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Lundi 2 octobre
Nous quittons Khiva pour une longue journée de route jusqu’à Boukhara. Nous faisons la connaissance de notre nouveau chauffeur, Kamol, et de son aide, Botir. Ils nous accompagneront jusqu’à notre départ de Samarcande. Le bus, un Zonda, fabriqué en Chine, appartient à l’agence Sogdatour.
Gayrat profite de cette longue traversée du désert du Kyzyl Koum pour nous parler de l’Ouzbékistan ( l’économie du pays, l’histoire, la vie quotidienne, le service militaire, les élections…). Il nous pose aussi quelques questions sur la France, des questions qui lui ont été posées pour l’obtention de son examen de prof (quelle phrase est écrite sur le tombeau de Napoléon, où pousse la pomme de terre la plus chère au monde, combien y a-t-il de ponts sur la Seine à Paris, quel roi de France a correspondu avec Tamerlan…) et nous lit des poésies de Omar Khayyâm.
Omar Khayyâm était un philosophe, poète, mathématicien, astronome, né en 1048 à Nichapur (actuel Iran). Ses poèmes sont appelés « rubaiyat ». Ce sont des quatrains. Omar Khayyâm est un des personnages de « Samarcande » roman d’Amin Maalouf qui raconte justement une fiction à propos du manuscrit de poèmes.
« Hier est passé, n’y pensons plus
Demain n’est pas là, n’y pensons plus
Pensons aux doux moments de la vie
Ce qui n’est plus, n’y pensons plus »« Elle passe bien vite cette caravane de notre vie
Ne perds rien des doux moments de notre vie
Ne pense pas au lendemain de cette nuit
Prends du vin, il faut saisir les doux moments de notre vie »Autrefois, quand je fréquentais les mosquées,
je n'y prononçais aucune prière,
mais j'en revenais riche d'espoir.
Je vais toujours m'asseoir dans les mosquées,
où l'ombre est propice au sommeil.Nous traversons l’Amou-Daria. Toilettes.
À mi-chemin, nous faisons un arrêt pour déjeuner. C’est le seul restaurant sur cette route, un Bagdad-café en quelque sorte. Chacun reçoit un pique-nique (pain, œuf dur, saucisson, gâteau sec…) et de délicieuses brochettes cuites au barbecue sur des braises de saxaoul (l’arbre du désert).
Un peu plus loin encore, nous faisons un arrêt : pause café et un petit tour dans les broussailles).
Ce n’est qu’après que Gayrat nous dira ce qu’on peut trouver dans ce désert de Kyzyl Koum : des gazelles, des loups, des renards, des tortues de sable, des varans (1,60 m à 2 m), des serpents (le cobra d’Asie centrale, le python d’Asie centrale qui peut atteindre 7 m), des rapaces, des chats du désert. Nous ne verrons aucun de ces animaux.
Photos prises depuis le car. un petit âne tire la charrette
des écoliers nous saluent :
l'école :
les cueilleuses de coton nous saluent aussi :
les montagnes de coton :
la nuit tombe :
Nous arrivons à Boukhara. Notre hôtel se trouve sur la place où se trouve la statue de Nasserin Hodja sur son âne, un bassin, des madrasas. Notre hôtel "Fatima" est d'ailleurs une ancienne madrasa.
notre hôtel :
au premier étage, notre chambre :
chambre monastique, avec wifi quand même :
mais joli restaurant, et bon petit déjeuner, un des meilleurs de Boukhara, paraît-il
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Je me suis servie du livret « Les sables du Kyzyl Koum vous racontent… » de Doniyor Abdurazakov, Jean-Claude Joubert et Qobil Jo’raqulov. Ce n’était pas la meilleure saison pour voir les plantes d’Ouzbékistan qui fleurissent en avril, mai. À cette époque le désert est rouge : les tulipes et les tamaris sont en pleine floraison. Mais c’était une bonne saison pour les fruits.
1 – L’arbuste à soude : son vrai nom est Salsola ritcheri Karel (famille des Salsolacées). Cette plante est appelée « Tcherkez » par les Ouzbeks0 Les racines descendent à près de 12 m de profondeur et les plantes vivent 30 ans. En octobre, les plantes donnent des fruits qui ressemblent à des noix. Les animaux se nourrissent des feuilles, des branches et des fruits. Les feuilles sont utilisées pour fabriquer un colorant jaune pour les tissus. On l’utilise aussi pour fabriquer de la soude (savon et verre) et pour la glaçure appliquée sur les poteries de Richtan.
2 – Le caprier épineux (capparis spinosa) : Les Ouzkeks l’appellent « Kovar » ou « Korul ». Les Oubeks ne consomment pas les câpres et exportent ces boutons floraux.
3 – la férule fétide (Ferula assa foetida) : les Ouzbeks l’appellent « Kovrak ». Ce « mini-Baobab » peut atteindre 1 mètre de haut, et la tige 10 cm de diamètre. Les animaux aiment consommer cette plante (feuilles pour les chevaux et chameaux, fruits pour les moutons). L’expression « être sous la férule de … » signifie être sous l’autorité sévère de quelqu’un, mais la tige de férule est bien légère et cassante pour punir un enfant récalcitrant ou « stimuler » un athlète dans l’Antiquité. C’était peut-être aussi les baguettes utilisées par les philosophes grecs, pour tracer leurs figures sur le sol quand ils enseignaient à l’extérieur, devant la palestre.
4 – le saxaoul, de son vrai nom Haloxydon. Il peut mesurer de 2 m à 9 m. Ses racines peuvent descendre jusqu’à 16 m de profondeur et fixent les sables. Ils protègent les villages contre les tempêtes de sable. Ils peuvent aussi aider à résoudre le problème de l’assèchement de la mer d’Aral. On se sert de ses braises pour les barbecues.
5 – yantoq « il faudra qu’il aille le chercher le chameau s’il veut du yantoq » dit un proverbe ouzbek. De son vrai nom, Alhagi pseudalhagi, cette plante est très appréciée des chameaux, des moutons Karakul et des chèvres. Ses racines servent aussi à fixer les sables.
6 – la rue de Syrie ou Harmal (nom latin : Perganum harmala) est appelée « isriq » en ouzbek. Elle est décrite dans le livre sacré des zoroastriens "avesta ». Des légendes disent qu’elle entre dans la composition de l’élixir de vie éternelle. Elle est utilisée à la porte des maisons ou porter en amulette pour chasser les mauvais esprits et porter chance. La médecine traditionnelle a recours à cette plante pour soigner un grand nombre de maladies. On utilise aussi les graines pour obtenir un colorant rouge ou jaune, selon la préparation.
7 - peut-être un tamaris :
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Après le déjeuner, nous arrivons en vue de l’autre site : Toprak Kala. La veille, au musée de Zoroastre, Gayrat nous avait montré la maquette du site.
C’est une forteresse en terre, construite au l er siècle avant JC pour défendre le royaume de Khorezm des incursions barbares. C’était la capitale de la région jusqu’en 305 ap JC. À l’époque, il y avait entre 450 et 500 personnes. Cette forteresse a subi les assauts des Huns et des Turcs qui ont saccagé les canaux d’irrigation au VIè siècle et elle fut oubliée à partir du VI è siècle. En 1938, des fouilles ont remis à jour le site, ce qui a été trouvé se trouve encore à Saint Petersbourg, au musée de l’Ermitage (peintures murales de roseaux, tigres, danseurs, griffons, statuettes dont une de Niké, la déesse grecque de la Victoire)…. Nous nous promenons sur les ruines de cette forteresse : le palais royal de 350 m sur 500 m avec ses 3 tours de 25 m chacune. Les salles étaient richement décorées (salle des Rois, salle des Victoires, salle des Gardes Noirs).
Emplacement de fresques sur les murs.
Dans les trous, il y avait des statues de Bouddha.
Près de Toprak Kala : un lac salé : le lac Ayazkol :
au retour, à nouveau, l'Amou Daria :
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Dimanche 1 octobre
Aujourd’hui, en Ouzbékistan, c’est la fête des professeurs (remise de diplômes, spectacle, dépôt de fleurs au monument de l’Indépendance à Tachkent…). L’Islam dit « : « Respecte ton professeur encore plus que ton père ».
Le trajet en bus sera long ce jour-là car nous partons vers le nord pour visiter les citadelles du désert : Ayaz Kala et Toprak Kala. Nous passons à Ourguentch, la capitale de la province du Kwarezm (statue de Al-Khwarizmi). Nous traversons l’Amou Daria, qui marque la limite entre la province historique du Kwarezm (Khiva, Ourguentch) et la république autonome du Karakalpakistan, la plus grande région d’Ouzbékistan (capitale : Nukous). L’Amou Daria, 2580 km, prend sa source dans le Pamir et se jette par un delta dans la mer d’Aral, de même que le Syr Daria. Le canal du Karakoum (1300 km) utilise 20% des eaux de l’Amou Daria ce qui a contribué à l’assèchement de la mer d’Aral (culture intensive du coton).
Nous longeons des rangées de maisons, bien alignées. Les toits sont en métal (fer blanc) teint en rouge. Sous le régime soviétique, dans les années 80, ils étaient en fibro-ciment. À l’époque des grands-parents de Gayrat, les toits étaient en bitume mais ce revêtement ne durait qu’un an.
Nous arrivons dans le district d’Élikkalla (république de Karakalpakistan) où se situent les forteresses. Le désert du Kyzyl Koum (sable rouge) est très vaste (300 000 km²). Nous visitons d’abord Ayaz Kala, « la forteresse du vent froid ». Le site se compose de trois forteresses : une forteresse située sur le sommet d’une colline (4 è siècle notre ère), une autre plus tardive (6 è ap JC) et une garnison fortifiée (1 er ap JC). Elles ont été abandonnées au X è siècle. Nous grimpons, ce n’est pas trop difficile, il faut prendre son temps. Du haut de la forteresse appelée Kala 1, nous voyons une plus petite, Kala 2, réservée au chef. Ces forteresses, en terre, semblent bien fragiles pour résister au vent, aux différences de températures, aux touristes.
au loin, le camp de yourtes
Nous redescendons et nous nous dirigeons vers le camp de yourtes où nous prendrons notre repas. Ce n’est pas très confortable, il faut manger à ras-de-terre et je dis à Guy : « Si tu veux manger, tu n’as pas le choix ». Le repas est délicieux et il y a plein de choses à manger : des biscuits, des fruits secs, de la viande de mouton et des frites. En dessert, comme d’habitude : pastèque, melon ou quelque chose de ce genre.
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