• Pendu pour avoir volé quelques vêtements

    Cela se passait en Eure-et-Loir, dans mon village natal, en 1763
    les passages entre guillemets respectent l'orthographe des minutes du procès

    Procès contre Pierre Brétigny

    Accusé de vol et effraction dans la maison de la veuve Capitreau, à Villiers-le-Morhier

    Condamné à être pendu

    19/06/1763 à 08/08/1763

    Archives départementales, B 281 (1761-1763) bailliage de Maintenon

     

    19/06/1763
    "Le dit Pierre Brétigny soy disant agé de seize ans ou environ natif de la paroisse de Bréchnat près Nogent le Roy est accusé de s'estre introduit le dimanche six mars dernier pendant le temps des Vespres chez Gilette Pinard veuve de Louis Capitreau laboureur, demeurante à villiers le Morhier par la petite porte de la rue, de là par la porte du fournil qui étoit fermée et dont il a fait couler le verrout en ébranlant la dite porte et de là dans la chambre de la maison par une porte de communication d'entre la dite chambre et le fournil, d'estre retourné dans le dit fournil pour y chercher de la ferraille avec laquelle il pust ouvrir le coffre qui etoit dans la dite maison, d'avoir pris dans le dit fournil un doig de crochet... à fumier qui avoit encore sa teste, d'avoir mis le dit doig de crochet, ouvert dans la dite chambre un grand coffre en faisant sauter l'embron de la serrure,.."

    Bref, je continue avec mes mots : il a volé dans le coffre onze chemises d'homme, cinquante et une livres ou 17 écus en écus de 6 livres et de 3 livres qui étaient dans un petit sac de toile, il a ensuite tenté d'ouvrir (toujours avec le crochet) une armoire à deux battants. Dans un coffre (non fermé à clé) qui se trouvait dans le fournil, il a pris un habit, une veste de cotonnade à petites fleurs et une culotte de drap 
     blanchâtre, un chapeau fin et une veste de cotonnade. Dans l'écurie, il a volé des bas de laine brune, un gilet ou veste brune sans manches, un habit brun,  un bonnet de laine rouge, une mauvaise paire de chaussons d'étoffe. 

    Il est descendu par la Commune, il a passé par le Champlard de la Couture, a passé la rivière au Pont du Gué, a suivi la digue, est passé derrière le moulin de Villiers, est monté au bois en suivant le chemin, a fait 20 pas, a vu passer Pierre Trévache monté sur un cheval qui galopait et il entendu des personnes dans le bois, il s’est douté que c’était lui qu’on cherchait

    Pour faire croire qu’il n’était pas coupable, il a parcouru le bois comme les autres et a rencontré François Maillard vigneron et lui a demandé ce qu’on cherchait. Maillard a répondu que l’on cherchait un voleur qui avait volé chez la veuve Capitreau

     

    Il fut arrêté à la clameur publique, emprisonné dans les prisons de Maintenon car il n’y avait  pas de prison à Villiers, transporté dans les prisons de Chartres le 21 juin, interrogé à nouveau. Il dit que son père est mort quand il avait 12 ans (il mendie son pain depuis qu'il a 11 ans) ; il travaillait depuis le 1 janvier jusqu’en mars en qualité de domestique chez Pierre Leconte jardinier à Epernon

    puis il a été engagé par différents fermiers en qualité de vacher. Il y a 2 ans à la St Jean Baptiste prochaine, il est entré chez la veuve Capitreau en qualité de vacher et il y est resté jusqu’en août dernier puis il a travaillé 4 mois comme vacher chez Gaudard, puis il a travaillé à Epernon.

      

    Voici la sentence : Il est "condamné à être pendu et étranglé jusqu'à ce que mort s'ensuive par l'exécuteur de la haute justice à une pottence qui sera plantée à cet effet en la place publique de Villiers, ses biens acquis et confisqués au profit de qui il appartiendra, préalablement prélevé la somme de 200 livres d'amande envers  Monseigneur, en cas que confiscation n'ait lieu à son profit"

    L'acte de décès de ce pauvre garçon ne figure évidemment pas dans les registres paroissiaux. Il est parfois utile de consulter le sminutes des procès quand on ne trouve pas le décès d'un ancêtre.


  • Commentaires

    9
    Lundi 4 Février 2008 à 10:30
    j'aime beaucoup cette rubrique qui nous replonge dans un passé tellement quotidien...
    Bizzzz
    8
    Dimanche 3 Février 2008 à 23:07

    Bonsoir Monique,
    Merci pour cet article intéressant.
    Dans le même thème, j'ai photographié samedi matin aux AD72 quelques 500 pages d'un registre de la prison de Saint-Calais pour la période 1793-an X. Ce sera prochainement sur mon blog.
    Amitiés,
    Nicolas

    7
    Dimanche 3 Février 2008 à 18:56

    Autres temps, autres moeurs, ce n'était malheureusement pas choquant à l'époque.  
    En tous cas merci beaucoup pour cet article qui nous rappelle que les moeurs ont bien évoluées, en tous cas dans nos contrées occidentales !

    6
    Dimanche 3 Février 2008 à 17:14
    Je pensais que c'était uniquement dans les westerns qu'on voyait ça !!!!
    Bises
    5
    Dimanche 3 Février 2008 à 16:53
    On ne plaisantait pas à cette époque là ! LIZAGRECE
    4
    Dimanche 3 Février 2008 à 10:07
    Merci Monique pour cette page!
    Je rafolle de ces moments historique!
    pauvre bougre! pendu pour ça! A cette époque là , que ce devait être dur de vivre!
    J'ai bien aimé quand même le passage où il se met à courir avec les autres pour chercher.... il était malin quand même!
    Bises et bon dimanche
    Dany
    3
    Dimanche 3 Février 2008 à 10:03
    Dur, dur d'être pendu pour avoir volé si peu de choses - pauvre garçon - bon dimanche - bisous
    2
    Dimanche 3 Février 2008 à 07:53
    ... eh bien, ça ne rigolait pas ! pendu et étranglé ! c'est pire que Jean Valjean cette histoire ! nous te souhaitons un bon dimanche ! bisous

    1
    Dimanche 3 Février 2008 à 07:29
    Dis donc à l'époque il ne faisait pas de quartier.
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