieur d'un atelier de jeunes filles, par Caroline Thévenin-Cogniet
la mort est un thème cher à cette époque :
esquisses de Mlle B. morte. c'était une de ses élèves. 1843
Autoportrait peignant son élève Mlle B, morte. 1843
Le Tintoret peignant sa fille morte par Léon Cogniet. 1843. Rien ne prouve que Tintoret ait peint sa fille !
La confession par Marie-Amélie Cogniet. 1842. Le Giaour, poème de Byron, était très à la mode. Pour se venger de l'assassinat de sa bien-aimée Laïla, esclace circassienne, par son ma^tre le pacha Hassa, un soldat chrétien (appelé le Giaour ce qui signifie non-musulman) tue ce dernier et se retire dans un couvent. Sur son lit de mort, il confesse son crime au vieux prêtre pendant qu'apparaît sa bien-aimée. Delacroix a peint plusieurs tableaux tirés de ce conte. Celui de Marie-Amélie traite le sujet un peu comme au théâtre, avec des rideaux et le regard exorbité du mourant.
tête de Fieschi par Hugues Fourau. Fieschi a été décapité en 1836 après un attentat contre Louis Philippe.
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