Rassurez-vous, cela s'est passé il y a très longtemps, le 28 juin 1740, à Saint Eliph, petit village d'Eure-et-loir, près de La Loupe. Un fait divers qui a fait l'objet d'un procès
relaté dans le dossier B 621 conservé aux Archives départementales d'Eure-et-Loir.
Ce 28 juin 1740, donc, vers les neuf heures du soir, Michel Pintard, curé de saint Eliph entendit Emery Loizelay, cabaretier, sortit de chez lui en criant " A moy mes amis, à moy M le Curé, l'on
m'égorge, l'on me tue, l'on m'étrangle." Comme le curé ne réagissait pas, Emrey Loizelay retourna chez lui en ramassant une des barres de sa boutique (dans le texte, on dit un "carreau" qui est
bien une barre de bois en forme de petite limande (c'est aussi un morceau de bois). Il voulut frapper le curé avec cette limande en criant "en veux-tu ?" mais la barre lui échappa des mains et
tomba sur le bras de la femme Hervé qui en fut "fort incommodée". Loizelay voulut jeter des pierres sur les badauds accourus en "jurant par B. et autres pareils" contre le curé. Mais le domestique
du curé s'en saisit et le jeta sur son lit.
Dès le lendemain, le curé porta plainte. De nombreuses personnes témoignèrent. L'un savait tout mais n'avait pas tout vu car il "passa son chemin et rentra chez lui", sans doute de
peur de prendre un mauvais coup. Les témoins reçurent un salaire, certains 10 sols, d'autres plus chanceux 20 sols. Pourquoi cette différence de salaire ? A noter qu'aucune femme ne reçut 20 sols
!
Le procès donne une indication sur le lieu où se trouvait le cabaret, sans doute à l'emplacement de cette maison.
Demain, je vous parlerai du curé Pintard.
Près de 100 ans, plus tard, dans le même saint-Eliph, aura lieu
le triple crime que je vous ai déjà raconté.