• Dernier jour en Roumanie, le Palais du Parlement à Bucarest

    Lundi 12 juin

     Nous avons rendez-vous à 11 h avec un guide du Palais du Parlement. Il nous guidera dans un français parfait.

    Dernier jour en Roumanie, le Palais du Parlement à Bucarest

     

    La construction a commencé en 1984 et à l’exécution des Ceaușescu, le palais n’était pas achevé (il le sera en 1996). En 1989, il n’y avait que 60 % achevés. Il devait s’appeler « maison du peuple ». Ceaușescu voulait réunir dans ce bâtiment tous les pouvoirs politiques et administratifs du pays, plus ses logements de fonction, ceux des ministres et les quatre institutions du pays (Présidence de la République, Assemblée nationale, Conseil des Ministres, tribunal suprême). Le toit devait être surmonté d’une flèche et d’une énorme étoile rouge.  Autour du Palais : les bâtiments administratifs et les logements des dignitaires.

     

    En 1990, on ne sait que faire de cet édifice mais il a coûté si cher qu’Ion Illescu décide de l’achever et de l’utiliser : il abrite maintenant la chambre des députés (330 sièges), le Sénat et la Cour Constitutionnelle. Il abrite aussi un musée d’art contemporain (fermé le jour où nous avons visité).

     

     

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    Pour construire ce monstre, il a fallu dégager une superficie de 520 ha (1/5 du centre historique). Il a été construit sur le seul endroit qui n’avait pas été touché par le séisme de 1977. Le problème, c’est que c’était un quartier historique et il a fallu démolir une trentaine d’églises, des synagogues, 10000 maisons art-nouveau ou néo-classiques, des musées, des écoles, reloger 40000 personnes dans des logements insalubres, en béton. La colline voisine qui abritait des sites archéologiques a été rasée.

    Dans "Un brillant avenir", Catherine Cusset écrit (page 117) : " Ceaușescu a rasé tout un quartier pour construire ce palais de mégalomane. Il a détruit des églises baroques qui étaient de petits bijoux, des synagogues, un labyrinthe de ruelles et de maisons anciennes. ne dis jamais que c'es beau. Les gens parlent français, ici."

     

     

     

     Dernier jour en Roumanie, le Palais du Parlement à Bucarest

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    L’entrée coûte 60 lei et nous pouvons prendre des photos. Nous passons par un contrôle très sérieux, montrer son passeport, contrôle du sac, palpation du corps, voyant vert si nous pouvons passer…

     

     

     

    Au début Nicolae Ceaușescu était populaire puis il a fait un décret très impopulaire : interdiction de l’avortement. (un avortement coûtait un mois de salaire)

     

    Après la visite de Nicolae Ceaușescu en Corée du Nord et Chine, son culte de la personnalité explose.

     

    En outre, deux chocs pétroliers entraînent de grosses dettes : 10 milliards de dollars à rembourser.

     

    Tous les produits agricoles étaient exportés, causant pénuries et famines dans le pays qui aboutirent à la Révolution de 1989, déclenchée à Timisoara par l’arrestation d’un prêtre.

     

     

     

    On estime que le Palais du Gouvernement a coûté quatre milliards de dollars, 40 % du PIB sur 5 ans. C’est l’édifice le plus lourd et le plus cher du monde et le deuxième bâtiment administratif au monde après le Pentagone.

     

    Il mesure 270 m sur 240 m et a une hauteur de 86 m. il compte 1100 pièces dont 400 bureaux, 12 étages (8 niveaux au-dessus du sol et 4 en sous-sol). Certaines salles font 2000 m² sur 16 m de hauteur, et même 19 m. Au sol, on compte 45 000 m² soit 360 000 m² en tout. C’est le plus grand édifice en pierre d’Europe. Il a nécessité 20 000 ouvriers et 700 architectes, 3500 tonnes de cristal pour 480 lustres, 200 000 m² de tapis fabriqués par les moniales d’Agapia (monastère que nous avons visité en Bucovine). Ceaușescu voulait utiliser les matériaux de Roumanie. Les ouvriers travaillaient 7 jours sur 7, par tranches de 24 h ! On pense que certains sont enfouis sous le béton.

     

     

     

    Les plans de l’architecte Anca Petrescu prévoyaient des milliers de fenêtres mais peu de portails et d’issues qu’il a fallu construire par la suite. Certaines parties du bâtiment ne sont pas encore terminées. Des tunnels feront correspondre les sous-sols avec l’avenue du 13 septembre.

     

     

     

    Nous montons 40 marches et nous parcourons une première galerie ornée de bronzes, de tableaux, de tapisseries, un véritable musée d’art contemporain. C’est le siège des députés et des sénateurs. Il n’y a pas d’appartements mais des salles de restaurants.

     

    Nous sommes toujours au niveau 0. Les murs sont décorés de tableaux d’artistes des années 1970/80.

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     Sabin Balasa 1932-2008   apothéose 1984

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    sabin Balasa :

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    Sabin Balasa :

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    Nous montons quelques marches. Les couloirs sont très longs (150 m)

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    Salle des conférences internationales, OTAN, francophonie. Les traductions sont simultanées. Les réunions ont lieu 2 à 3 fois par semaine. La salle est décorée dans le style allemand, inspiré par le château de Peleș (visité au début du circuit). Le plafond est doré à la feuille d’or sur stuc. Les rideaux de soie sont faits à Sighisoara et les tapis à Sibiu.

     

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    Salle Nicolae Balcescu, de style grec, décorée de stucs. C’est la salle des séminaires et des colloques, des conférences de presse. C’est la plus petite salle, elle ne fait que 400 m². Les radiateurs sont cachés derrière des grilles.

     

     

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    On revient dans la grande galerie pour gagner l’entrée de l’est (celle du Président). Tapis rouge et double escalier en marbre. Les rideaux sont très lourds (16 m de hauteur), on ne les démonte jamais et on les nettoie à la vapeur.

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    Nous entrons dans la Salle Ovale, de style brâncovan, utilisée pour des réceptions diverses. Le lustre est au cœur du palais. Elle fait 1100 m², le tapis rouge pèse 8 tonnes.

     

     

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    Nous entrons dans une autre salle carrée, sans lumière naturelle, de style oriental. C’est une salle de transition et l’écho y est très bon.

     

     

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    Nous entrons maintenant dans la plus grande pièce : 2200 m², soit trois fois la Galerie des Glaces ! C’est une salle de bal, la plus richement décorée. Ceaușescu voulait y inviter les chefs d’État et son portrait devait être installé sur un côté et celui de sa femme en face. En hauteur cela fait 16 m. Le tapis, en une seule pièce, pèse 3 tonnes. Il est roulé et utilisé peu souvent. La salle s’ouvre sur le parc et la cathédrale de la rédemption, à l’ouest. La verrière du plafond est coulissante.

     

     

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    Nous revenons à l’escalier aux lourds rideaux. On a réduit la hauteur des marches pour que cela soit plus facile pour Ceaușescu qui était de petite taille.

     

     

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    Nous montons 70 marches pour accéder au premier étage. Nous traversons une nouvelle galerie, semblable à celle du bas.

     

    Cette salle est la deuxième salle en dimensions : 2000 m², 19 m de hauteur (la plus haute). Il était prévu d’y signer les traités devant une grande audience, 1200 personnes. Elle n’a jamais été utilisée. Maintenant on y fait des congrès.

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    2000 personnes en tout s’occupent du plais dont 200 pour faire le ménage, ainsi que 200 électriciens et plombiers.

     

    La salle donne sur sur le grand balcon. De là, nous voyons les Champs-Élysées roumains, c’est-à-dire le boulevard Unirii. Au premier plan, ce sont les ministères. En-dessous, la grande entrée par laquelle nous sommes entrés. En 1996, Michael Jackson a fait un discours depuis ce balcon en disant « Hello Budapest » !

     

     

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    Nous redescendons à l’étage 0, avec à nouveau la grande galerie qui porte au sol le symbole du palais.

     

     

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    « Nous avons monté et descendu environ 300 marches, nous dit le guide, et nous n’avons visité que 3 % de la superficie totale en une heure de visite ».

     

    La location des salles et les visites ne couvrent que 40 % des dépenses (ils ont récupéré 2 millions de dollars en 2011 grâce aux visites)

     

     

     

    Le bâtiment a servi de décor pour le film « Amen ». Une décoration a été ajoutée pour les besoins du film et elle est restée.

     

    Une légende urbaine raconte que Trump voulait acheter le palais pour en faire un casino, le plus grand du monde mais son offre a été déclinée.

     

     

     

    Cette visite est intéressante, le bâtiment est froid et inhumain, mais il permet de se rendre compte de la mégalomanie de ce dictateur qui voulait investir des sommes faramineuses pendant que le peuple avait froid et faim et vivait dans des logements insalubres, parfois sans électricité et sans eau.

     

    Ce bâtiment n’était pas la résidence du dictateur. Il habitait avec sa femme Elena et leurs enfants Zoe, Nicu et Valentin, le Palais Primaverii (palais du printemps) construit en 1964. Ceaușescu disait au peuple qu’il vivait modestement mais dans ce palais il avait 80 chambres, une piscine intérieure, une salle de cinéma, un bunker souterrain, des miroirs de Murano, des lustres, de l’or, du marbre, des paons dans le jardin. Depuis quelques années, ce palais est ouvert à la visite.

     

     

     

     

    Nous prenons notre déjeuner au restaurant de l’hôtel, n’ayant pas le courage, comme nos autres compagnons de voyage, de retourner en ville. Nous reprenons le car pour aller à l’aéroport qui se trouve au nord de la capitale. Nous passons devant le monument De Gaulle (surnommé « Le serveur » car De Gaulle tient une sorte de serviette sur le bras!), le lycée français Anne de Noailles (elle était d’origine roumaine).

     

    Notre vol est retardé de 1 h 45 puis de 1 h 15. Nous arrivons à Roissy à minuit...

     

     


  • Commentaires

    2
    Vendredi 22 Septembre 2023 à 09:17

    Merci beaucoup pour la visite du palais. En 1992, je me souviens très bien être passée devant, sur la grande place envahie par des vieilles trabans allant dans tous les sens. On nous disait que le palais avait presque le même volume souterrain qu'aerien, mais cela restait du domaine de la rumeur. Je suis très heureuse de l'avoir visité grâce à toi. Tous les chiffres de grandeur sont impressionnants. Bonne journée!

      • Samedi 23 Septembre 2023 à 10:34

        c'et bien possible que le palais soit comme un iceberg ! mais nous n'avons pas visité les sous-soles. Il faut sans doute une visite plus longue

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