Le film de Ken Loach mérite bien la Palme d'Or. Mais que ce film est dur. Il commence dans la lande près de Cork, en 1920 (peu de temps après les grèves de 1913 et les "Pâques sanglantes" de 1916, où fut exécuté James Connolly).

La partie de hurling entre les gars du coin est violente et donne le ton à ce qui va se passer ensuite. Et on sait ce qui va se passer. Les joueurs de hurling rentrent à la ferme et une troupe de Blacks and Tans (tout juste débarquée d'Angleterre pour mater les Irlandais) fait irruption et tuent un jeune qui refuse de dire son nom en anglais. Ce meurtre décide Damien à rejoindre les rangs de l'IRA au lieu d'aller à Londres poursuivre ses études de médecine. Cette décision ravit son frère Teddy. Les scènes sont très brutales. Les exécutions, tortures, guerilla se multiplient mais finalement le traité est signé entre les Irlandais et les Anglais. Mais les deux frères se séparent : Teddy accepte le traité et Damien le refuse et continue la lutte. Cela ne peut que se terminer mal pour les deux frères.

On assiste aux discussions entre ceux qui acceptent le traité et ceux qui le refusent. Les premiers encensent Michael Collins, les autres le considèrent comme traître. A quel moment faut-il arrêter la lutte ? Quel choix faut-il faire ? au nom de la paix, accepter la création de l'Irlande du Nord et l'asservissement des catholiques qui y habiteront ? Continuer la lutte au prix des morts qui vont suivre ? Damien pense que l'Eglise se met du côté des riches.

C'est donc le début d'une guerre civile qui va durer trop longtemps.Bloody Sunday (en 1972, à Derry -dire Derry et non Londonderry- des pacifistes sont tués par les soldats anglais), grève de la faim et de l'hygiène des prisonniers politiques qu'on refuse de considérer comme tels, mort de Bobby Sands en 1981. En 2005, l'IRA a annoncé qu'elle cessait la lutte armée et engageait des actions politiques pour résoudre le problème de l'Ulster. D'ici novembre 2006, le Sinn fein (catholique) et le DUP (protestant) devront avoir trouvé un accord. En Irlande du Nord, il ya 44% de catholiques, 53 % de protestants etb 3 % sans religion.

Dans le film, on voit aussi le rôle des femmes, comme dans toutes les guerres elles souffrent, sont battues, pleurent un fils, un fiancé mais elles se battent aussi.

J'ai pensé durant ce film à tout ce que notre guide nous a dit et à ces paysages pourtant si paisibles. Il y a peu de temps encore, en Irlande du Nord, dans les villages, il y avait un pub pour les catholiques et un pour les protestants.