• Thessalonique, une histoire compliquée et parfois tragique

    Mardi 3 octobre
    Ce matin, à Thessalonique (on dit aussi Salonique), nous sortons les parapluies. Une légère bruine nous accueille mais ne durera pas. La journée sera clémente : 25 °. Par temps clair, on peut parfois voir le mont Olympe, nous dit Elena. J'avoue n'avoir pas cherché à l'apercevoir. À part la visite de la ville haute qui se fera en bus, tout le reste se fera à pied (5 h 30 de visites, fort intéressantes !) et on ajoutera même, après le déjeuner, pendant le temps libre, 5 km pour aller voir la sculpture des parapluies. Les travaux du métro sont sans cesse retardés. Pour l'instant, ils sont prévus pour 2025. Mais il est facile de circuler dans Thessalonique, la place Aristote est à trente minutes de l'hôtel et impossible de se perdre !

     

    Thessalonique, une histoire compliquée et parfois tragique

    Thessalonique, deuxième ville de Grèce (1 000 000 habitants), est riche en monuments : sur les 1100 monuments grecs classés UNESCO, 16 se trouvent à Thessalonique. Monuments à fonction religieuse, laïque ou militaire.

    Pour plus de simplicité, je ferai les articles en les groupant par thèmes et non dans l'ordre de nos visites qui vont s'étaler sur plusieurs jours. Dans l'ordre de nos visites, nous avons visité :
    le mardi : les remparts et la tour Trigonion dans la ville haute, la Tour blanche et la statue d'Alexandre le Grand, le musée de la culture byzantine, l'église Saint-Dimitri, le forum romain, la Panagia Chalkeon, la place Aristote, la place Vénizélos, les bains turcs, la via Egnatia, l'église Sainte-Sophie, le marché. Et, après le restaurant, sur notre temps libre : la sculpture des Parapluies, YMCA parc, l'arc de Galère.
    le mardi : le musée archéologique. Sur notre temps libre, le soir l'église des Apôtres
    le mercredi : la Rotonde et l'Arc de Galère
    le samedi soir sur notre temps libre : la place Aristote


    Ce sera aussi le moment de penser à acheter des timbres. Finalement, c'est Elena qui s'en chargera, pour plus de facilité pour nous. Le prix des timbres, 2 €, a doublé depuis septembre, pour financer les travaux de réparation suite aux inondations catastrophiques dans la région de Volos (apparition de serpents, puanteur).


    Thessalonique a été fondée en 315 BC par Cassandre, (fils d'Antipater), qui a fondé également Cassandréia, à l'entrée de la péninsule ouest de la Chalcidique. Cassandre a donné à la ville le nom de son épouse, Thessaloniké, fille de Philippe II et demi-sœur d'Alexandre le Grand. Il se fait proclamer roi de Macédoine en 305 BC après avoir fait assassiner Alexandre IV et Roxane, fils et épouse d'Alexandre le Grand. Il fonde la dynastie des Antipatrides.

    Nous longeons les remparts de la ville haute pour arriver au sud de l'acropole, au pied de la tour Trigonion, qui a servi d'entrepôt pour la poudre. De là, nous pouvons voir la baie de Thessalonique, le golfe thermaïque, la tour blanche que nous verrons de près plus tard, notre hôtel perdu parmi les constructions.
    Les remparts actuels datent de l'époque médiévale mais il reste des traces des remparts antiques. La tour la plus célèbre est au sud, en bord de mer, nous la visiterons plus tard, c'est la tour blanche.

     

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    Tout au nord de l'Acropole, l'Heptapyrgion a servi de prison jusqu'en 1989. On l'appelait aussi Yedi kouli, un air de rébéliko (musique populaire) y fait référence.

     

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    ici aussi, on prend soin des trottoirs

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    Thessalonique est située sur la voie Egnatia et de nombreux marchands s'y installent.
    L'empereur Galère fait construire un palais (nous verrons l'arc de Galère et la Rotonde). Saint Dimitri, martyrisé par Galère en 305 devient patron de la ville.

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    une église est dédiée à Dimitri :

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    L'empereur Théodose I le Grand fortifie la cité. Rappel :  En 380, Théodose I le Grand interdit tous les cultes païens et institue le catholicisme comme religion d'état. En 390, il mate une émeute populaire et fait massacrer 7000 personnes.

    Pendant la période byzantine, Thessalonique a le statut de co-capitale (symvasilévousa) avec Constantinople. Les églises byzantines sont nombreuses, par exemple Sainte-Sophie

     

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    La ville est prise par les Sarrasins en 904 (20000 prisonniers sont vendus comme esclaves), puis par les Normands de Sicile commandés par Tancrède de Lecce (1185), puis par Boniface de Montferrat après la quatrième croisade (1204). La ville se met sous protection vénitienne. Mais les remparts sont mal entretenus et la ville est prise par les Ottomans en 1430. Elle restera sous domination ottomane jusqu'en 1912, c'est-à-dire un siècle de plus qu'une bonne partie de la Grèce. Toutes les églises (sauf Saint-Nicolas qui a gardé ses peintures murales du XIV è) ont été transformées en mosquées.


    La ville était également surnommée "Madre de Israël" et "la Jérusalem des Balkans" par les poètes du XVI et XVII siècles, en raison du grand nombre de Juifs. Des Juifs s'étaient déjà  installés depuis le VI è siècle BC, chassés de Perse par Darius, Romaniotes venus d'Alexandrie, Ashkénazes hongrois, Provençaux, Siciliens, Vénitiens.... Au XVè, période de la Reconquista, les Juifs d'Espagne qui ne veulent pas se convertir (ils sont 70 000) sont chassés par Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille, les Rois catholiques. Ils arrivent à Thessalonique (c'est la Diaspora). Bajazet II et Soliman le Magnifique invitent les Juifs à venir s'installer (ce qui générera une source d'impôts importante pour l'empire Ottoman, en plus du savoir apporté par les savants juifs). 20000 juifs, les Séfarades, s'installent à Thessalonique. La population juive est alors majoritaire. À cette époque, on compte 4 855 feux : 2 645 feux juifs, 1 229 feux musulmans et 981 feux chrétiens. En 1900, on compte 80 000 juifs à Thessalonique sur 173 000 habitants.

     

    en 1913, prend fin la première guerre balkanique (traité de Londres et la Macédoine quitte l'empire ottoman pour la Grèce. Mais la deuxième guerre balkanique n'est pas loin...

    photo wikipédia :

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    En 1917, l'armée d'Orient est stationnée à Thessalonique (il y a 300 000 français, des Britanniques, des Russes, des Italiens, des Serbes). Surnommés par Clemenceau les "jardiniers de Thessalonique", ils effectuent des travaux d'asséchement dans les marais, pour combattre le paludisme, la dysenterie, le scorbut, et cultivent la terre.
    Les tensions étaient importantes entre les royalistes et les partisans grecs de Vénizélos *, les Français, les Anglais, les orthodoxes, les catholiques, les juifs, les musulmans, les civils et les militaires.
    * Elefthérios Vénizélos (1864-1936), considéré comme le père de la Grèce moderne, a joué un rôle important pendant les guerres balkaniques. On le voit ici signer le traité de Sèvres (1920)

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    En août 1917, un gigantesque incendie, favorisé par les rues étroites et les maisons en bois, détruisit une partie de la ville. 70 000 personnes étaient sans abri, principalement la population juive qui habitait dans la ville basse. Beaucoup d'églises, mosquées et synagogues brûlèrent. Les primes d'assurances ont été payées par les Britanniques, l'incendie étant supposé accidentel (une lampe dans une boulangerie à l'angle des rues Olympou et Dragoumi, près de notre hôtel, serait à l'origine de l'incendie). L'architecte et archéologue français Hébrard a été chargé de concevoir un nouveau plan d'urbanisation en damier avec des rues parallèles à la mer (dont la via Égnatia). Du haut de l'acropole, on voit la différence entre les maisons blanches du bas de la ville et les toits de tuiles de la partie non incendiée.

     

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    En 1943, 50 000 juifs (19 convois) de Thessalonique furent déportés, 1000 seulement sont revenus, surtout des enfants. Toutes les synagogues, sauf deux, furent détruites (l'une a été détruite depuis par le séisme de 1985). Actuellement, il n'y a plus que 1000 juifs à Thessalonique (de citoyenneté grecque)
    Sur la place Eleftherías (place de la Liberté), un monument, la Menorah, commémore ce génocide.

     

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    À l'ouest de la cathédrale Sainte-Sophie, un autre monument commémore le génocide des Grecs pontiques : massacres, expulsions forcées infligées par le gouvernement des Jeunes-Turcs puis Mustapha Kemal entre 1914 et 1923 et après le traité de Lausanne. Mustapha Kémal "Atatürk" a construit son état sur le génocide arménien et les disparitions de l'ensemble des chrétiens. Le fait qu'il y ait eu ou non génocide fait encore débat entre la Turquie et la Grèce et l'ONU n'a pas tranché. Les Grecs pontiques habitaient sur la côte sud-est de la Mer-Noire (appelée autrefois Pont-Euxin, d'où le nom de pontique). J'ai déjà parlé de la "Grande Catastrophe" et de l'échange forcé des populations grecque et turque dans mon article du samedi 30 septembre sur Kavala.

     

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    Mustapha Kémal est né à Thessalonique (sa maison se trouve  près de la Rotonde).

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