La ville a trois noms : roumain, allemand, hongrois. Elle a été colonisée par les Saxons vers 1280.
Il est difficile de se garer à Sighișoara et nous empruntons une route pentue pour accéder à la tour des tailleurs (Croitorilor) : Comme à Sibiu, chaque corporation avait pour obligation de construire une tour de défense.
Nous entrons dans la ville haute (Cetatii) et débouchons sur la place du marché. Il y a beaucoup de monde, mais nous arrivons quand même à admirer les maisons colorées du XIV è (il n’en reste qu’une seule), du XV è, XVI è et XVII è. Au bout de la petite rue, on aperçoit la tour de l’horloge. C’était sur cette place qu’avaient lieu les exécutions.
Maison vénitienne où a vécu Stephanus Mann (1590-1647), bourgmestre, dont la tombe se trouve dans l’église de la colline.
La tour de l’horloge, haute de 64 m, a été construite au XIIIè-XIV è et a servi d’abord de maison du Conseil, puis de tribunal et de prison. À la suite d’un incendie en 1676, elle a été reconstruite. L’horloge et ses automates ont été construits en Suisse. Du côté de la place du marché, on voit en bas à gauche la déesse de la paix (avec un rameau d’olivier et une trompette) et à sa droite, un tambourinaire avec un marteau qui frappe un tambour de bronze. Au-dessus, les femmes en robe bleue représentent la Justice et la Loi. À gauche et à droite, les anges figurent la Nuit et le Jour.
Nous passons sous la tour et faisons face à la ville basse. De ce côté de la tour, les personnages représentent les jours et changent à minuit.
Aujourd’hui nous sommes samedi, c’est donc Saturne (ou Cronos) qui apparaît, son métal est le plomb. Autrefois, Saturne tenait un enfant puisque le mythe dit que Saturne mangeait ses enfants. Lundi porte une lune, dimanche une couronne aux rayons d’or….
En haut de la tour, la flèche a une petite boule d’or qui contient le livre de chroniques. Si le coq est tourné vers l’ouest, c’est signe de pluie. Effectivement, nous aurons un gros orage, en fin de journée, heureusement, nous serons dans le car.
À gauche, un passage est couvert, c’est le passage des vieilles dames.
Nous repassons sous la tour de l’horloge et revenons sur la place pour rejoindre notre restaurant
C’est la Casa Dracula, menu classique : soupe, poivrons farcis, glace. Pas de sang ni d’ail.À propos de Dracula, la légende se mêle à la réalité. On dit que cette maison était celle de Vlad II Dracul (ce mot signifie le Dragon ou le Diable) de 1431 à 1435 et que son fils Vlad III Peles (l’Empaleur) y est né. Vlad II Dracul, fils de Mircea cel Batrin, a été admis par Sigismond, roi de Hongrie, à l’ordre du Dragon, chargé de lutter contre l’oppression ottomane. Au XV è siècle, il y avait 21 chevaliers de cet ordre dans toute l’Europe. Mais en 1447, Vlad II conclut un accord de paix avec les Turcs et envoya deux de ses fils chez les Turcs : Radu le Beau et celui qui deviendra Vlad III l’Empaleur. Vlad II père fut assassiné pour trahison et exécuté. Chez les Ottomans, Vlad (le fils) apprit comment semer la terreur. En 1558, il réussit à monter sur le trône de Valachie, captura le prince de Valachie, lui fit écouter sa propre sentence d’enterrement et l’enterra vivant. Le jour de Pâques 1457 (ou 1459?), pour venger la mort de son père , il organisa un festin pour les boyards, empala les plus âgés et réduisit en esclavage les jeunes à qui il fit construire son château de Bran. Il régna par la terreur en soumettant ses ennemis et les brigands au supplice du pal, supplice employé par ailleurs dans d’autres pays. Plus tard, il brisa son alliance avec les Ottomans, Mehmed II mit Radu le Beau sur le trône, Vlad fut capturé par le roi de Hongrie Mathias Corvin (Retenez bien ce nom car nous en reparlerons lors de la visite de Cluj-Napoca). En 1597, Vlad termina sa vie maudit, décapité et sa tête fut envoyée à Mehmed.
Plus tard, on raconta à Bran Stocker l’histoire de Vlad et d’Elisabeth Bathory (1560-1614), dite la Sanguinaire (celle-ci a inspiré le film de et avec Julie Delpy, « La Comtesse »). La légende raconte qu’elle a massacré, torturé de nombreuses personnes et qu’elle se baignait dans le sang de jeunes vierges pour conserver une éternelle jeunesse. Beaucoup de légendes et sans doute d’exagération à partir de personnages ayant réellement existé, un peu comme notre Gilles de Rais-Barbe Bleue.
Maintenant, les commerçants exploitent à fond le filon Dracula : masques, tee-shirts, perruques, colliers….
Pour accéder à l’église de la colline, nous pouvons emprunter un chemin légèrement pentu et pavé de galets, plus facile d’accès cependant que l’escalier couvert avec ses 172 marches (bien que celles-ci ne soient pas très hautes). L’escalier date de 1642, on l’appelle l’escalier des écoliers, on dit qu’il a été construit pour abriter les écoliers du mauvais temps.
L’église a été construite au XIV è siècle.
Dans la fresque au dessus du portail on peut lire :
« Cette œuvre a été achevée avec l’aide de Dieu en 1488 à la Saint Gerhardt lorsque une grande neige a détruit les arbres fruitiers »
Une autre inscription dans le chœur note :
« Celui qui veut s’asseoir dans cette stalle et qui ne sait pas parler latin, qu’il reste dehors pour qu’il ne soit pas chassé à coups de bâton » (1523)
En 1547, l’église passe à la Réforme.
Des fresques représentent la légende de Saint Georges,
la Passion du Christ, le Jugement dernier.
Une fresque représente la Trinité, on dirait que la tête de gauche qui représente le Saint-Esprit est celle d’une femme.
Le retable raconte la vie de Saint Roch, protecteur contre la peste, avec son chien ? Ou de saint martin de Tours ?
un autre tableau
Il y a aussi des pierres tombales (par exemple celle de Stephanus Mann (1590-1647), bourgmestre, qui a vécu dans la maison vénitienne que nous avons vue sur la place du marché.
et les emblèmes de Mathias Corvin, de sa femme Béatrice et du prince Étienne Bathory.
Nous redescendons par l’escalier et rejoignons le bus après quelques achats sur la place du marché : magnets à l’effigie de Dracula, et carnet joliment relié et contenant des maximes et proverbes en roumain..