• Le musée Robert Tatin, l'allée des géants

    La « Maison des Champs », est un « pont entre l’Orient et l’Occident ». Nous commençons par la visite de l’allée des géants, sous la conduite d’Abu.

    Les géants ont été construit le long d'un chemin communal qui conduisait en Bretagne. L’allée mesure 80 mètres et est bordée de 19 statues. Il devrait y en avoir vingt mais la fleur (la septième sur l’allée) a été cassée par le passage d’un tracteur.

     Les statues sont constructions sur une buse de ciment recouverte de parpaings, de grillage peint. Elles sont très fragiles. Celles de haut de l’allée mesurent 2 m et celles du bas mesurent 4,5 mètres pour corriger la perspective du terrain en pente. Comme Lise Tatin a vécu plus longtemps que son mari (elle vit encore), elle a raconté ce qu’il voulait raconter en créant ses statues.

     

    Les statues de la première partie représentent, par ordre chronologique, ce qui a marqué son enfance.

     Vercingétorix et Jeanne d’Arc sont les personnages qu’il a rencontrés à l’école. Et qui représentent la résistance et la liberté. Vercingétorix tord le cou à la louve romaine et Jeanne d’Arc porte la couronne et la fleur de lis.

     Le verbe être et avoir sont les premiers étudiés en conjugaison. Avoir veut tout posséder, il serre sa bourse contre lui, il veut dévorer le monde. Sa tête de Méduse couronnée de serpents veut pétrifier les passants, son corps est étouffé par le serpent : le matériel ne dure qu’un temps, tout a un début et une fin.

     

    Le verbe être ne cherche pas à posséder, il ouvre grand les bras ; comme il a la tête en bas ce qui est dans ses poches tombe. Il ne veut rien conserver. Il ne garde que l’essentiel : vivre. Ses yeux et ses oreilles sont immenses, pour découvrir et écouter le monde. Il se renouvelle continuellement.

     Alors, faut-il être ou avoir ?

     La religion fait partie de la vie d’un enfant à cette époque. Sainte Anne porte sur son ventre sa fille, Marie enceinte de l’enfant Jésus. Les trois générations du temps qui passe sont représentées ici : le passé, le présent et l’enfant à venir.

     La Vierge de l’Épine (c’est le quartier où Tatin est né et à Evron la basilique est dédiée à la légende de l’épine) sera nommée par Tatin la mère universelle. Autour d’elles sont représentées différentes religions (elle porte la coiffe du pape,et prend une pose bouddhiste. . Les cornes d’abondance qui la couronnent symbolisent la terre nourricière.

     Il n’y a rien à la place de la Fleur démolie par un tracteur en 1967 et Tatin n’a pas voulu la refaire. Il a bien raison, chaque œuvre est unique. Il reste la tête (qu(on peut voir dans une des salles du Jardin des Méditations) et des photos.C’est le symbole de l’épanouissement de l’être, du passage de l’enfant à l’adulte.

    Robert Tatin n’a pas été compagnon Cependant il était artisan et son beau-père était compagnon du Devoir. Il a aussi rencontré les compagnons du Devoir de Liberté à Tours. Le maître compagnon nous présente son chef d’œuvre, la pierre cubique à pointe. Cette quête de la perfection stimulera Tatin toute sa vie.

     Les statues de la deuxième partie représentent des artistes qu’il a admirés ou connus pendant sa vie d’adulte.

     

    André Breton. Suite aux atrocités de la première guerre mondiale, André Breton crée le mouvement surréaliste pour inventer un monde nouveau basé sur le rêve. Dans la partie supérieure, l’imaginaire de Breton se décline au masculin et au féminin, una allusion aux découvertes de la psychanalyse. L’oiseau posé sur la langue symbolise la liberté et la poésie. Tatin disait que Breton aimait faire chanter les mots.

     Le douanier Rousseau. Devant le peintre se trouve un couple qui incarne la naïveté du sentiment amoureux.

     Georges Seurat est représenté tout en bas, en magicien des couleurs. Il joue avec les trois couleurs primaires et deux complémentaires. Sa muse est surdimensionnée car plus importante. Elle porte une ombrelle comme les femmes peintes par Seurat dans « Un dimanche à l’île de la Grande Jatte ».

     Paul Gauguin. Comme Tatin, Gauguin était un grand voyageur. Sa muse st représentée la tête à l’envers (la Polynésie est aux antipodes de la France). Gauguin porte des sabots bretons, en référence à l’école de pont-Aven.

     Les femmes étaient présentes en tant que muses dans les statues précédentes. Tatin représente ensuite des femmes artistes.

     Leonor Fini, née à Buenos Aires, est une peintre, décoratrice, costumière ... d’inspiration onirique et fantastique. Elle fréquentait Breton et Max Ernst. Ici elle est représentée sous deux aspects : sous la forme d’une femme le visage levé vers le ciel étoilé comme le bord de son manteau, Leonor Fini aimait la nuit. Le chat botté rappelle qu’elle adorait les chats, elle en a eu une centaine (jusqu’à dix-sept) en même temps et elle aimait les peindre. Elle aimait aussi se déguiser en chat. La femme est chatte, sorcière ou prêtresse.

     une vidéo sur Leonor Fini et ses chats

    Auguste Rodin. La main rappelle les grandes capacités de Rodin à représenter l’anatomie humaine. C’est aussi la symbolisation de sa passion pour Camille Claudel qu’il a presque poussée à la folie. Cette statue est un hommage aux femmes artistes qui ont lutté pour se réaliser.

     

    Ubu, le personnage principal créé par Alfred Jarry. C’est la statue que je préfère, sans doute parce que c’est ma petite madeleine qui me rappelle mon adolescence. J’ai encore le vieux livre de poche « Tout Ubu » que j’ai acheté le 2 novembre 1963. Qui m’avait parlé de cet auteur ? Je ne sais plus… Ubu incarne la bêtise humaine, c’est un tricheur assis sur un dé pipé (le chiffre 5 est inscrit des deux côtés). Il est dos au mur, assis sur la raison, il a plein de défauts. Les yeux tournés vers le ciel, il refuse de nous voir et de nous entendre, il ne fait pas attention à nous. C’est l’évocation d’un ego surdimensionné.

     

    Le musée Robert Tatin, l'allée des géants

    Alfred Jarry, écrivain né à Laval. La cage thoracique est une cage à oiseaux pour évoquer l’enfermement mais elle est ouverte sur les côtés pour symboliser la liberté d’esprit et le souffle du poète. Dès son plus jeune âge, Jarry s’est passionné pour la bicyclette. Pour lui, le vélo est un libérateur du temps et de l’espace. Mais cette machine de plaisir peut devenir une machine infernale qui asservit l’homme et le transforme en machine ; la mécanisation étant en marche ne peut pas s’arrêter. C’est ce qu’il a voulu montrer en ne mettant ni freins ni pédale à son vélo.

     

    Suzanne Valadon et son fils Maurice Utrillo, les peintes de Montmartre et du sacré Cœur. La relation entre la mère et le fils était très ambiguë, à la fois constructive car elle a fait de lui un artiste renommé mais aussi possessive et destructrice, Utrillo était alcoolique dès l’âge de huit ans. Sur la statue, elle enferme Utrillo qui se renferme sur lui-même.

     

    Henri de Toulouse-Lautrec est représenté tout petit, il était nain. Mais c’était un nain au grand cœur. Celui-ci est une fenêtre ouverte devant laquelle se tient La Goulue, la danseuse qu’il aimait peindre. Tatin insiste sur le contraste entre le handicap physique et la beauté de intérieure de l’artiste.

     

    Jules Verne. Ses romans ont fasciné Robert Tatin qui aimait beaucoup l’astronomie. Jules Verne porte les antennes du visionnaire avec lesquelles il perçoit la vie sur terre et dans l’univers. Une fusée est placée sur ses genoux et emmène un couple de mariés dans la Lune. L’oiseau migrateur évoque les voyages dont nous parle Jules Verne.

     

    Pablo Picasso st un génie au visage solaire rayonnant et aveuglant. Il porte en lui un homme et une femme dont les visages se mêlent pour n’en faire qu’un, dualité homme-femme. La colombe de la paix est bien sûr, présente. Picasso est assis sur les monstres de l’animalité humaine.

     

     

     

     

     


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