Nous reprenons le bus. Grâce à ses fortifications du XIV è et XVI è siècles, la région de Neamt n’a jamais été conquise.

 

Nous nous arrêtons à Tarpesti près de Târgu Neamt, au musée de Nicolaï Popa (1919-2010). La porte est ornée de figures locales, caricaturées, le notaire, l’instituteur, la sorcière toute tordue...La maison se trouve au bout d’une petite allée bordée de sculptures en pierre ou bois qui font un peu penser aux géants de Robert Tatin, sauf que ceux-ci sont tout petits.

 

au milieu la sorcière :

 

l'arbre à pot (j'en ai déjà parlé ici )

 

Nous sommes accueillis par son petit-fils qui nous fait la visite dans un français parfait.

 

 

 

Au cours de ses études à l’école théologique de Piatra Neamt (1934-38), Nicolaï Popa a participé aux recherches archéologiques organisées par son professeur Constantin Matase. Il est fasciné par les civilisations préhistoriques. Il a été emprisonné pendant la période communiste puis consigné à domicile (il a été libéré grâce à des pressions politiques, notamment de François Mitterrand qui admirait son œuvre). Il sculptait sur bois et sur pierre, c’était une sorte de thérapie par l’art. Ses œuvres ont beaucoup plu à l’étranger (engouement pour l’art naïf). Il écrivait aussi des pièces de théâtre.

avec sa femme Elena

 

Guy Popie a contribué à le faire connaître en France. Une expo a été organisée à Paris dans le Marais sous le patronage de Niki de Saint Phalle.

 

 

 

Avec l’argent de ses sculptures, sa femme Elena et lui ont aménagé leur maison en musée. On y trouve ses sculptures mais aussi les objets qu’il collectionnait. Plus de 4000 objets se trouvent dans la maison. Costumes et masques de fêtes, tapis, tableaux d’art naïf, broderies de laine, pièces de monnaie, armes, icônes, instruments de musique, fers à repasser, outils de tous métiers... Les masques et costumes de carnaval sont très importants. En période de carnaval, on pouvait faire n’importe quoi, satiriser les personnages importants.

 

des chaussures à grelots

un drapeau d'annonceur

articles suivants : les broderies et les tableaux d'art naïf du musée Popa

 

Ce musée fut une très belle découverte.

 

 

 

 

 

 

Sur la face nord,

 

au premier registre sous le toit : la Genèse. Comme à Suscevita, les scènes de l’Eden sur sur fond blanc et les personnages sont habillés. Les scènes de la vie sur terre sont sur fond sombre et les personnages sont nus. Le pacte d’Adam avec le diable est une scène apocryphe. Les trois dernières scènes concernent Abel et Caïn. Caïn est habillé comme les bergers moldaves.

 

Abel et Caïn

 

 

Au deuxième registre, c’est l’hymne acathiste et au troisième registre la vie de Saint Antoine. On voit la scène de la levée de chêne qui avait été représentée à Sucevita (façade nord). Le diable avait inventé une machine très lourde pour soulever une feuille de chêne, dans le but de faire rire Saint Antoine qui ne souriait jamais.

 

 

face est

 

 

 

Comme à Suscevita et Moldovita, la face(côté de l’autel) est occupée par la prière de tous les saints qui se dirigent vers le centre de l’abside.

 

le prophète isaïe

 

Nous entrons maintenant dans l’église mais les photos sont interdites.

 

Élie monte au ciel sur son char de feu qui ressemble aux chariots de la région

 

 

dans le naos, un tableau votif représente Étienne le Grand, fondateur du monastère et sa famille.

 

 

 

À la boutique, j’ai acheté un petit livret sur les églises de Bucovine.

 

 

 

 

 

 

Le chef-d’œuvre se trouve sur la face ouest, c’est un monumental Jugement Dernier. En zoom, on voit plein de petits détails amusants.

 

Les peintres ont introduit par ci, par là, des éléments de la vie moldave : instruments de musique, bateau, vêtements...

 

 

Tout en haut, premier registre ; Dieu au centre ; les archanges aux extrémités. Le zodiaque entre Dieu et les archanges.

 

 

Deuxième registre ; au milieu la Déesis : de chaque côté du Christ, la Vierge et saint Jean-Baptiste intercèdent. Sous les pieds du Christ, le Styx s’écoule jusqu’en bas à droite, où trône le Léviathan. Aux extrémités du deuxième registre : les apôtres

 

 

 

Troisième registre : au centre : le trône de l’Hétimasie (le mot signifie préparation). Il symbolise l’attente du retour du Christ. Les clous sont dans le calice.

 

À gauche, les élus ; de gauche à droite : Saint Paul, les anachorètes, les martyrs, les évêques, les prophètes.

 

À droite, de droite à gauche : Moïse ; les Juifs, les Turcs, les Tatars, les Maures avec quelques catholiques et un Arménien (le prince arménien avait imposé des taxes aux marchands étrangers. Les Arméniens avaient le monopole des bougies)

 

 

Mo¨se, les Juifs et les Turcs

les Turcs

les Tatars

les Maures, un Arménien, et Catholiques

 

 

Au quatrième registre : au centre un personnage est jugé. La balance penche du bon côté. Les diables essaient de fausser le résultat en ajoutant des mauvaises actions et en se pesant eux-mêmes mais cela ne sert à rien car ils n’ont pas de poids. Les anges les repoussent avec leur lance.

 

D’autres diables entraînent les pécheurs enchaînés. Un couple : est-ce Adam et Ève ?

 

 

À droite , la déesse de la Terre est entourée de deux anges annonciateurs, ils soufflent dans des bucium, sortes de cors que les bergers roumains utilisent pour appeler les troupeaux Ici, les anges sonnent l’heure du jugement.

 

Les morts sortent des tombes.

 

Les animaux locaux, exotiques, fantastiques apportent les restes des corps humains (sauf le canard, l'éléphant et la biche) pour les restituer.

 

sous le dragon et le serpent, le petit canard

 

Plus bas, la déesse de la mer montée sur un dauphin. Elle tient un bateau, c’est ce genre de bateau qui était utilisé sur les rivières moldaves.

 

à gauche : le paradis :

 

 

À gauche, des moniales, des personnes royaux (peut-être l’empereur Constantin et sa mère Hélène, souvent représentés), des évêques, des ermites.

 

Il y a peut-être là saint Nicolas, saint jean le Nouveau , Daniel Ermite, le métropolite Grigore Rosca, représentés ailleurs dans l’église (mais c’est une idée tout à fait personnelle !)

 

 

Le Styx : au milieu Mehmet II (mort quelques années avant) et Maximien ainsi que quelques iconoclastes dont les noms sont écrits.. Tout en bas, Belzébuth est monté sur le Léviathan. Le Léviathan a Judas dans la gueule droite.

 

 

Judas

 

Au cinquième registre, à gauche, c’est le côté du Paradis

 

 

Sur un fond lumineux et verdoyant, des personnages sont assis. De gauche à droite : les patriarches Abraham, Isaac et Jacob (les deux derniers portent les âmes des justes. Le Bon Larron porte la croix, la Vierge est entourée de deux anges.

 

La porte dorée du Paradis gardée au-dessus par un séraphin rouge. Devant la porte, le défilé des élus conduits par St Pierre qui s’apprête à ouvrir la porte. Il tient Paul par la main. Ils sont suivis de André, Jean, les rois David et Salomon couronnés, Abel et des apôtres.

 

 

Au milieu, c’est la mort de Lazare. Son âme sort de sa bouche sous forme d’un petit personnage blanc. À côté de lui, son ange gardien et le roi David qui joue de la cobza, sorte de luth moldave. Un diable enfonce une épée dans le corps du mauvais riche.

 

 

 

 

 

Mercredi 7 juin

 Journée agréable : petite pluie fine, 21 °

 Nous allons parcourir 190 km, pour aller de la Bucovine à la Transylvanie.

 

Notre première visite est au monastère du Voroneț, la « chapelle Sixtine de l’Orient », « la perle des Carpates » et il mérite bien tous ces superlatifs.

 

Le monastère est encore occupé par des moniales.

 

L’église, dédiée à Saint-Georges, a été construite sous le règne d'Étienne III le Grand en 1488, en 3 mois, 3 semaines et 3 jours, dit-on.  

 

Les fresques ont été réalisées en 1547, sous le règne de Pierre IV Rareș.

 

L’exonarthex a été ajouté en 1547 par le métropolite Grigore Roșca, cousin de piarre Rareș. Il s’ouvre vers le sud, c’est inhabituel mais cela a permis de laisser toute la face ouest à l’immense Jugement dernier.

 

Le chef-d’œuvre se trouve sur la face ouest, c’est un monumental Jugement Dernier (artcile suivant)

 

Sur la face sud, est représenté l’arbre de Jessé sur fond bleu. Un chef-d’œuvre, réalisé sur fond bleu, le fameux bleu de Voroneț, à partir de lapis-lazuli.

 

l'arbre de Jessé :

 

À droite de l’arbre de Jessé, on retrouve les philosophes dont Aristote (en bas), Socrate et Platon qui a toujours un cercueil sur la tête, comme à Moldovița et Suscevița.

 

 

Le reste de la façade sud est occupé par la vie de Saint Nicolas de Myre (270-345) (les trois registres du haut) et la vie de Saint Jean Le Nouveau en dessous. En bas : les métropolites et Saint Georges (voir plus bas)

 

 

Vie de Nicolas :

 

a baptême de Nicolas, il va à l’école, est donné diacre. Dessous : les trois innocents (détails au n° f) Il expulse les démons d’un arbre

 

 

b , suite de la photo précédente : il est nommé évêque, il apparaît en rêve à l’empereur Constantin, il sauve Jean, père de Méthode de la noyade, il exorcise un homme (en blanc), de la bouche de l’homme sort un petit diable noir (cliquez pour mieux voir)

 

 

c il sauve Jean, l’exorcisme, il guérit des lépreux, mort de Nicolas

 

 

d les trois innocents, l’arbre et les démons, il sauve des gens du naufrage, il vainc un démon déguisé en ange, il reçoit les anges de Dieu

 

 

e il sauve Jean de la noyade

 

 

f Nicolas apparaît en rêve à l’empereur Constantin (272-337) pour sauver trois officiers accusés de complot contre l’empereur. Les officiers lui demandent d’arrêter l’exécution. L’exécution est arrêtée.Constantin est le fils d'Hélène, souvent représentés dans les églises orthodoxes.

 

 

g épisode des trois vierges. Il donne trois bourses d’or aux filles d’un homme trop pauvre pour pouvoir les marier et qui voulait les vendre comme esclaves.

 

 

h il chasse les idoles du temple de Diane

 

 

i il chasse les démons d’un arbre

 

 

 

 

Saint Jean le nouveau, marchand grec originaire de Trebizonde, voyageait souvent en bateau. Un jour, des passagers persans avec qui il avait discuté religion, le livrèrent au gouverneur de la ville qui voulut lui faire adorer le soleil. Devant son refus, il fut attaché à un cheval au galop, subit diverses tortures puis décapité en 1310 (ou 1332 ? je ne sais pas). Après sa mort, sa tombe sut profanée. Une colonne de feu tombe du ciel (à droite sur l’image). En 1400, les reliques sont transférées à Suceava (à gauche Alexandre le Bon et son épouse). C’est un saint local qu’on ne trouve qu’en Roumanie et qui énormément vénéré. Les gens passent sous le reliquaire pour être protégés.

CLIC ici 

 

 

la profanation ; à droite la colonne de feu

la translation des reliques

 

sur le contrefort : Saint Georges, patron de l’église, il délivre la princesse de l’attaque du dragon

 

 

les métropolites Grigore Roșca (longue barbe brune) à gauche et Daniel Sihastrul , ermite et conseiller d’Étienne le Grand (le tombeau de Daniel l’Ermite se trouve à l’intérieur)

 

 

Au-dessus de la porte : la Déesis : intercession de la Vierge et de Saint Jean-Baptiste auprès du Christ.

 

 

 

 

Les visites des monastères sont terminées pour aujourd’hui.

Nous sommes de retour à l’hôtel suffisamment tôt pour aller faire un tour à la cathédrale orthodoxe de la Nativité de la mère de Dieu à Gura Humurolui. Récente mais peinte sur la façade ouest : le jugement dernier. On retrouve les éléments habituels : le jugement dernier.

Devant la statue d’Étienne le Grand dont nous avons souvent entendu parler.

les péchés sont indiqués

Etienne le Grand

Repas du soir : à l’hôtel : crudités, purée et viande hachée, crème fouettée, coulis de fruits rouges.