• Maison atelier Chana Orloff

    Visites faites avec le groupe du jeudi en janvier 2023 (conférencière) à laquelle nous n’avons pas pu assister (photos prises par Marie-Claire) et le 23 juillet 2023 avec Marie (visite commentée par Éric Justman, petit-fils de Chana Orloff)

     

    La villa Seurat est une petite rue qui se trouve à Paris, dans le 14 è, pas loin du parc Montsouris.

     

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

    Avant d'être cette jolie rue, l'endroit était constitué d'entrepôts et de vergers. Dans cette rue ont habité Marcel Gromaire, Chaïm Soutine, Henry Miller, Anaïs Nin, Jean Lurçat, Robert Couturier, Antonin Artaud. C’est André Lurçat, qui a construit en 1924 la maison de son frère Jean (au n° 4) ainsi que sept autres maisons. Ces constructions aux formes cubiques, rectilignes sont largement ouvertes pour faire entrer la lumière.

     

    Maison atelier Chana Orloff

     

    Maison atelier Chana Orloff

     

    Maison atelier Chana Orloff

    la maison Lurçat :

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     La visite commence Place des droits de l’enfant où se trouve une statue de Chana Orloff, « Mon fils marin », inaugurée en 2018. Il a fallu 10 ans pour mener à bien ce projet d’installation de la statue.

     

    Maison atelier Chana Orloff

     La maison-atelier, transformée en musée, est gérée par ses petits-enfants, Eric Justman et Ariane Tamir.

     

    Maison atelier Chana Orloff

    Hanna (dite Chana) Orloff est née le 12 juillet 1888 à Starokonstantinov (Russie, actuellement Ukraine, dans la région de Kherson)). Elle est l’avant-dernière d’une famille juive de 9 enfants. Elle apprend à lire la nuit avec son frère aînée, Zwi puis elle entre en apprentissage chez une couturière  à Mariopol.

    En 1905, la famille émigre en Palestine (qui fait partie à cette époque de l’empire ottoman), pour fuir les pogroms (jusque là elle avait été plus ou moins protégée car la mère et la grand-mère de Chana rendaient service aux villageois en tant que sages-femmes. En Palestine, Chana fait des travaux de couture pour faire vivre la famille.

     

    En 1910, son frère lui paie le voyage pour qu’elle aille à Paris pour étudier la mode.

     Elle travaille d’abord pour l’école de couture Paquin (rue de la Paix) qui, au vu de ses dons en dessin, lui recommande de s’inscrire à La Petite École (arts décoratifs), elle est reçue deuxième et entre dans la classe de dessin de Bruneau.

    Autochrome (anonyme) façade de la maison Paquin, 14 avril 1914, décorée à l'occasion de la venue du roi George V et de la reine Mary : (pour savoir ce qu'est un autochrome : CLIC)

    Maison atelier Chana Orloff

    Mais c’est la sculpture qui l’attire et elle s’inscrit à l’Académie russe Marie Vassilieff à Montparnasse et commence à montrer ses œuvres en 1912. Elle côtoie Chagall, Soutine, Zadkine, Modigliani, Diego Rivera, Foujita, Picasso, Apollinaire, Cocteau, Max Jacob, qui vivent à Montparnasse ou à La Ruche. Elle fait partie de l’École de Paris. Elle expose aux côtés de Rouault, Matisse, Van Dongen.

     

    Elle fréquente Le Dôme et la Rotonde. Modigliani fait un portrait d’elle à la plume et écrit en haut, en hébreu, « Chana, fille de Raphaël ».

     

    Maison atelier Chana Orloff

    En 1912, on dit qu'elle présente à Modigliani, une camarade d’atelier, Jeanne Hébuterne.

     Jeanne Hébuterne, sculptée par Chana Orloff. Elle était surnommée "Noix-de-coco" en raison de son teint laiteux qui contrastait avec ses cheveux roux. Ses nattes tombaient à terre. Les parents de Jeanne en ont voulu à Chana d'avoir présenté Jeanne à Modigliani qui n'était pas de leur milieu. Juif, alcoolique, toxicomane, pauvre, Madigliani meurt en 1920 de la grippe espagnole et Jeanne se suicide peu après.

    Maison atelier Chana Orloff

    En 1916, Modigliani lui présente un poète polonais, Ary Justman, ami d’Apollinaire, ils se marient.Elle participe avec Ary à la revue d'avant-garde S.I.C. que vient de créer Pierre Albert-Birot. Parution des "Pensées poétiques" d'Ary Justman illustrées de reproductions de sculptures de Chana Orloff.

    Maison atelier Chana Orloff

     Dans son atelier, on récite des poèmes d’Ary, d’Apollinaire, de Max Jacob, accompagnés par Satie, Ravel, Poulenc, Stravinsky.

     

    En 1918, naît un fils, Élie.

     Ary Justman, se porte volontaire pour aider la croix rouge américaine et meurt de la grippe espagnole le 4 janvier 1918, quelques mois avant Egon Schiele (31/10/1918), Apollinaire (9/11/1918), Edmond Rostand (2/12/1918)

     « L ‘amazone » 1915

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    « Le couple de danseurs »

     Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

     Les critiques ne sont pas toujours tendres. Le journal, La République de l’Isère écrit « un ensemble de boîtes de biscuits et de tuyaux de poêle ».

    « Danseuse »

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    Maison atelier Chana Orloff

     « l’homme à la pipe » représente le peintre Widhoff (1924)

     Maison atelier Chana Orloff

    bustes de Honegger, Anaïs Nin, Henry Miller, Mc Orlan, Sarah Lipska,  Edmond Fleg, Cocteau, Kisling....

     

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

    Bustes d’hommes à lunettes ! On voit le regard à travers les lunettes.

     

     Maison atelier Chana Orloff

    « Gaston Picard », bois, 1920

    Maison atelier Chana Orloff

      Elle vit de son œuvre. Elle sculpte le bois, à ses débuts, puis le ciment, la terre cuite, le bronze, la pierre.

     En 1926, elle demande à Auguste Perret (dont elle avait fait le portrait en 1923) de lui construire une villa au 7 bis villa Seurat. Auguste Perret est un des premiers à employer le béton armé, travaillé comme de la pierre (Il a construit le Palais d’Iéna qui abrite actuellement le CESE et que nous avons visité en 2017). La maison est sur plusieurs étages, elle habite en haut avec son fils et elle travaille en bas, dans son atelier , son « travailloir ». Au sommet, un e corniche préserve des intempéries. Son fils (et maintenant ses petits-enfants) habitent au 7, maison contiguë.

     En 1925, elle obtient la nationalité française et est décorée de la Légion d’honneur. Elle retrouve beaucoup d’amis juifs, russes et autres nationalités.

     

    « Maternité» 1925, terre cuite. Les yeux ressemblent à des pastilles, le nez est bien marqué, la mère porte une natte à la mode slave. On peut considérer que c’est en quelque sorte un autoportrait. L’enfant a une coupe au bol comme celle que portait son fils Élie sur les photos.

    En 1941, Chana avait confié cette statue à la mère d’une dame qui l’a redonnée

     

    Chana Orloff a fait 24 Maternités.

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

    On peut comparer avec la « Maternité Andrée » qui date de 1958 et correspond à une période plus tragique (lire plus bas). Andrée est la bru de Chana, l’épouse de son fils unique qui lui donnera trois petits-enfants. Chana l’aime comme sa propre fille et la fait poser à plusieurs reprises. Ici, la mère donne plus de liberté à l’enfant curieux du monde qui l’entoure tout en profitant de la tendresse maternelle.

    Maison atelier Chana Orloff

     « Dindon » 1925, bronze. La femme politique Louise Weiss présentait cette sculpture dans son salon et n(hésitait pas à la désigner du doigt quand un interlocuteur se montrait trop présomptueux.

    Maison atelier Chana Orloff

     « Poisson » 1927

    Maison atelier Chana Orloff

     « Homme au chien », 1937. Port(rait du fils adoptif de Jean Lurçat avec son chien afghan

     

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

     

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

     Pendant la guerre, elle se résout à demander un visa pour les États-Unis mais il n’arrivera jamais. Un gendarme la prévient, la veille de la Rafle du Vel d’Hiiv’ (16/17 juillet 1942) et elle s’enfuit en Suisse. À Genève, elle réalise de petites sculptures, ce qui lui permet de survivre. Elle correspond avec le peintre Georges Kars, réfugié aussi en Suisse et qui se défenestrera en 1945, ne pouvant supporter le sort réservé à son peuple.

     

    De retour en France, elle découvre sa maison saccagée, les verrières brisées, les sculptures vendues, cassées ou pendues à des fils de fer. 115 de ses œuvres ont été volées ou détruites.

     

    Heureusement, ses fondeurs avaient gardé les modèles en plâtre et les moules. De ce fait, il manque peu de bronzes.

     

    Elle se remet à sculpter mais ce ne sont plus des formes épanouies, douces et lisses comme avant la guerre qu’elle réalise. Ses sculptures sont rudes, torturées, hérissées, tristes, violentes et traduisent la mort, la guerre.

    « Le retour » qu’elle réalise en 1945 évoque les horreurs subies par les déportés. Elle cache cette œuvre sous un tissu au fond de son atelier et ne l’exposera que 17 ans plus tard.

     

    Maison atelier Chana Orloff

    « Guerre et paix » 1951

     

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    « Le héron »

     

    Maison atelier Chana Orloff

    « La chèvre »

     

    Maison atelier Chana Orloff

     « Jeune fille à la natte », bronze 1951

    Maison atelier Chana Orloff

     « La semeuse » 1955. La Confédération des travailleurs israéliens de Tel Aviv lui avait commandé une statue représentant une femme israélienne. Pour Chana, il est évident de représenter une travailleuse, ce qui ne plaît pas à la Confédération qui souhaitait une représentation traditionnelle de femme plus soumise.

     

     

    Maison atelier Chana Orloff

     À la fin de sa vie, elle se rend souvent en Israël où sa famille vit et où lui commande des œuvres monumentales..

     Lors d’un déplacement en Israël elle meurt en plein travail d’un AVC le 18 décembre 1968 et est enterrée à Tel-Aviv.

     Elle laisse 500 sculptures dont 200 se trouvent dans l’atelier-musée et un millier de dessins.

     ses thèmes principaux sont la maternité, la femme, les enfants, les animaux.

     

    Un petit résumé de ma visite du 23 juillet : 2023 :

     

    Nous entrons dans un minuscule vestibule où est exposée la Grande baigneuse accroupie. 1927, Le corps est inscrit dans un ovale qui rappelle la gestation. bronze

    Maison atelier Chana Orloff

     

     Vues de la salle où Chana exposait ses œuvres. Nous nous asseyons pour écouter la conférence d’Éric Justman.

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

    La sauterelle, 1939, bronze. Allusion à la montée du nazisme et au fléau biblique, cet insecte ressemble à un canon

     

     

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

     

    Beate Rank, 1930, marbre. Femme du psychologue et psychanalyste autrichien Otto Rank. Chana Orloff correspondant avec elle et le couple lui avait proposé de l’héberger à New York pendant l’Occupation.

    Maison atelier Chana Orloff

     

     gravures, certaines montrent les fibres du bois.

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

     

     son fils Élie, dit Didi

    Maison atelier Chana Orloff

     

    portrait d'Ida, fille de Marc Chagall. De profil, on dirait une statuette égyptienne. Cette sculpture a été emportée par la Wehrmacht. Elle a été restituée en 2015 par le possesseur de l’époque qui ignorait le passé tragique de cette sculpture. De nombreuses œuvres volées n’ont pas encore été retrouvées.

     

    Maison atelier Chana Orloff

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    Maison atelier Chana Orloff

     

    le torse 1912, ciment

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    guenon à trois mains

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

     

    Nous passons dans l’atelier, à côté de la salle d’exposition. Il est éclairé par une verrière zénithale. Il y a un grand fouillis dans cette pièce, j’aime ça ! Comme dans l’autre pièce, les œuvres changent de place, sont prêtées pour des expos.

    Une vidéo présente Chana Orloff en train de sculpter.

    Elle faisait des croquis de ses modèles puis les renvoyait. Elles ne sculptait que d’après ses croquis.

     

    Maison atelier Chana Orloff

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    Maison atelier Chana Orloff

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    dame à l’éventail 1920, bois

    Maison atelier Chana Orloff

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    39 le basset, 1927, bronze

    Maison atelier Chana Orloff

     

    40 sérénité, grande femme assise, 1966, bronze

    Maison atelier Chana Orloff

     

    41 ses outils

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    Maison atelier Chana Orloff

     

     têtes. de haut en bas et de gauche à droite

    Maison atelier Chana Orloff

    44 Agnès Meyer, Mme Viard, Mme Jarblum,...

    Maison atelier Chana Orloff

     Eric Cohn, ... , Giboa, Hélène Henri

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

    47 Mme Viard, David Nishri, autoportrait, femme au chapeau

    Maison atelier Chana Orloff

      ..., Erwin Hayman, Nathum Gutman, Anaïs Nin

    Maison atelier Chana Orloff

    Anaïs Nin

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    Madone

    Maison atelier Chana Orloff

     Marie Olenine d'Alheim, Madone, femme, Zwi Nishri

    Maison atelier Chana Orloff

     George Lepape, Ludmilla Pitoëff, Madeleine Vionnet, Pierre Chareau

    Maison atelier Chana Orloff

    George Lepape, peintre, a été enterré, ainsi que son fils Claude, à Villiers-le-Morhier, mon village natal

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

    Maison atelier Chana Orloff

    j'aime beaucoup les visages avec lunettes et la façon dont elle sculpté les yeux

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    Pierre Mc Orlan :

    Maison atelier Chana Orloff

    ?, Victor Rey, Lucien Vogel, femme au turban :

    Maison atelier Chana Orloff

    Victor Rey :

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    Lucien Vogel, père de Nadine Vogel, actrice et de Marie-Claude Vaillant-Couturier, résistante communiste. Il était marié à Colette de Brunhoff, fille de Jean de Brunhoff, créateur de Babar.

    Maison atelier Chana Orloff

      têtes des membres de sa famille, par exemple Éric Justman

     

    Maison atelier Chana Orloff

     

     

    Nous montons à l’étage. Il y avait un séjour, une salle de bains et une cuisine. Les deux chambres sont toutes petites (8 m²), ce qui comptait pour elle, c’était l’espace destiné à la création. De retour chez elle, en 1945, les meubles signés Francis Jourdain et Pierre Chareau, ont été volés. Elle ne les remplacera que par du fonctionnel.

     

     

    le peintre Widhopff, 1923

    Maison atelier Chana Orloff

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    À lire : "L'horizon a pour elle dénoué sa ceinture" Rebecca Benhamou

    Maison atelier Chana Orloff

     

    « À la rencontre de Chana Orloff », livret vendu au musée.

     

    Maison atelier Chana Orloff

     

    En novembre, une exposition de quelques œuvres de Chana Orloff aura lieu au musée Zadkine.

     

     

     quelques vidéos :

    entretien avec sa petite-fille  Ariane Tamir

    exposition dans la rue Villa Seurat

    mon interprétation dans mon carnet du quotidien :

    Maison atelier Chana Orloff


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