• "Quatre soldats" d'Hubert Mingarelli

    J'aime beaucoup les livres d'Hubert Mingarelli. Le premier que j'ai lu a été "Une rivière verte et silencieuse" puis "La beauté des loutres" et je viens de terminer "Quatre soldats" 
    Il ne se passe presque rien mais les mots coulent tout seuls. Quatre soldats de l'Armée rouge se rencontrent en 1919 : Bénia, Pavel, Kyabine, le gros musclé pas très futé, Sifra et bientôt ils accueillent au sein de leur goupe le "gosse" Evdokim. La guerre semble loin, les soldats rêvent à des choses douces : une montre avec le portrait d'une femme, ils vont rêver près d'un étang connu d'eux seuls. Les quatre soldats demandent au gosse d'écrire tout ce qui se passe sur un carnet. 
    "Tu as réussi à tout écrire sur l'étang ?
    -Presque tout oui.
    - Prends ton temps.
    -Oui. Mais j'ai bientôt fini.
    J'ai dit au gosse Evdokim pour le détendre :
    - Oublie pas le poisson de Kyabine.
    - J'oublie pas.
    - Tu as vu comme il y tient.
    -Oui...
    -Ce que j'aimerais bien, écoute c'est à propos de Pavel. Que tu écrives que Pavel et moi, ça a été une vraie chance qu'on se trouve..."
    C'est une belle histoire d'amitié entre ces hommes.
     Et à la fin du livre, tout se précipite, la guerre est là, la mort aussi, le gosse qui écrivait dans son carnet l'histoire de ces quatre soldats et des faits quotidiens, en fait ne faisait qu'aligner des lettres sans queue ni tête. La fin est triste "le ciel est sans fin, rien ne sera sauvé"
    Un livre à savourer sans se presser.

    Un passage que j'aime bien :
    J'étais debout sur la berge et j'essayais de ne penser à rien, en tout cas pas à cette nuit, quand Kyabine m'a appelé :
    - Vien svoir, Bénia.
    Sa voix était mystérieuse.
    Il m'a fait signe de m'asseoir à côté de lui et en silence il m'a montré quelque chose qui flottait dans l'air. C'était un tout petit morceau d'herbe. Il tenait tout seul, il volait sur place dans l'air, comme ça, à hauteur de nos yeux, et c'éatit vraiment surprenant. Puis j'ai aperçu comme un genre de fil d'araignée, il était presque invisible, et c'est au bout que le morceau d'herbe était suspendu. Kyabine, lui, ne le voyait pas, le fil.
    Pendant que je me demandais si j'allais le lui montrer, le fil, des coups de feu ont retenti du camp. Quand ils ont fini de résonner, Kyabine s'est levé en évitant le morceau d'herbe qui flottait toujours et il est allé relâcher son poisson. On a ramassé nos manteaux, on a pris nos fusils, on a regardé  Pavel en pensant que peut-être il allait dire quelque chose à propos de l'étang, et on est partis."


  • Commentaires

    2
    Mardi 17 Juillet 2007 à 19:45
    Les extraits que tu donnes me plaisent beaucoup. 
    Effectivement, des mots qui coulent, il ne se passe rien, et pourtant il y a plein d'émotion.
    1
    Mardi 17 Juillet 2007 à 00:20
    Oui effectivement faut-il toujours détromper quelqu'un qui croit vivre un instant de magie sans voir les tenants et les aboutissants rationnels qui l'expliquent ?

    Nous avons tous des exemples dnas notre enfance où nous avions donné une explication farfelues mais qui nous semblaient si belle à l'époque avant de nous apercevoir de la vérité. Petit je croyais que les lumières clignotantes des avions dans la nuit signalaient la présence d'un OVNI, ou plus classiquement que la lune suivait la voiture de mes parents.

    Un peu déception lorsque plus tard j'ai compris mon erreur mais aussi le sentiment d'avoir grandi. A tout prendre...
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