• La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

    25 août 2024. visite guidée réservée auprès de l'office de tourisme de La Ferté-Vidame

     

    La Ferté-Vidame se trouve dans le Thymerais, à l'ouest de la route qui va de Chartres à Dreux ; elle est limitrophe du département de l'Orne.

     

    Avant d'arriver à la grille d'entrée du château, nous longeons un mur qui n'en finit pas. Nous apprendrons que ce mur est celui qui entoure le parc et qu'il mesure 13 km.

     

    Le parc est propriété du Conseil départemental d'Eure-et-Loir et est ouvert au public.

     

     

     Nous retrouvons le guide, Gaël Renaudin, que nous avions pour la visite de la chapelle de Réveillon. Cette fois, il est habillé à la mode du XVIII è siècle. Saint-Simon, c'est lui !

     

     Les grilles de l'entrée et le pavillon saint-Dominique ont été ajoutés par la famille Laurent, fin XIX è. Dans le pavillon saint-Dominique a été installé le musée Saint-Simon.

     

     

     À la fin du XIV è siècle, le domaine est acquis par la famille de Vendôme et le château est reconstruit. Les Vendôme sont vidames de Chartres, d'où le nom donné à la ville. Le dernier vidame de cette famille est François de Vendôme dont une version romancée apparaît dans La princesse de Clèves.

     

    En 1635, le château est vendu à Claude de Rouvroy, comte de Rasse, fait duc de Saint-Simon par Louis XIII. Il se marie en secondes noces avec Charlotte de l'Aubépisne de Châteauneuf-sur-Cher. Louis de Rouvroy est leur quatrième fils, né en 1675 et filleul de Louis XIV et Marie-Thérèse d'Autriche. Ne pas confondre avec un autre Claude de Rouvroy de Saint-Simon (1760-1825), issu d'une autre branche, celle des Sandricourt, et fondateur du saint-simonisme.

     

    Louis de Rouvroy de Saint-Simon (1675-1755) entre dans les mousquetaires gris en 1691. Puis il épouse Marie-Gabrielle de Lorges en 1695. C'est un mariage d'amour. Il œuvre pour organiser le mariage du duc de Berry, petit-fils de Louis XIV, avec la fille du duc d'Orléans. En récompense, sa femme est nommée dame d'honneur de la duchesse de Berry. Les Saint-Simon habitent au château de Versailles et à La Ferté-Vidame. En 1718, le duc fait construire les Communs du château, nommés les "écuries". Ce grand bâtiment, de style Régence, est appelé "le petit château" et servira d(habitation après le saccage du château au moment de la Révolution.

    Louis de Rouvroy de Saint-Simon :

     

    le "petit château" :

     Après la mort du roi, en 1715, le duc de Saint-Simon fait partie du conseil de Régence puis il est nommé ambassadeur en Espagne en 1721 pour conclure le mariage de Louis XV avec la fille de Philippe V d'Espagne qui le fait Grand d'Espagne. À noter que les fiançailles furent rompues. Cet épisode est raconté par Chantal Thomas dans L'échange des princesses (adapté au cinéma).

     

    En 1721, après la mort du Régent, le duc de Saint-Simon quitte la Cour pour son château de La Ferté-Vidame où il continue à écrire ses Mémoires.

     

    Son épouse meurt en 1734, il ne fait jamais son deuil, le jour de la mort de sa femme, il écrit à la page de ses mémoires une ligne de larmes et de croix.

     

    En 1755, il meurt. C'était le second et dernier duc de Saint-Simon car il n'avait pas d'enfants. le domaine passe à sa petite-fille, la Comtesse de Valentinois, épouse de Charles de Monaco.

     

    photo du château avant 1750 (tableau de louis-Nicolas Van Blarenberghe, musée de Boston) wikipédia

     

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

     En 1764, Charles de Monaco vend le château, ainsi que le titre de vidame à Jean Joseph Laborde, richissime banquier, armateur négrier et esclavagiste.

     

    Le château est presque entièrement démoli et reconstruit en trois ans. Il comportait 3 étages, 167 pièces, un salon ovale comme à Vaux-le-Vicomte. Imaginez le nombre de fenêtres ! Il fait installer l'eau courante et chaude.

     

    Le parc de 600 ha est agrandi à 865 ha, plus grand qu'à Versailles.

     

    En 1783, Louis XVI oblige le duc de Penthièvre à lui céder son château de Rambouillet. En contrepartie, le duc exige le château de La Ferté-Vidame que Laborde lui revend à perte (il avait dépensé 14 millions de livres et revendu 5,5 millions de livres. On estime que 6 millions de livres correspondent à 17 millions d'euros) mais y gagne le titre de marquis.

    En 1769, l'abbé Terray (voir le château de La Motte-Tilly), contrôleur général des finances, se débarrasse de Choiseul, protecteur de Laborde. La fortune de Laborde baisse mais il continue à spéculer. Laborde achète alors Méréville, plus petit que La Ferté-Vidame. Il perd deux de ses fils, navigateurs, dans un naufrage en Alaska lors de l'expédition de La Pérouse. Sa fille Natalie, dite "La Petite mouche" (car mariée au duc de Mouchy) était l'une des maîtresses de Chateaubriand. Ex-banquier du roi, agioteur-spéculateur, Laborde sera guillotiné en 1794.

    Laborde a aussi fait construire en ville, notamment les halles. Des rues portent son nom et ceux de ses filles Pauline et Natalie.

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

     À la mort du duc en 1793, le domaine passe à sa fille, la duchesse d'Orléans. Comme elle émigre, ses biens sont confisqués. Le château est vendu en 1798 à un spéculateur, Jean Cardot Villiers, membre de la Bande noire. Il récupère tout ce qu'il peut vendre, portes, fenêtres, cheminées, grilles, boiseries, glaces et abat 15 000 arbres. À la Restauration, la duchesse d'Orléans récupère le château qui passe ensuite, en 1826, à Louis-Philippe, futur Roi des Français. Celui-ci envisage de restaurer le château mais les travaux s'arrêtent en 1848, suite à la Révolution.

     

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

     

    Le domaine passe aux mains de nombreuses personnes, le baron Léon de Dordolot, Charles et Roger Laurent qui s'installent au "Petit château" et chassent à courre. Puis le domaine est vendu à Citroën qui y installe son centre d'essais. En 1945, le Père Courtois y installe un centre de rééducation (où sera incarcérée un temps Violette Nozière).Le domaine est enfin acheté par le département en 1991. De l'époque de Saint-Simon, il ne reste que les ruines du château, les écuries et le parc ouvert au public.

     

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

     Le parc fait l'objet d'une gestion différenciée, on ne tond pas partout en même temps, la flore et la faune sont préservées (criquet sanguinolent, lucane cerf-volant)....

     

    Nous avons apprécié cette visite où flottent les fantômes de Saint-Simon philosophant avec Montesquieu, de Laborde parlant finances avec Choiseul (avant leur disgrâce), d'Alexandre Dumas fier d'avoir tiré cinq chevreuils et deux lièvres qu'il ramena à Paris, "pendus à l'impériale de notre voiture, comme à l'étal d'un boucher" ! Dumas raconte cette chasse ici : CLIC

     

    Les Mémoires de Saint-Simon. Il avait commencé à écrire ses Mémoires en 1694. L'abbé de Rancé, réformateur de l'abbaye de la Trappe, lui donne l'autorisation d'écrire les Mémoires. Il continuera à écrire pendant 40 ans. Les Mémoires comptent 7203 pages manuscrites. Il y raconte les intrigues qui se passent à la Cour, avec des critiques parfois acerbes des courtisans. À sa mort, les Mémoires sont mis sous séquestre et ne paraîtront qu'en 1788 sous forme d'extraits et en 1829 en édition complète.

     Ce qu'il disait de ses contemporains :

     "C'était un panier percé, fou à enfermer, mais plaisant avec de l'esprit des saillies.» (à propos du Comte d'Aubigné, frère de Mme de Maintenon)

    «Monsieur était la plus sotte femme du monde, et Madame le plus sot homme qu'il eût jamais vu.» (à propose de Monsieur, frère du roi et de la Princesse Palatine)

     «Madame de Castries était un quart de femme, une espèce de biscuit manqué, extrêmement petite mais bien prise.» (à propos de la marquise de Castries)

     «Le goût, l'exemple et la faveur du feu roi avaient fait de Paris l'égout des voluptés de toute l'Europe.» (à propos de Louis XIV)

     "L'abjection et la détresse où elle avait longtemps vécu lui avaient rétréci l'esprit, et avili le cœur et les sentiments. Rien n'était si rebutant que cette bassesse jointe à une situation si radieuse, rien n'était (...) si dirimant, comme rien de si dangereux...

     Elle pensait et sentait si fort en petit, en toutes choses qu'elle était toujours plus ou moins en effet que Mme Scarron, et qu'en tout et partout elle se retrouvait telle." (à propos de Mme de Maintenon)

     

    L'église Saint-Nicolas, située en face du château, a été construite en 1659 par Claude de Rouvroy de Saint-Simon, le père de Louis de Saint Simon.

     

    l'église, vue du parc :

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

     Avant, c'était un temple protestant. Pour effacer toute trace de protestantisme, Claude de Saint Simon fit abattre l'église et construire à la place une église de style baroque. Les armes de Saint-Simon étaient gravées sur la façade mais elles ont été bûchées sous la Révolution, il ne reste que la date : 1659.

     

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

     Les cercueils de Louis de Saint-Simon et de sa femme se trouvaient dans l'église mais ils ont été détruits sous la Révolution pour récupérer le plomb et les corps ont été jetés dans une fosse commune derrière l'église.

     

    La Ferté-Vidame, demeure de Saint-Simon puis de Laborde (Eure-et-Loir)

     

     


  • Commentaires

    2
    Samedi 9 Novembre à 17:12

    Chateau fantôme; son histoire est bien racontée. Merci Monique. Et bon WE

      • Samedi 9 Novembre à 17:28

        cela ne manque pas de charme, par beau temps

         Mais il faut prendre la visite guidée

         Pas très loin de chez toi !

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