L'exposition a eu lieu au château-musée de Nemours
lien vers l'expo : CLIC
Albert Ardail (1865-1914) fils d'Alphonse Ardail co-fondateur du musée. Le Loing à Nemours à la fontaine Saint-Jean. aquarelle. Albert Ardail était graveur à l'eau-forte comme son père et aussi aquarelliste.
Ernest Marché (1864/1932) suit les cours à l'Académie Julian. Cette école a été fondée en 1866 par le peintre Rodolphe Julian. L'école incontournable, c'est l'École des Beaux-Arts mais elle n'accepte ni les femmes ni les étrangers. Il se crée donc des écoles privées, par exemple l'Académie Julian où enseignent notamment Henri Chapu, Edouard Toudouze, Benjamin-Constant ... qui donnent les mêmes cours qu'aux Beaux-Arts. Les élèves peuvent choisir les cours qu'ils veulent suivre, aux heures qu'ils veulent. Ils sont un peu indisciplinés. L'ambiance est très bonne et des amitiés se nouent. Les hommes (en caleçon) peuvent poser pour les artistes femmes qui travaillent dans un atelier à part. En tout, il y a 6 ateliers Julian dans Paris. Plus tard, Marché sera co-fondateur du musée avec Alphonse Ardail et Sanson : article sur l'histoire du château CLIC
Marché à l'école Julian :
"quatre études de nus féminins" réalisées à l'Académie Julian entre 1887 et 1893
Parmi les élèves, j'ai relevé, côté femmes : Marie Bashkirtseff, Emma Löwstadt-Chadwick, Elvire Jan, Anna Klumpke. Des étrangers aussi, Mucha, Kupka, Chaïm Lipchitz, Ion Andreescu... Et aussi Paul Sérusier, Félix Vallotton, Maurice Denis, Bonnard, Vuillard, qui fonderont le mouvement Nabi. Bazaine, Louise Bourgeois, Dubuffet, Marcel Duchamp, Dunoyer de Segonzac, Alain Le Foll, François Gillot, François-Xavier Lalanne, Fernand Léger, Majorelle, Matisse, Cassandre.
Attirés un premier temps par l'attractivité artistique de Paris, des artistes étrangers t français se rendent ensuite à Barbizon pour rencontrer les Maîtres, Corot, Millet, Rousseau et peindre sur le motif... Mais vers 1875, Barbizon reçoit beaucoup de touristes et perd de son authenticité première. L'artiste américain Will Hicok Low propose à ses camarades d'aller à Grez-sur Loing pour profiter du nautisme. Quand ils vont à Paris, ils font de la publicité pour Grez, louant la beauté du site et le coût de la vie. "Venez à Grez. Venez à Grez.".
En 1860, Jules Chevillon et sa femme Virginie reprennent une ancienne auberge à Grez et la transforment en résidence.
Fernande Sadler (1869-1949) "La mère Chevillon"
Katherine Mac Causland (1859-1928) "Portrait de Jules Chevillon", sans doute le fils qui porte le même nom que son père
L'hôtel Chevillon devient le point de rencontre de nombreux artistes du monde entier en recherche d'inspiration, de bons repas, de plaisirs de la campagne. Ils prennent le train à Paris et s'arrêtent en gare de Bourron-Marlotte. La mère Chevillon est une femme gentille, bonne cuisinière, attentionnée avec les résidents. Il y avait un autre hôtel, plus bourgeois, qui accueillait les artistes, la Pension Laurent.
Parmi les artistes, il y avait bien sûr des Français, Corot par exemple, mais aussi des Norvégiens, Suédois, des Britanniques, des Américains, des Irlandais, une Serbe, des Japonais, des Italiens. Des peintres mais aussi des écrivains (Stevenson, Louisa May Alcott, Strindberg, les Goncourt), des musiciens.
Les artistes anglais et américains sont dans les premiers artistes étrangers à venir à Grez. Thomas Alexander, Lovell Birge Harrison, Chadwick et Emma Löwstädt, Heseltine, Louis Welden Hawkins s'installent dans ces années-là.
À l'occasion d'un séjour à Barbizon, en 1876, l'écrivain écossais Robert Louis Stevenson, grand voyageur, rencontre Fanny Osbourne née Van De Grift. Il est l'auteur du célèbre roman L'Île au trésor (1881), et de L'Étrange cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde (1886). Fanny Osbourne, artiste peintre Américaine, était venue en France, lassée des infidélités de son époux. Ils tombent amoureux, séjournent à Grez. Mais elle doit retourner aux Etats-Unis. Il ne peut la suivre et part dans les Cévennes qu'il traverse en compagnie de son ânesse Modestine. Enfin, il part la rejoindre aux États-Unis, il l'épouse. Fanny Stevenson est co-auteur du recueil de nouvelles Le dynamiteur, écrit avec son mari.
Une seconde vague arrive dans les années 1880, des Américains comme Kenyon Cox, Irlandais (Franck O'Meara), Anglais (Louis Welden Hawkins).
En 1883/84, une troisième vague d'artistes anglophones, Alexander Roche, John Lavery, William Kennedy, Thomas Millies Dox, arrive à Grez puis ils rentrent en Ecosse pour rejoindre le groupe des Glasgow Boys.
Entre 1870 et 1880, arrivèrent des artistes scandinaves comme Oscar Törna et Carl Larsson (beaucoup de femmes parmi ces artistes) Certains restent en France, d'autres retournent dans leur pays.
Entre 1890 et 1914, il y a des artistes japonais comme Kuroda Seïki et Asai Chû (ceux-ci n'étaient pas représentés dans l'exposition)
Le vieux pont de Grez a souvent été représenté : le premier à le peindre a été Corot. Le pont est souvent représenté avec des barques ou des sortes de pirogues, les périssoires, plates, plus étroites que les barques, peu solides, d'où leur nom.
Ici, une copie de Théophile Chauvet, d'après Camille Corot "Vue de Grez-sur-Loing" lithographie (la gravure de Corot se trouve à Manchester, USA)
Oscar Törna, peintre suédois (1842-1894) a peint plusieurs fois le pont.
Jelka Rosen (1868-1935) Le pont de Grez. Née à Belgrade en 1868, elle entre en 1892 à l'Académie Colarossi à Paris, accompagnée de sa mère récemment veuve. En janvier 1896, elle rencontre le compositeur britannique Frederick Delius. En 189, elle achète une maison à Grez où ils s'installent. Le tableau représente une vue du pont depuis leur maison.
Fernande Sadler (1869-1949) peint "Matin sur le Loing au pont de Grez". Après avoir été élève à l'Académie Julian, elle s'installe à Grez. Elle est également historienne et archéologue locale. Elle est la première femme maire de Grez de 1945 à 1947. Elle incite ses amis à faire don de leurs œuvres pour décorer les murs de la mairie
Francis Brooks Chadwick (1850-1943), peintre américain. La barque au pont de Grez-sur-Loing. Chadwick et son épouse, Emma Löwstadt, peintre suédoise, s'installent définitivement à Grez après l'acquisition de la pension Laurent. Ils y restent jusqu'à leur mort. C'est un des premiers peintres américains à avoir rejoint le mouvement impressionniste. Devant une périssoire. La barque représentée sur le tableau est une barque normale.
En 1985, avant d'emballer Le Pont Neuf à Paris, Christo s'était fait la main en emballant le pont de Grez-sur-Loing. En compensation du désagrément causé, il a offert l'enfouissement de tous les câbles électriques qui se trouvaient autour de ce pont.
Emma Löwstadt-Chadwick, 1855/1932, peintre norvégienne, épouse du précédent. En 1881, elle suit les cours à l'Acédémie Julian puis découvre Grez en 1885.
Moïse sauvé des eaux
La mère Lhuillier, craie sur toile
Allan Deacon (1848-1928) "Un connaisseur : portrait du peintre Arthur Heseltine" Sur cette huile, le peintre est représenté avec des dessins dans les mains.
L'anglais Arthur Heseltine (qui s'installera définitivement à Bourron-Marlotte) 1859-1930, réalise beaucoup de dessins. Plus de 100 sont conservés au château-musée de Nemours. Ici, "Sir John Lavery" 23/07/1883, crayon graphite sur papier. Lavery est un autre artiste de Grez.
John Lavery (1856-1941) Irlandais. "Femme et une barque"
Le Norvégien Johannès Grimelund (1842-1917), fils de l'archevêque de Trondheim, commença des études de théologie. Puis il prit des cours de dessin en Norvège, puis en Allemagne et à Paris où il arrive en 1875.
"Port de pêche en Norvège"
"Matin d'été à Mode"
"Rue de village sous la neige au soleil"
Louis Velden Hawkins (1849-1910). Anglais. Après avoir rompu avec sa famille, il s'installe à Paris où il prend des cours à l'Académie Julian. Il est naturalisé français en 1895. Il fait partie du mouvement symboliste et peint un monde irréel, inventé.
"La porte fermée" Exposée en 1896, cette huile reçut ce commentaire de son ami le romancier Paul Adam : "Close trapue, grise, gardée par des joncs épineux, elle couvre du mystère". Hawkins a dédicacé son œuvre à Stéphane Mallarmé : "Gardien du mystère, je donne cette porte fermée en témoignage de mon respect et de ma reconnaissance". Mallarmé aimait beaucoup ce tableau qu'il gardera chez lui jusqu'à sa mort. Il se trouve toujours à Vullaines/Seine dans la maison-musée de Mallarmé.
"Ma patronne" Derrière la femme auréolée, on voit le pont de Grez.
Thomas Alexander Harrison (1853-930). Peintre américain, il vient à Paris en 1879. Il suit les cours aux Beaux-Arts puis rejoint son frère à Grez.
"À Grez-sur-Loing". on voit sur le côté les cases numérotées du carroyage.
Franck O'Meara (1853-1888). Peintre irlandais. Son grand-père était médecin de Napoléon à Sainte-Hélène. À Grez, il est ami de Stevenson
Girl in blue clic
jeune fille à la quenouille"
Une vidéo qui présente cette exposition :