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Mardi 3 octobre
Ce matin, à Thessalonique (on dit aussi Salonique), nous sortons les parapluies. Une légère bruine nous accueille mais ne durera pas. La journée sera clémente : 25 °. Par temps clair, on peut parfois voir le mont Olympe, nous dit Elena. J'avoue n'avoir pas cherché à l'apercevoir. À part la visite de la ville haute qui se fera en bus, tout le reste se fera à pied (5 h 30 de visites, fort intéressantes !) et on ajoutera même, après le déjeuner, pendant le temps libre, 5 km pour aller voir la sculpture des parapluies. Les travaux du métro sont sans cesse retardés. Pour l'instant, ils sont prévus pour 2025. Mais il est facile de circuler dans Thessalonique, la place Aristote est à trente minutes de l'hôtel et impossible de se perdre !Thessalonique, deuxième ville de Grèce (1 000 000 habitants), est riche en monuments : sur les 1100 monuments grecs classés UNESCO, 16 se trouvent à Thessalonique. Monuments à fonction religieuse, laïque ou militaire.
Pour plus de simplicité, je ferai les articles en les groupant par thèmes et non dans l'ordre de nos visites qui vont s'étaler sur plusieurs jours. Dans l'ordre de nos visites, nous avons visité :
le mardi : les remparts et la tour Trigonion dans la ville haute, la Tour blanche et la statue d'Alexandre le Grand, le musée de la culture byzantine, l'église Saint-Dimitri, le forum romain, la Panagia Chalkeon, la place Aristote, la place Vénizélos, les bains turcs, la via Egnatia, l'église Sainte-Sophie, le marché. Et, après le restaurant, sur notre temps libre : la sculpture des Parapluies, YMCA parc, l'arc de Galère.
le mardi : le musée archéologique. Sur notre temps libre, le soir l'église des Apôtres
le mercredi : la Rotonde et l'Arc de Galère
le samedi soir sur notre temps libre : la place Aristote
Ce sera aussi le moment de penser à acheter des timbres. Finalement, c'est Elena qui s'en chargera, pour plus de facilité pour nous. Le prix des timbres, 2 €, a doublé depuis septembre, pour financer les travaux de réparation suite aux inondations catastrophiques dans la région de Volos (apparition de serpents, puanteur).
Thessalonique a été fondée en 315 BC par Cassandre, (fils d'Antipater), qui a fondé également Cassandréia, à l'entrée de la péninsule ouest de la Chalcidique. Cassandre a donné à la ville le nom de son épouse, Thessaloniké, fille de Philippe II et demi-sœur d'Alexandre le Grand. Il se fait proclamer roi de Macédoine en 305 BC après avoir fait assassiner Alexandre IV et Roxane, fils et épouse d'Alexandre le Grand. Il fonde la dynastie des Antipatrides.
Nous longeons les remparts de la ville haute pour arriver au sud de l'acropole, au pied de la tour Trigonion, qui a servi d'entrepôt pour la poudre. De là, nous pouvons voir la baie de Thessalonique, le golfe thermaïque, la tour blanche que nous verrons de près plus tard, notre hôtel perdu parmi les constructions.
Les remparts actuels datent de l'époque médiévale mais il reste des traces des remparts antiques. La tour la plus célèbre est au sud, en bord de mer, nous la visiterons plus tard, c'est la tour blanche.Tout au nord de l'Acropole, l'Heptapyrgion a servi de prison jusqu'en 1989. On l'appelait aussi Yedi kouli, un air de rébéliko (musique populaire) y fait référence.
ici aussi, on prend soin des trottoirs
Thessalonique est située sur la voie Egnatia et de nombreux marchands s'y installent.
L'empereur Galère fait construire un palais (nous verrons l'arc de Galère et la Rotonde). Saint Dimitri, martyrisé par Galère en 305 devient patron de la ville.une église est dédiée à Dimitri :
L'empereur Théodose I le Grand fortifie la cité. Rappel : En 380, Théodose I le Grand interdit tous les cultes païens et institue le catholicisme comme religion d'état. En 390, il mate une émeute populaire et fait massacrer 7000 personnes.
Pendant la période byzantine, Thessalonique a le statut de co-capitale (symvasilévousa) avec Constantinople. Les églises byzantines sont nombreuses, par exemple Sainte-SophieLa ville est prise par les Sarrasins en 904 (20000 prisonniers sont vendus comme esclaves), puis par les Normands de Sicile commandés par Tancrède de Lecce (1185), puis par Boniface de Montferrat après la quatrième croisade (1204). La ville se met sous protection vénitienne. Mais les remparts sont mal entretenus et la ville est prise par les Ottomans en 1430. Elle restera sous domination ottomane jusqu'en 1912, c'est-à-dire un siècle de plus qu'une bonne partie de la Grèce. Toutes les églises (sauf Saint-Nicolas qui a gardé ses peintures murales du XIV è) ont été transformées en mosquées.
La ville était également surnommée "Madre de Israël" et "la Jérusalem des Balkans" par les poètes du XVI et XVII siècles, en raison du grand nombre de Juifs. Des Juifs s'étaient déjà installés depuis le VI è siècle BC, chassés de Perse par Darius, Romaniotes venus d'Alexandrie, Ashkénazes hongrois, Provençaux, Siciliens, Vénitiens.... Au XVè, période de la Reconquista, les Juifs d'Espagne qui ne veulent pas se convertir (ils sont 70 000) sont chassés par Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille, les Rois catholiques. Ils arrivent à Thessalonique (c'est la Diaspora). Bajazet II et Soliman le Magnifique invitent les Juifs à venir s'installer (ce qui générera une source d'impôts importante pour l'empire Ottoman, en plus du savoir apporté par les savants juifs). 20000 juifs, les Séfarades, s'installent à Thessalonique. La population juive est alors majoritaire. À cette époque, on compte 4 855 feux : 2 645 feux juifs, 1 229 feux musulmans et 981 feux chrétiens. En 1900, on compte 80 000 juifs à Thessalonique sur 173 000 habitants.en 1913, prend fin la première guerre balkanique (traité de Londres et la Macédoine quitte l'empire ottoman pour la Grèce. Mais la deuxième guerre balkanique n'est pas loin...
photo wikipédia :
En 1917, l'armée d'Orient est stationnée à Thessalonique (il y a 300 000 français, des Britanniques, des Russes, des Italiens, des Serbes). Surnommés par Clemenceau les "jardiniers de Thessalonique", ils effectuent des travaux d'asséchement dans les marais, pour combattre le paludisme, la dysenterie, le scorbut, et cultivent la terre.
Les tensions étaient importantes entre les royalistes et les partisans grecs de Vénizélos *, les Français, les Anglais, les orthodoxes, les catholiques, les juifs, les musulmans, les civils et les militaires.
* Elefthérios Vénizélos (1864-1936), considéré comme le père de la Grèce moderne, a joué un rôle important pendant les guerres balkaniques. On le voit ici signer le traité de Sèvres (1920)En août 1917, un gigantesque incendie, favorisé par les rues étroites et les maisons en bois, détruisit une partie de la ville. 70 000 personnes étaient sans abri, principalement la population juive qui habitait dans la ville basse. Beaucoup d'églises, mosquées et synagogues brûlèrent. Les primes d'assurances ont été payées par les Britanniques, l'incendie étant supposé accidentel (une lampe dans une boulangerie à l'angle des rues Olympou et Dragoumi, près de notre hôtel, serait à l'origine de l'incendie). L'architecte et archéologue français Hébrard a été chargé de concevoir un nouveau plan d'urbanisation en damier avec des rues parallèles à la mer (dont la via Égnatia). Du haut de l'acropole, on voit la différence entre les maisons blanches du bas de la ville et les toits de tuiles de la partie non incendiée.
En 1943, 50 000 juifs (19 convois) de Thessalonique furent déportés, 1000 seulement sont revenus, surtout des enfants. Toutes les synagogues, sauf deux, furent détruites (l'une a été détruite depuis par le séisme de 1985). Actuellement, il n'y a plus que 1000 juifs à Thessalonique (de citoyenneté grecque)
Sur la place Eleftherías (place de la Liberté), un monument, la Menorah, commémore ce génocide.À l'ouest de la cathédrale Sainte-Sophie, un autre monument commémore le génocide des Grecs pontiques : massacres, expulsions forcées infligées par le gouvernement des Jeunes-Turcs puis Mustapha Kemal entre 1914 et 1923 et après le traité de Lausanne. Mustapha Kémal "Atatürk" a construit son état sur le génocide arménien et les disparitions de l'ensemble des chrétiens. Le fait qu'il y ait eu ou non génocide fait encore débat entre la Turquie et la Grèce et l'ONU n'a pas tranché. Les Grecs pontiques habitaient sur la côte sud-est de la Mer-Noire (appelée autrefois Pont-Euxin, d'où le nom de pontique). J'ai déjà parlé de la "Grande Catastrophe" et de l'échange forcé des populations grecque et turque dans mon article du samedi 30 septembre sur Kavala.
Mustapha Kémal est né à Thessalonique (sa maison se trouve près de la Rotonde).
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Une légende tenace raconte que si le cheval lève ses deux jambes avant, c’est que le cavalier est mort au combat.
S’il lève la jambe avant droite, il aurait été tué hors du champ de bataille ou que ses adversaires l’auraient assassiné
S’il lève la jambe avant gauche, c’est qu’il est mort à la suite de ses blessures.
S’il a les quatre sabots par terre, c’est qu’il est mort naturellement.
De nombreuses statues contredisent cette légende ! Évidemment, le cavalier a l’air beaucoup plus viril si son cheval se cabre. Il est prêt à mourir en héros. Quand le cheval a une jambe levée, je trouve que cela donne un air plus serein, le cavalier est prêt à se battre et ne semble pas effrayé.
Les sculpteurs n’ont pas tenu compte de cette légende, les pattes levées constituent un élément esthétique donnant du mouvement et du dynamisme à la statue.
Les statues qui contredisent cette légende :
1 Avram Iancu (1824-1872) à Târgu Mures (Roumanie): jambe avant gauche levée, il n’est pas mort des suites de ses blessures mais neurasthénique et alcoolique2 – Skanderbeg (1405-1468) , Tirana (Albanie), jambe avant gauche levée : il n’est pas mort de ses blessures, mais de mort naturelle
3 général Alvear (1789-1852), Égreville, musée Bourdelle
5 Louis XIV (1638-1715), château de Versailles. jambe avant droite levée. Il n’est pas mort assassiné mais de gangrène
8 Guillaume le conquérant (1027-1087), les deux jambes sont levées. Selon la légende, Guillaume serait mort lors du sac de Mantes. Mais il semble plutôt qu’il ait été ramené à Rouen, il était obèse.
9 Michel le Brave (1558-1601). jambe avant gauche, ce devrait plutôt être la jambe droite qui devrait être levée puisqu’il a été assassiné.10 Carol I (1839-1914), jambe avant droite, or, il n’ a pas été assassiné et n’est pas mort au combat
11 Alexandre le Grand (356-323 BC), n'est pas mort au combat mais sans doute de maladie (paludisme), de fatigue ou empoisonné. Sur d'autres statues, Bucéphale a la jambe avant droite levée, la jambe avant gauche levée.
Les statues qui obéissent à cette légende :
4 – Jeanne d’Arc (1412-1431) , Orléans, place du Martroi. jambe avant droite levée. On peut dire que ses adversaires l’ont assassinée6 – Mathias Corvin, 1443-1490 Cluj-Napoca. Le cheval a les quatre sabots au sol. Mourut empoisonné ou de saturnisme
je ne sais pas
7 Bogdan Voda (3807-1365) à Bogdan Voda, il lève la jambe avant gauche. Je ne sais pas comment ce voïvode, fondateur de la Moldavie, est mort.
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Nous embarquons à 10 h 45 sous le commandement du capitaine Georges pour trois heures de croisière. Quand nous arrivons devant un monastère, les caractéristiques nous en sont commentées. Nous essayons de trouver une place qui nous convienne : sur le pont, il y a trop de vent. Finalement nous trouvons une petite place en bas, le long du bastingage mais je me suis aperçue trop tard que les vitres brouillaient un peu les photos. Le bateau doit être à 500 m de la côte, les photos sont parfois floues.
Le port d' Ouranopolis et la tour Prosforia du XIV è.
deux petites maisons marquent la frontière du mont Athos
port Gournoskitis et au-dessus Nae Thébaide
On ne voit que l'église du port de Zographou, le monastère est plus haut dans la montagne (c'est un monastère bulgare)
On ne voit pas non plus le monastère de Konstamonitu (dédié au protomartyr Étienne).
Les goélands nous accompagnent :
Par-ci, par-là, des églises au bord de la mer, des ermitages ou autres skites. (photos et explications dans l'article précédent)
une presqu'île très verdoyante :
Dochiarou est dédié aux archanges Michel et Gabriel. Il a été fondé en 1046 (la tour date du XVII è). 30 000 livres imprimés et manuscrits, sur parchemin ou papyrus. 30 moines
fresque dans le narthex (photo du livre acheté sur le bateau)
Xenofontos, fondé en 998, est dédié aux Sts Georges et Dimitri (il y a deux katholicon, un ancien et un moderne). Il y a 50 moines. La bibliothèque abrite 4000 livres imprimés et 3000 manuscrits
Pantéléimonos est un monastère russe. C'est le plus grand monastère du mont Athos. Il a été fondé au début du XII è et a été plusieurs détruit par des incendies et invasions de pirates. Il a été reconstruit en 1875. Il y avait 2000 moines en 1917, 60 actuellement. Le katholikon est dédié à St Pantéléimon. Il existe deux autres églises et une chapelle (Alexandre Nevski), Le grand clocher a 33 cloches dont l'une pèse 13 tonnes. 1300 manuscrits grecs, 600 slaves, 20000 livres imprimés. Poutine y est venu en 2005.
des routes sinueuses
le port public de Daphni et le monastère Xeropotamoule petit port a un bureau de poste, un poste de police, un restaurant, des chambres, un poste de douane, pas de moines
Xiropotamou, monastère grec, a été construit au X è, même si la tradition dit qu'il a été fondé en 424. Il est consacré aux 40 martyrs.Simonos Petras. Ce monastère grec a été construit en 1363 par St Simon le Myroblyte sur un rocher à 250 m d'altitude. Il est dédié à la nativité. Il a été incendié en 1580 (tout a été détruit) puis partiellement en 1626 et 1891. Il ne reste que 150 livres imprimés. 60 moines
le port de Simonos Petras
Ossiou Gregoriou : monastère grec du XIV è. Il a été construit dans la deuxième moitié du XIV è par Grégoire. Le katholicon est dédié à St Nicolas. C'est le monastère le plus peuplé : 100 moines, La bibliothèque contient le manuscrit le plus ancien et le plus rare du Mont Athos et deux icônes de la Vierge qui ont résisté à l'incendie de 1761 dont la Vierge Gakalaktotrophoussas (Vierge allaitant)
Il était idiorythmique et maintenant cénobitiquela Vierge allaitant (photo du livre acheté)
un skyte perdu dans la montagne :
Dionysiou est situé à 80 m d'altitude. 2000 livres imprimés et 800 manuscrits. Fondé en 1374
au premier plan Dionysiou et au fond, caché derrière la montagne le monastère Saint-Paul
Agiou Pavlou (Saint-Paul), monastère fondé au X è siècle sur les ruines d'un monument de 337. Il est construit à 140 m d'altitude. Il est dédié à la Présentation du Christ au temple.
Nous sommes presque à l'extrémité de la péninsule (cap Pinnes) et nous faisons demi-tour après avoir admiré le mont Athos. La croisière a été agréable. Parfois, des dauphins accompagnent le bateau, ce ne fut pas le cas cette fois-ci.
un site intéressant : CLIC
De retour à Ouranopolis, nous cherchons un restaurant (déjeuner libre) : salade grecque avec des œufs, du jambon, du fromage pour Guy. Moussaka pour moi. Glace et gâteau au mastic.Le mastic grec est une résine naturelle sécrétée par un arbre, l’arbre à mastic appelé lentisque. Ce produit vient de Chios.une moussaka, pas extraordinaire
:
mais la glace au mastic est excellente :
quelques boutiques :
Nous continuons en bus vers Thessalonique . Repas du soir à l'hôtel (buffet).
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Lundi 2 octobre.
Nous sommes toujours à Kavala. Aujourd'hui, nous partons à 8 heures, avec les valises car le trajet (290 km) nous conduira à Thessalonique. Le ciel est plus ou moins couvert et il fera 27°.
Le soleil est rouge, c'est très beau.
Nous roulons pendant 120 km sur l'autoroute puis sur une route régionale assez étroite et sinueuse, en passant à Stagira, la ville d'Aristote. Après avoir détruit la ville, Philippe II dut la reconstruire pour qu'Aristote accepte de devenir le précepteur d'Alexandre.
Nous arrivons à Ouranopolis ("la ville du ciel" : Ouranos = le Ciel, père de tous les dieux), d'où partent les croisières pour le mont Athos.
La ville se trouve à l'entrée de la péninsule la plus à l'est de la Chalcidique (les trois péninsules ressemblent à trois doigts) : la péninsule du mont Athos, appelée aussi Akté.
Durant la Gigantomachie, le géant Athos aurait lancé un rocher sur Poséidon (ou le contraire ?). Le rocher serait tombé dans la mer Égée et aurait formé la péninsule du Mont Athos.
Les premiers colons sont venus de Chalcis, d'où le nom de Chalcidique.Les Grecs appellent la presqu'île "Agion Oros", la montagne sainte. Elle abrite 20 monastères (17 grecs, un russe, un bulgare, un serbe), on ne peut pas en construire d'autres.
Tous ces monastères sont orthodoxes et masculins. Les moines proviennent de différents pays (Russie, Roumanie, Serbie, Bulgarie, Arménie, France, Grèce) mais ils doivent cependant être tous de nationalité grecque et parler le grec. Actuellement il y a 2000 moines en tout, approximativement, car ils ne sont pas recensés (autrefois il y avait 5000 moines). De nombreux moines sont morts pendant l'épidémie de COVID (embrasser les icônes et refuser le confinement ont sans doute contribué à propager la maladie).couverture du livret acheté sur le bateau :
Au IX è siècle, des ermites fuyant la période iconoclaste, se réfugièrent sur le mont Athos. En 963, le moine Athanase fonda le monastère de la Grande-Laure et les anachorètes dispersés dans la presqu'île se réunirent dans les monastères qui furent construits peu à peu et adoptèrent un mode vie cénobitique (vie en commun) ou idiorythmique (où chacun vit selon son propre rythme et jouit de ses biens personnels). Actuellement, tous les monastères sont cénobitiques. Chaque monastère est dirigé par un higoumène.
Outre les monastères, il y a aussi des skites, kellions, kalyvès, kathismata, ermitages, petites maisons ou cellules, isolées ou réunies en hameaux, d'accès parfois difficile. Les ascètes sont obligés d'escalader la montagne à l'aide d'une corde et d'une poulie. Ils vivent seuls ou en petits groupes dans des conditions plus rudes.quelques skites et petites églises vues lors de la croisière.
La capitale est Karyès où se réunissent les représentants des monastères.
Il existe une hiérarchie entre les monastères : le plus important est le monastère de la Grande-Laure que nous n'avons pas vu car il est du côté est de la péninsule.
La communauté du Mont Athos est une république indépendante, séparée de la Grèce par un mur ou des barbelés de 9 km de long.
Du point de vue politique et administratif, elle dépend du ministère des Affaires étrangères grec et du point de vue canonique, du patriarcat de Constantinople (ont dit qu'ils sont "stavropégiaques")
Les monastères sont classés au patrimoine de l'UNESCO et reçoivent d'importantes sommes d'argent de l'Union Européenne pour la restauration des bâtiments.
Cependant ils n'obéissent pas à certaines règles européennes.
Car la vie n'a pratiquement pas changé depuis la fondation des monastères, à part quelques petits détails comme les téléphones portables, l'électricité... ! Par exemple, la communauté est exempte d'impôts. Certains monastères, comme Vatopediou par exemple, sont très riches et possèdent des biens à l'étranger. Il y a même eu des scandales.
Mais la particularité la plus tenace, c'est que la communauté n'obéit pas à cette règle de l'Union européenne : la parité et l'égalité des sexes.
Cette règle de l'abaton est abolie en Europe mais elle ne le sera jamais sur le mont Athos !
Selon la légende, la Vierge et Jean l'Évangéliste trouvèrent refuge dans un port de la presqu'île. La Vierge entendit Dieu lui dire "Que cet endroit soit ton jardin et ton Paradis, ainsi qu'un havre de paix pour ceux qui cherchent à être sauvés". Et la Vierge demanda à être la seule femme admise sur la presqu'île, considérée comme "le jardin de la Vierge". La règle de l'abaton existe depuis 1045. Il est interdit à tout élément femelle d'y pénétrer : les femmes mais aussi toutes les vertébrées domestiques sauf les chattes (pour chasser les souris) et les poules dont les œufs servent à fabriquer la tempera nécessaire aux icônes.
L'application de la règle a parfois été suspendue, par exemple en 1924 pour Marthe Oulié et Hermine de Saussure, navigatrices, qui ont pu s'abriter de la tempête. Maryse Choisy, écrivaine, et Aliki Diplanakou (Miss Europe) se sont déguisées pour entrer clandestinement. En 2008, un groupe de personnes dont des femmes s'est introduit dans la presqu'île pour protester contre l'abaton. L'accès est également interdit aux mineurs, aux eunuques et aux non-barbus (mais maintenant c'est toléré).
Donc, si vous êtes un homme, vous pouvez y aller (pendant ce temps votre compagne fera les boutiques à Ouranopolis). Il vous faudra cependant vous y prendre à l'avance : 100 orthodoxes par jour et 10 non-orthodoxes sont admis. Il faut aussi demander un laissez-passer (le diamonitirion), le payer et vous aurez droit de rester quatre jours. On doit déclarer combien de jours on compte rester et où on veut aller.Pas de photos à l'intérieur des monastères.
L'entrée se fait uniquement par mer, via le port de Daphni. Les frontières terrestres ne sont jamais franchies sauf pour les travaux de restauration et l'acheminement des provisions, et en contrebande aussi.les bateaux des touristes :
Les moines utilisent le calendrier julien (certaines Églises orthodoxes le font également), en retard de 13 jours par rapport à notre calendrier grégorien. Ainsi, quand nous avons fait cette croisière le long de la presqu'île, nous étions le 2 octobre et les moines étaient le 19 septembre.
Les moines commencent leur journée au coucher du soleil, c'est-à dire que lorsqu'il est 23 heures en Grèce, il est 5 h au mont Athos. Ils dorment 8 h, travaillent 8 h et méditent 8 h. Ils sont peintres sur icônes, menuisiers, jardiniers. Certains s'occupent du ravitaillement car nous en avons vu dans les rues d' Ouranopolis ou pilotant des bateaux à moteur. Ils produisent du vin, de l'huile, des chapelets komoskini.Pendant les repas, les moines ne parlent pas, ils écoutent celui qui lit les Saintes Écritures. Ils consomment du riz, des légumes, des olives, des fruits, jamais de viande, exceptionnellement du poisson. Il y a deux repas par jour.
Les églises ont deux absides où les moines passent une grande partie de la nuit. L'église principale du monastère s'appelle le katholicon. Dans le monastère russe, il y a une vingtaine d'églises en plus du katholicon.
Les peintures murales (il y en a 20 000 m², les plus importantes sont dans la Grande-Laure.) sont intactes car les monastères n'ont jamais été transformés en mosquées. Parfois, plusieurs couches se superposent, ce qui correspond aux restaurations faites par les moines.
Les Grecs (hommes) réservent quelques jours par an pour passer sur le Mont Athos.
En 1997, Thessalonique était sacrée ville culturelle d'Europe. Un grand nombre objets du Mt Athos étaient exposés et les queues pour les admirer étaient immenses.pour écouter les chants des moines : CLIC
Prochain article : les monastères que nous avons vus au cours de la croisière
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Dès l'entrée du musée de Thasos, pas loin du port, et tout au bout d'une rue où quelques boutiques sont encore ouvertes, nous sommes accueillis par un Kouros criophore en marbre de 3,50 m (600 BC). Criophore signifie qu'il porte un bélier pour le sacrifice.
On voit qu'il n'a pas été achevé, sans doute parce qu'il y a une cassure au niveau de l'oreille gauche et du cou. Il a ensuite été divisé en cinq morceaux et utilisé comme matériau de construction dans le mur de terrasse nord-est du sanctuaire d' Apollon Pythien sur l'acropole de Thasos : une sculpture, une fois commencée, appartenait au dieu à qui elle devait être dédiée, et l'enterrer dans les fondations d'un temple ou de ses murs était un moyen de le rendre au dieu. Apollon Pythien, Apollon Archégète (ruines d'Akili), évoquent le voyage des Pariens vers Thasos, envoyés par l'oracle de Delphes.
le musée est bien conçu et on peut voir le kouros depuis le premier étage:
pour les proportions :
métier à tisser ; 3500 à 1100 BC
stèles anthropomorphiques
ce relief a été découvert dans les ruines du sanctuaire d'Apollon. Il a été volé pendant la première guerre mondiale, puis, après être passé dans diverses collections privées, il a été restitué au musée en 2006 :
bas-relief trouvé dans le sanctuaire d'Apollon pythien 680 BC. Des écriteaux à côté du bas-relief nous rappellent l'histoire de la fondation de Thasos et de l'oracle de Delphes : clic
à droite, petites têtes de femmes avec différentes coiffures.
Epinitron : récipient pour protéger les genoux pendant le tissage de la laine V è BC :
cheval ailé, Pégase ? 500 BC. Sanctuaire d'Hercule. Pégase est sorti du cou de la gorgone Méduse, décapitée par Thésée. Aidée de Pégase, Bellérophon réussit à tuer la Chimère :
stèle funéraire avec une femme se regardant dans un miroir. III BC :
relief funéraire représentant un guerrier III BC :
mosaïque représentant des Amours en lutte, au centre d'une mosaïque de se la salle à banquet d'une maison romaine tardive :
statue de Nemesis II AD, Agora
statue de Lucius César, I AD. Agora. Petit-fils d'Auguste. Il n'a pas régné, il est mort à 19 ans. Un temple lui était consacré dans l'Agora. :
statue cuirassée de l'empereur Hadrien. Agora. 130 AD :
détail de la cuirasse : Méduse ?
sphinge archaïque de style dédalique. sanctuaire d'Apollon, milieu VI è BC. La tête (on voit bien la cassure au niveau du cou) On croyait qu'une tête, nommée tête de Vix (du nom de son ancien propriétaire) conservée à Copenhague au Glypotek Carlsberg, était une tête de kouros. Après la découverte à Thasos dans les années 1980 d'un buste de sphinge, on s'est aperçu que tête et buste s'adaptaient parfaitement. La vraie tête est restée à Copenhague et ici, c'est une copie :
tête de Dionysos , fin IV è BC
. monument est du sanctuaire de Dionysos. Les sculptures grecques classiques montrent la perfection des traits du visage. Plus tard, les Romains s'affranchiront de ces règles pour tendre vers davantage de réalisme :
Dionysos et muse vêtue d'un peplos. Début du III è BC. Monument ouest du sanctuaire de Dionysos :
Pan. deuxième moitié du IV è BC. Provenance inconnue :
stèle funéraire de Pancargos ; II è AD. Le mort est représenté sous forme d'un guerrier. En bas : sa femme et son bébé ? J'ai lu sur Internet que cela pouvait préfigurer l'iconographie chrétienne : à droite la Genèse avec le serpent autour de l'arbre, Saint Georges sur le cheval, la Nativité avec une femme et son bébé. :
photo internet :
Alexandre le Grand. Cour du passage des théores. II è AD
stèle funéraire d'un charpentier représentant un banquet . nécropole. II/III è AD :
amphores :
miroirs en bronze bijoux en or, bracelet, flacon à parfum
strigile utilisé par les athlètes pour se nettoyer le corps après l'effort :
support de table avec la figure de Dionysos soutenu par un jeune satyre II è AD :
La sculpture en marbre s'interrompt à Thasos dans le courant du III è AD, peut-être à cause des destructions causées par les raids des Hérules. Plus tard, au V è et VI è siècles AD, la pratique de la sculpture ne se retrouve que dans l'ornementation des églises chrétiennes.
mosaïques à l'extérieur :
je n'ai pas trouvé les références pour les objets suivants :
le paon, symbole de résurrection
pour voir d'autres objets ainsi qu'un texte d'Hippocrate et une phrase de Archiloque, poète et fils de Thlsiclès, le fondateur de Thasos : CLIC sur ce site
Nous nous dirigeons vers l'agora envahie par les herbes. Je perds le groupe de vue ainsi que les explications d'Elena. Les photos ont sans doute été prises depuis le centre de l'agora, peut-être depuis le monument de Théagène, athlète né à Thasos (V è BC). Il était spécialisé en pancacre et pugilat et champion aux Jeux Olympiques et autres jeux. On dit que dans il était petit il avait transporté une très lourde statue de bronze depuis la place publique jusque chez lui. Il fut puni et dut reporter la statue sur la place, ce qu'il fit. Après sa mort, on lui érigea une statue. Un homme qui n'avait jamais réussi à vaincre Théagène fouettait la statue toutes les nuits. Une nuit, la statue s'écroula sur lui et le tua. La famille du mort fit un procès à la statue qui fut condamnée à être jetée à la mer. Peu après, la région connut une grande sécheresse et famine. Les gens consultèrent l'oracle de Delphes qui ordonna de remettre la statue à sa place. La sécheresse disparut. Théagène fut vénéré comme un dieu guérisseur.
maquette de l'agora, présentée au musée de Thasos :
les photos ont peut-être été prises depuis le monument de Théogénès vers le temple de Zeus (?)
CLIC sur le site de Thierry Jamard
En fin d'après-midi, nous reprenons le car pour Kavala.
Repas sur le port au restaurant Apiko, 2, Erithrou Stravou. : poulpe, crevettes, moules, poisson pané, gâteau au chocolat. Délicieux !
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