• Le curé Bougrain est né le 30/03/1651 à Rémalard (Orne), fils de Jean Bougrain et de Jacqueline Lochon. Beau-frère de mon ancêtre Jean Rotrou
    Il est mort le 30/10/1721 à Fontaine Simon à l'âge de 70 ans. Il est enterré dans l'église de Fontaine Simon, près de La Loupe (Eure-et-Loir)de même que son père, dans le choeur, à côté de l’épître. Ses armoiries sont de sinople à une bande d’or 

    Le curé Bougrain annote les registres de baptêmes, mariages et sépultures en racontant ce qui se passe en France ou dans la région : intempéries, faits politiques, vie à la Cour  

    Un peu chauvin, il s'enorgueillit que les curés qui l'ont précédé à Fontaine-Simon soient "tous percherons, point de normans"

    Voici quelques extraits (en rouge : mes annotations) :

    les intempéries : Le jeudy 26 may 1695 de mémoire d’homme les eaux n’ont esté si grandes par un orage, l’estang neuf de Neuilly s’est crevé.

    1696 Cette année a esté chere en grain cela n’a duré que 4 mois et les guines et la belle recolte de grains et fruits ont mis le bled a 15 et 20 sols mais voyez l’année 1709

    Le jeudy 4 juin 1699 est tombé beaucoup de neges fondues

    La nuit du mardy 20 et mercredy 21 juillet 1700 lorrage a fait du tort sur les grains et fruits pour (rature) en cette paroisse, nommement autour de dela

    le mardy 19 juillet 1707 il a fait une chaleur excessive en sorte que plusieurs en ont esté malades, et un faucheur proche nogent le Rotrou etouffa, plusieurs chevaux en routte etouffez, 4 paniers de beure fondus, 4 veaux etouffez dans la dite charette allants a paris a pierre Boutry et 6 paniers d’oeufs perdus qui furent jettéz en la riviere

    Au mois de janvier 1709 a l’égard du froid, des bleds et arbres gelés, on peut dire que l’homme âgé de plus de cent ans n’a veu plus que voit un enfant

    les exécutions : Le jeudy 4 décembre a été pendue et bruslée à La Ferté Vidame Aubert femme de st André de la ville aux Nonains qui avoient volé et pillé l’église de Mossonité

    Naissances et décès à la Cour :

    En l’an 1707, le six du premier mois
    qui se nomme autrement jour de l’Epiphanie,
    Madame de Bourgogne Au peril de sa vie ;
    nous donne des Bourbons Le cinqyesme des Roys.
    Dieu le fasse vivre plus que celuy qu’elle avait deja donné

    Dimanche, le premier jour de 7bre 1715 à 8 heures et un quart du matin, est mort d’une gangrène à la jambe Loüis 14 Roy de France, né à Saint-Germain le 4 7bre 1638 et luy succède Loüis 15 né à Versailles le 15 févr 1710. C’est le fils de son petit-fils, c’est à dire l’ayeul, fils de Loüis Dauphin de France mort à Marly le 18 fevr 1712, âgé de 30 ans, et de Marie Adélaïde de Savoye Dauphinne de France morte à Versailles le 12 févr 1712 âgée de 26 ans. Ce Loüis étoit fils de Loüis Dauphin de France mort à Meudon le 14 avril 1711 dans la 50 è année de son âge.

    Et voici une devinette, si quelqu'un trouve la solution ....
    Je suis le Ciel, je suis en terre,
    Je suis la paix, je suis en guerre, 
    A Dieu je ne puis convenir,
    Je sais pourtant vivre et mourir. 

    les guerres
    Le 17 aoust 1712 a été publié trêves entre L’Angleterre, La France et L’Espagne, et le 24 l’armée du Roy a forcé le camp de Denain, pris Marchiesne où étoit le dépost de toute l’armée des alliez. Ils y ont perdu dix mille hommes tant tuez que prisonniers, le siège de Landrecies levé en conséquence.
    Le 8 septembre, Doüay (2500 prisonniers) a été repris sur les alliez, après leur deffaite du camp de Denain. 2500 prisonniers
    Le 7 août la paix générale a eté conclue et signée

    Visite d'un Perse
    Le 7 è février 1715, Méhémed Rizabeg, Intendant de la province d’Erivan en Perse, Ambassadeur pour le Roy Hussein de Perse, a fait son entrée à Paris et le mardy 19 dudit mois il a fait son entrée à Versailles. Jamais la Cour n’a été plus laiste et jamais il n’y a eu plus de monde à Versailles.
     ce qu'en dit Wikipédia : (Méhémet Riza Beg était un personnage imbu de lui-même, coléreux et peu diplomate. Le voyage de Riza Beg de Perse jusqu’en France fut long et difficile. Les présents furent emballés dans des balles de soie sur un navire français en partance pour Marseille. Le cortège persan arriva à Paris le 7 février puis se rendit de Paris à Versailles le 19 février. La réception fut grandiose mais l’on raconte que le Roi-Soleil fut déçu de la faible importance des présents : des perles, des turquoises, deux petites boîtes d’or et de la baume de momie. La négociation du traité franco-persan fut ralentie du fait de la maladie de Louis XIV. L’ambassadeur se trouva vite à cours d’argent et ne trouva aucun prêteur. Il alla donc à Amsterdam où des marchands arméno-persans financèrent l’ambassade. Louis XIV demanda à l’ambassadeur qu’il intervienne auprès du Chah en faveur des religieux français « souvent maltraités dans cette contrée ». Le traité fut signé et un Consulat de Perse à Marseille fut créé. Le Consul fut Hagopdjan.

    1719 : chanson sur Law
    Chanson sur Monsieur Lass, ministre d’Etat 1719 (Lass = Law)

    Lass, vous quille (autrefois)
    Estoit une grosse Injure ;
    Mais pour bien parler francois, turlure,
    C’est une riche figure, Turlurlure.

    Où sont les deux grands cardinaux (Mazarin et Richelieu)
    Colbert et sa géniture
    Ce n’étoit que des nigaux, turlure,
    Ou de vrais Lass en peinture, turlurlure.

    Que diroit Loüis Le Grand,  (Louis 14 )
    Si hors de sa sépulture
    Il voyoit son propre sang, turlure
    Agioter a triple usure, Turlurlure.

    dedans la rue Quinquempoix,
    On joue une tablature,
    Qu’on punissoit autrefois l'usure, turlure De foüet et de flaitrissure, Turlurlure.

    On dit qu’à Missisipy,
    On a trouvé (chose sûre)
    De l’or plus qu’à Potosy, turlure (Potosi est une ville du Pérou)
    Il est bon pour la dorüre,Turlurlure.

    On scait qu’il est dans Paris,
    des fous de toute nature,
    Mais Lass dans son parti, turlure
    En a triplé la mesure, Turlurlure.

    Nostradamus a prédit
    Cett’ étonnante aventure,
    mais pour la bien éclaircir, turlure
    Attendons l’année future , Turlurlure.
    4 centurie 1e, quadrain 53, et 62












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  • Lors de mon passage à la mairie de La Chapelle Forainvilliers (Eure-et-loir), j'ai lu ce texte qui parle du terrible hiver de 1709. De nombreux curés ont parlé de cet hiver dans les registres paroissiaux.

    L’an mil sept cent neuf l’hiver a été le plus rude qu’on ait remarqué depuis cent un an, et le froid si grand qu’il a gelé les noyers, le pluspart des arbres, les plantes, et les bleds de sorte que le bled vers la fin du mois d’avril  a valu jusqua vingt deux  écus c’est à dire soixante et six livres, l’orge autant, l’avoine douze à treize livres, les poids gris dix sept à dix huit livres, les poids verts vingt livres et plus, la vesse quinze à seize livres ; on a semé un quantité d’orge cette année et le peuple a beaucoup souffert de la manque du grain parce qu’il s’est trouvé extrêmement gueux après plusieurs années de guerre dans laquelle étoit Louis quatorze roy de France pour soutenir dans le royaume d’Espagne son petit fils marié à une fille du duc de Savoye ; il avoit à le deffendre contre l’Empereur qui vouloit faire Roy d’Espagne son frère l’Archiduc, contre l’Angleterre, la Hollande, le Dannemarcq, le Portugal, une partie de la Pologne divisée, le Moscovite et le Duc de Savoye, ainsy le peuple françois a souffert d’extremes misères dans tous ces tems facheux tant par la disette que par les impots extraordinaires qu’on levoit sur luy ; dans la suite des tems on me seaura gré d’avoir fait cy cette remarque c’est le curé de la Chapelle qui escrit icy.

    La guerre dont il est question est la guerre de succession d’Espagne. A la mort de Charles II, il y a deux prétendants au trône d’Espagne : Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, marié à Marie Louise de Savoie (il deviendra roi sous le nom de Philippe V d’Espagne) et l’archiduc Charles de Habsbourg, frère de l’Empereur d’Allemagne joseph I.

       

    L’orthographe du texte original a été respectée (Danemarcq, vesse (pour vesce, légumineuse qu’on mangeait en temps de famine…)

     Cet hiver a commencé le 6 janvier 1709, jour des rois. Il a fait jusqu’à –25° à Paris. La mer avait commencé à geler. La famine qui s’ensuivit (accompagnée d’épidémies)  causa 800 000 morts (la population de la France était de 22 millions d’habitants)

     Un livre très intéressant « Les années de misère, la famine au temps du Grand Roi) de Marcel Lachiver (Fayard)

     

    Un autre curé, celui de Mulsanne (Sarthe) raconte aussi :

     

    L'an 1709, le jour des Rois, 6 janvier, il s'éleva un vent si froid vers le midi, qu'il coupait le visage. Ensuite, il neigea le lendemain deux ou trois jours suyvants tellement que la neige fut assez haute sur la terre. Il tomba ensuite quelque pluie froide tellement qu'il faisoit très -mauvais marcher tant pour les hommes que pour les chevaux. Il fit ensuite des gelées fort après, qui durèrent environ six semaines. Il fit si grand froid pendant tout ce temps que le vin et autres boires gelèrent dans les meilleures cuves. Le verre avec qui l'on buvoit prenait même aux lèvres. Le pain geloit sous les couettes des lits ou l'on se couchoit. Si l'on se réchauffoit par devant l'on geloit par derrière. Au bout des susdites six semaines, il vint un dégel qui fit fondre toutes les neiges restées sur la terre, après quoy la gelée recommença tout de nouveau, ce qui fit beaucoup plus de tort que les autres gelées, en sorte que les blés gelèrent presque tous aussi bien que la vigne et la plus grande partie des arbres, surtout les noyers, châtaigniers, pêchers, abricotiers, sapins fleurs et autres choses dont le détail serait trop long. Le blé qui ne valait à Noel que 10 sols le boisseau, mesure du Mans, commença à renchérir vers le commencement de février, mais sur la moitié et la fin d'avril il fut horriblement cher et valut depuis ce temps jusqu'au mois de juillet 1709, temps de la nouvelle récolte, six à sept francs le boisseau, mesure du Mans. Le vin qui ne valait que douze à quinze livres la pipe au Château du Loir renchérit horriblement et valut jusqu'à cent et six vingt livres la pipe, et les autres boissons en proportion. J'affirme cecy exact et véritable pour l'avoir vu, en foi de quoi j'ai apposé mon seing au pied, le quatorzième jour d'août 1710.

    Signé : M Levasseur, prêtre indigne, curé de Mulsanne .

     

     

     

     

    Pipe = 480 pintes

     

     

     

     

     


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