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La maison de george Sand, à Nohant (Cher) : le rez-de-chaussée
Vinciane Esslinger, conférencière au domaine de Nohant, nous ouvre la porte de la maison.
Nous plongeons dans la vie de George Sand grâce à Annick, Vinciane et Nicole.
Au décès de sa grand-mère Aurore de Saxe, la jeune fille a 17 ans. Elle hérite d’un domaine de 250 ha. Pour échapper à l’emprise maternelle et obtenir son indépendance, le 17 septembre 1822, elle se marie avec le baron François Casimir Dudevant. Ils s’installent à Nohant, ont deux enfants, Maurice et Solange. Elle s’aperçoit vite que Casimir est grossier et qu’ils n’ont pas les mêmes goûts. La rencontre avec Jules Sandeau, son amant, démarre sa vie littéraire mais elle serait devenue artiste même sans lui.
Dudevant et elle se séparent en 1836 et elle obtient de son mari l’autorisation de vivre la moitié de l’année à Nohant et la moitié à Paris où elle habite chez un ami d’enfance, Charles Duvernet. En 1831, elle s’est lancée dans « le grand fleuve de la littérature ». Elle écrit en collaboration avec Jules Sandeau (on nous reparlera de Charles Duvernet et de Jules Sandeau en fin d’après-midi, lors de la visite du Petit-Coudray).
Son mari doit partir de Nohant, avec une indemnité compensatoire. Grâce à l'avocat Michel de Bourges,lle obtient la garde des enfants, maintenant c’est elle qui a l’autorité et la gestion de Nohant.
Elle porte une redingote, se fait couper les cheveux, fume le cigare, monte à cheval comme un homme, met un chapeau de feutre et prend le pseudonyme de George Sand. À cette époque, pour avoir le droit de porter le pantalon, il fallait une autorisation pour « travestissement » (même chose pour Rosa Bonheur).
Elle habite quai Malaquais, rompt avec Jules Sandeau, a d’autres amants, Mérimée, Marie Dorval, Musset. Avec Musset, elle va à Fontainebleau, se promène dans les gorges de Franchard, va à Venise. Amours compliquées, passionnées, ils finissent par se quitter.
Sa vie professionnelle est très riche. Son premier roman « Indiana » est un gros succès. Elle écrira environ 70 romans, et en plus des articles journalistiques et des pièces de théâtre. Elle a fondé plusieurs journaux, elle gagne beaucoup d’argent.
George Sand s’installe définitivement à Nohant en 1847. Il fallait 8 heures pour aller de Nohant à Paris et les allers-retours devaient être épuisants. Depuis, la maison a subi de nombreuses transformations et améliorations décidées par George Sand et ses descendants.
La porte de la maison s’ouvre sur un petit vestibule et un grand escalier.
Sur le mur du vestibule, est accroché un tableau de sa petite-fille Aurore Sand-Lauth, la dernière descendante (peint par Vicente Santaolaria).
Dans les niches des murs de l’escalier, il y a un buste de George Sand par Aimé Millet, et un buste de La Malbran, sœur de Pauline Viardot, une habituée de la maison.
La cuisine est l’âme de la maison. C’est le domaine des domestiques, mais aussi de George qui aime cuisiner, par exemple les confitures de prunes. Il y avait beaucoup de domestiques, plus un cocher, un jardinier. On vivait en autarcie, en élevant des volailles, porcs, lapins. Les domestiques restent un an, reçoivent leurs gages et choisissent de partir ou rester.
pour appeler les domestiques !
Près d’une fenêtre se trouve un « potager », sorte de fourneau où l’on mettait des braises pour des cuissons lentes. En dessous, il y avait un cendrier pour récupérer les cendres utilisées pour la lessive.
En 1850, George Sand a acheté une cuisinière, investissement cher mais très innovant et plus pratique pour le personnel. George Sand se souciait du bien-être du personnel. Ils assistaient aux mariages domestiques.
Nous passons dans la salle à manger. C’est la pièce centrale du rez-de-chaussée et elle s’ouvre par une porte-fenêtre sur un perron et le parc. Le magnifique lustre est en verre de Murano, dans les tons de bleu, la couleur préférée de George Sand.
Sur la table se trouvent des assiettes en porcelaine de Creil-Montereau et des verres jaunes et bleus en cristal, offerts par Chopin. Le dallage a été refait d’après la description faite par George Sand en 1869.
La chaleur du calorifère s’évacue sous la table, ce qui permet aux invités de se réchauffer pendant le repas.
George Sand aimait recevoir ses amis, Franz Liszt et Marie d’Agoult, Delacroix, Chopin, Pauline Viardot, Théophile Gautier, Flaubert (il lui disait "Vous qui êtes du troisième sexe"), Tourgueniev. Balac disait :"J'ai trouvé la camarade Sand fumant le cigare après le dîner. Elle avait doublé son menton comme un chanoine... Elle n'est pas aimable... Elle est garçon !"
Ils arrivaient mi-mai et partaient fin octobre.
Sur la table, on a mis quelques noms :
Hippolyte Chatiron (1799-1848), son demi-frère, car fils de Maurice Dupin et d’une domestique, Catherine Chatiron. Aurore de Saxe congédia la domestique mais fit élever l’enfant par Jean Louis François Deschartres, également précepteur du père et de la demi-sœur.
Solange Dudevant, la fille de George. Les relations mère et fille étaient, semble-t-il, parfois tendues.
Maurice Dudevant, le fils chéri de George. Marionnettiste, entomologiste, peintre, écrivain, il était doué en tout ! Il a été, un temps, l’élève de Delacroix. C’est le personnage principal (joué par Arnaud Denis) avec Marie Caillaud, dite « Marie des poules » (jouée par Béatrice Agenin) dans la pièce de Gérard Savoisein. Pauvre Marie des poules, c’est moins facile de gagner sa liberté quand on est domestique que quand on est baronne Dudevant !
Eugène Delacroix est venu trois fois à Nohant.
Frédéric Chopin, surnommé Chip Chip, amant de George, compose beaucoup quand il est à Nohant. Sa sœur Louise est venue aussi avec son mari et est restée trois semaines. Chopin et George se sont rencontrés chez Liszt et Marie d’Agoult. Ce ne fut pas vraiment le coup de foudre. Chopin dit « Qu’elle est antipathique cette Sand. Est-ce bien une femme ? J'arrive à en douter» Finalement Chopin viendra régulièrement à Nohant de 1838 à 1847, date de leur rupture.
Pierre Le Roux, imprimeur. De 1838 à 1844, les ouvrages de George Sand, « Consuelo », « Jeanne », reflètent l’influence de Pierre Leroux, socialiste. C’est Sainte-Beuve qui présente Pierre Leroux et Lamennais à George Sand. En 1840, George fonde avec Pierre Leroux le mensuel « La revue indépendante », ce qui cause un différend avec son éditeur François Buloz, directeur de la Revue des Deux mondes. Le premier numéro paraît en novembre 1841. En 1844, Leroux s’installe à Boussac dont il deviendra plus tard le maire et fonde une communauté (imprimerie et ferme). Il défend le vote des femmes en 1848.
Pauline Viardot était cantatrice comme sa sœur La Malibran. Elle est venue cinq fois.
Gustave Papet , son ami d’enfance. Médecin, il soignait les malades gratuitement. George Sand lui dédie Mauprat.
Nous passons dans le salon
les murs sont décorés des portraits des membres de la famille : Maurice de Saxe
Maurice Sand,
George Sand par Auguste Charpentier.
par Nadar :
Aurore Sand-Lauth. Au-dessus Maurice Dupin de Francueil ? et Solange Dudevant ?
Les meubles sont ceux d’Aurore de Saxe. La grande table en merisier a été faite exprès pour que les gens puissent jouer aux échecs et autres jeux. C’est un meuble tout simple mais c’est là qu’on se réunit. On faisait aussi la lecture à haute voix, des travaux d’aiguilles. George Sans a écrit « Autour de la table ». Elle la compare à une école « âme de la maison ».
Il y a aussi un piano Pleyel acheté en 1849(il n’a donc pas été utilisé par Chopin).
Nous passons dans la chambre d’Aurore de saxe, appelée « la chambre rose ». Les autres chambres sont à l’étage. Aurore de Saxe l’occupa jusqu’à sa mort et George Sand l’occupa ensuite jusqu’en 1837. Plus tard, George l’utilise comme chambre d’amis. Lit à la polonaise.
Ce buste sculpté par Houdon représente Lina Calamatta, arrière-petite-fille de Houdon et filleule d’Ingres. C’est elle qui deviendra la femme de Maurice. George Sans l’aimait beaucoup et l’appelait sa fifille.
À côté, se trouve le boudoir où nous n’entrons pas car il est trop petit. C’est là que George Sans reçoit. Elle l’utilise comme bureau la nuit. Quand elle fait chambre à part avec son mari, elle s’installe dans cette pièce pour surveiller ses enfants qui sont dans la chambre rose. Elle écrit : « Ce petit boudoir était si petit qu’avec mes livres, mes herbiers, mes papillons et mes cailloux, l n’y avait pas de place pour un lit. J’y suppléais par un hamac. Je faisais mon bureau d’une armoire qui s’ouvrait en manière de secrétaire et qu’un cricri (grillon) que l’habitude de me voir avait apprivoisé, occupa longtemps avec moi".
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Commentaires
Merci pour cet article super intéressant ! Bon après-midi ! Bisous
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Bonsoir, je garde un très bon souvenir de la visite de Nohant et en particulier la cuisine. Bonne soirée.