• Persépolis (1)

    Début de l'article sur Persépolis. Il y a beaucoup de choses à raconter...

    Vendredi 11 octobre.

     

    Persépolis se trouve à une heure de route de Shiraz. Il va faire beau, 28 ° environ. Dans le hall d’entrée de l’hôtel, nous rencontrons l’autre groupe Arts et vie et je regrette un peu de ne pas avoir choisi ce circuit pour aller à Suse et Choqa Zanbil. Dans le car, nous attachons nos ceintures. C’est obligatoire dès que nous quittons les villes.

     

    La rue est bordée de portraits des martyrs de la guerre Iran-Irak.

     

    À l’entrée et la sortie des villes, les camions et les bus doivent s’arrêter pour vérification de certains éléments : degré de vigilance, vitesse, changement de chauffeur… Cela dure un certain temps.

     

    Nous apprenons que les déplacements viennent d’être interdits par le ministère des affaires étrangères pour les fonctionnaires français. Je crois que c’est ce jour-là que je lis sur internet l’arrestation de Rouhollah Zam, opposant qui aurait été « dirigé » par le renseignement français. Un peu plus tard dans la semaine, nous apprendrons l’arrestation (en juin dernier mais tenue secrète jusque là), de l’universitaire Roland Marchal.

     

    Depuis le 9 octobre, le ministère des affaires étrangères indique sur son site :

     

    « En raison notamment des pratiques d’arrestation et de détention arbitraires de la part des services de sécurité et de renseignements iraniens, se rendre aujourd’hui en Iran comporte des risques. Ces services sont, de manière générale, très intrusifs, notamment à l’égard des contacts des ressortissants étrangers avec la population, singulièrement les milieux universitaires qui font l’objet d’une surveillance particulière. Les risques sont aggravés par la persistance des tensions régionales qui peut avoir des répercussions sur la situation en Iran. Dans ce contexte, les ressortissants français sont fortement invités à différer leurs projets de déplacement d’ordre professionnel ou personnel en Iran. »

     

    Le principal c’est que l’on ne nous demande pas de rentrer. Nous ne sommes qu’au début du voyage et il nous reste tant de choses à découvrir !

     

    Un petit rappel chronologique :

     

    - 541 : Cyrus II le Grand fonde la dynastie Achéménide, qui remplace la dynastie Élamite

     

    - 522 : Darius I (statue au musée de Téhéran) fonde Persépolis

     

    - 490 : défaite des Perses à Marathon (première guerre médique). La bataille fut gagnée par les Grecs, commandés par le général Miltiade contre les Perses, commandés par Artapherne, neveu de Darius. Selon Plutarque, Miltiade envoya Euclès prévenir les Athéniens de la victoire (Marathon-Athènes : 42 km). Cette course a ensuite été confondue avec un exploit raconté par Hérodote : Philippidès courut les 240 km qui séparent Athènes de Sparte pour demander de l’aide. C’est cette course qui est retracée par le spartathlon, une épreuve d’ultrafond très difficile, dont le record est toujours détenu depuis 1984 par Yannis Kouros en 20 h 25 min.

     

    - 486 : Xerxès I

     

    - 480 : seconde guerre médique : victoire des Perses aux Thermopyles, mais défaite de la marine perse à Salamine. Défaite sur terre de Platées (- 479)

     

    - 465 : Artaxerxès I

     

    - 424 à – 404 : Xerxès II, Sogdanios, Darius II

     

    - 404 : Artaxerxès II

     

    - 358 : Aetaxerxès III

     

    - 331 : Alexandre le Grand bat Darius III et détruit Persépolis (défaite des Perses à Gaugamèles)

     

    - 305 à 64 : dynastie séleucide

     

    Nous arrivons à Persépolis. Un dromadaire empomponné attend les clients. Plus loin, des familles piquent-niquent (déjà ? Il est 9 h 30), fument le narguilé. D’autres travaillent à la houe dans les champs.

     

     Visiter Persépolis ! Un rêve d’adolescente devenu réalité.

     

    Marcel Dieulafoy imaginait Persépolis au faîte de sa gloire : « Lorsque j’essaie de faire revivre dans ma pensée ces grandioses édifices, lorsque je vois ces portiques aux colonnes de marbre ou de porphyre poli, ces taureaux bicéphales dont les cornes, les pieds, les yeux et les colliers devaient être revêtus d’une mince feuille d’or, les poutres et les solives de cèdre de l’entablement et des plafonds, les mosaïques de briques semblables à de lourdes dentelles jetées en revêtement sur les murs, ces corniches couvertes de plaques d’émaux bleu turquoise que termine un trait de lumière accroché à l’arête saillante des larmiers d’or et d’argent ; lorsque je considère les draperies suspendues au devant des portes, les fines découpures des moucharabiehs, les épaisses couches de tapis jetées sur les dallages, je me demande parfois si les monuments religieux de l’Égypte, si les temples de la Grèce eux-mêmes devaient produire sur l’imagination du visiteur une impression aussi saisissante que les palais du grand roi. »

     

    Avant Darius I, les capitales de la Perse ont été : Ecbatane, Parsagades, Suse, Babylone. En 521 BC, Darius fonde Persépolis qui sera terminée vers 424 BC sous Xerxès II. Darius choisit ce site car il est près d’une montagne vénérée, Kuh- e Rahmat (la montagne de grâce) qui fournit le calcaire.

     

    Persépolis tient son nom du grec Persé (Perses) et polis (cité), le nom d’origine étant Parsa.

     

    Après sa destruction, la cité a peu à peu été oubliée. Au XIX è siècle des fouilles sont entreprises. Flandrin dessine les ruines. Jane et Marcel Delafoy envoie une partie des découvertes au musée du Louvre.

     

    À l’occasion des 2500 ans de l’empire perse, le shah mohammed Reza Pahlavi, organise, en 1971, des fêtes fastueuses. Le montant des dépenses est énorme et aurait pu être utilisé pour le peuple. Des opposants sont emprisonnés. Après la révolution islamique, le site faillit être rasé mais a été défendu par les habitants.

     

    Au bout d’une longue allée, nous apercevons enfin les ruines. Nous accédons à la terrasse par un escalier de 110 marches, de toutes petites marches de 10 cm, recouvertes de lattes de bois.On dit que cela permettait aux chevaux de monter mais Shapur Shabazi (dont j'ai acheté le livre sur le site) conteste cette interprétation. Ce serait plutôt pour permettre aux dignitaires âgés et vêtus de vêtements d’apparat de monter dignement ces escaliers.

     

     

    Persépolis (1)

    deux photos de Jeannine :

    Persépolis (1)

    Persépolis (1)

     

    La Porte de toutes les nations a été construite par Xerxès I. Elle est gardée par des animaux fabuleux : pour composer le lamassu, de style assyrien,on a pris les éléments forts de l’homme (la tête), du taureau (son corps) et de l’aigle (ses ailes). 

    Ici, le lamassu a 4 pattes. Au musée du Louvre, on en voit un ‘palais de Korsabad) qui a 5 pattes : 2 de face et une patte a été ajoutée de profil pour simuler la marche.

     

    Persépolis (1)

    deux photos de Jeannine :

    Persépolis (1)

    Persépolis (1)

     

    En haut, à gauche, on voit une inscription en vieux persan, en babylonien et en élamite. Xerxès raconte qu’il a créé cette porte protégée par le dieu Ahuramazda.

    Persépolis (1)

    Persépolis (1)

    Des tags d’explorateurs ont été gravés sue les parois, par exemple la signature de Schulenburg, dernier ambassadeur du Reich à Moscou et conspirateur contre Hitler en juillet 1944. Il a été ambassadeur en Iran de 1922 à 1931.

     

    Persépolis (1)

    Et encore un autre graffito : Cap John Macolm. Envoyé extraordinaire. Plénipotentiaire. Ainsi que le lieutenant-colonel Malcom Meade et sa femme. Il paraît qu’il y a 158 noms écrits sur cette porte.

    Persépolis (1)

    Je n'ai pas vu la porte côté est avec des lamassus mieux conservés. On voit bien les têtes d'homme. Qui a vu la porte de ce côté ?

     

     

     

     


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