En 1715, le curé de Fontaine-Simon (28), Claude Bougrain, fils d'un de mes ancêtres maternels, racontait, dans les registres paroissiaux, ce qui se passait en France.
Notamment, la visite de Mehmet Riza Beg, ambassadeur de Perse. Voici la page du registre où Claude Bougrain raconte cela :
L’envoyé du shah de Perse, Hussein I (dynastie des Séfévides)était donc Reza Beg, percepteur d’impôts, pour le compte du gouverneur d’Erevan. Il était décrit comme un personnage imbu de lui-même, coléreux et peu diplomate. Le voyage de Riza Beg de Perse, en compagnie de l’Arménien Hagopdian de Deritchan, jusqu’en France fut long et difficile. Les présents furent emballés dans des balles de soie sur un navire français en partance pour Marseille. Il arriva à Marseille le 23 octobre 1714. On dit que, près de Moulins, il vit le cadavre d’un malheureux exposé à la roue. Il demanda aussitôt qu’on fît devant lui une semblable exécution, offrant même un de ses gens.
Le cortège persan arriva à Paris le 7 février 1715 puis se rendit de Paris à Versailles le 19 février. Comme l’a raconté le curé Bougrain, la foule avait envahi les rues de Versailles. La galerie des glaces était noire de monde. Louis XIV, le Dauphin Philippe d’Orléans,Mme de Ventadour, le duc d’Orléans, « taient richement vêtus et couverts de diamants, de perles et de pierres précieuses (12 millions et demi de livres de diamants pour Louis XIV!). La réception fut grandiose mais l’on raconte que le Roi-Soleil et les courtisans furent déçus de la faible importance des présents : cent-six petites perles, deux cent quatre-vingts turquoises, deux petites boîtes d’or remplies de baume de mumie. La négociation du traité franco-persan fut ralentie du fait de la maladie de Louis XIV. Louis XIV reçoit à nouveau l’ambassadeur le 13 aôut et meurt le 1 septembre 1715, emporté par la gangrène.
L’ambassadeur se trouva vite à cours d’argent et ne trouva aucun prêteur. Il alla donc à Amsterdam où des marchands arméno-persans financèrent l’ambassade. Louis XIV demanda à l’ambassadeur qu’il intervienne auprès du Chah en faveur des religieux français « souvent maltraités dans cette contrée ». Le traité fut signé et un Consulat de Perse à Marseille fut créé. Le Consul fut Hagopdjan.
Terrifié par le retard d’il avit pris à retourner en Perse et par la perte des présents donnés par le roi de France pour le Shah, Riza Beg s’empoisonna.
Finalement, le traité de commerce et d’amitié entre les deux royaumes fut sans suite.
quelques tableaux de cette réception : ICI et Là
Montesquieu parle de cette réception dans les Lettres Persanes" (lettre 92)
À Ispahan.
l paroît ici un personnage travesti en ambassadeur de Perse, qui se joue insolemment des deux plus grands rois du monde. Il apporte au monarque des François des présents que le nôtre ne sauroit donner à un roi d’Irimette ou de Géorgie ; et, par sa lâche avarice, il a flétri la majesté des deux empires.
Il s’est rendu ridicule devant un peuple qui prétend être le plus poli de l’Europe, et il a fait dire en Occident que le roi des rois ne domine que sur des barbares.
Il a reçu des honneurs qu’il sembloit avoir voulu se faire refuser lui-même ; et, comme si la cour de France avoit eu plus à cœur la grandeur persane que lui, elle l’a fait paroître avec dignité devant un peuple dont il est le mépris.
Ne dis point ceci à Ispahan : épargne la tête d’un malheureux. Je ne veux pas que nos ministres le punissent de leur propre imprudence, et de l’indigne choix qu’ils ont fait.
De Paris, le dernier de la lune de Gemmadi 2, 1715.
le récit de cette ambassade : clic ICI
un livre écrit par Maurice Herbette "Une ambassade persane à Paris" : clic ICI